Avec la ville de Paris et Cemex, les feuilles mortes montent sur Seine » : telle est la banderole arborée par la barge qui a transporté, le 9 décembre 2020, les feuilles mortes ramassées dans les rues des arrondissements de l’Est de Paris. Cette barge de 40 m peut habituellement transporter jusqu’à 600 t de granulats. Stationnée depuis le 9 novembre quai de Bercy, au pied des installations de Cemex, elle a reçu 100 t de feuilles mortes destinées au compostage, qu’elle a acheminées jusqu’au site Suez du port de Gennevilliers, évitant ainsi de nombreux allers-retours aux camions de ramassage de la ville de Paris.
« Les petits camions dépotaient sur notre site portuaire, dans des cases dédiées servant de stockage intermédiaire avant chargement à la pelle dans le bateau. Nous n’avons chargé qu’une barge en un mois. Cela aurait pu aller plus vite, mais nous avons été prudents pour qu’il n’y ait pas de raté au cours de ce premier essai, qui s’est globalement bien déroulé », explique Xavier Cazard, directeur de l’activité portuaire de Cemex Matériaux.
Futurs convois de barges ?
La barge en attente de sa cargaison de feuilles mortes n’était pas seule le long des quais du site Cemex de Bercy, qui en accueille généralement deux en permanence : l’une destinée à être chargée de déchets de chantiers à destination de centres de tri, l’autre de déblais à évacuer vers des carrières qu’ils serviront à remblayer. Ponctuellement, y sont aussi déchargées des barges transportant des granulats, afin de stocker ces matériaux sur les quais puisque Cemex n’y pratique pas le stockage flottant de granulats, contrairement à ce qui se fait au pied des centrales à béton du groupe cimentier.
Après les feuilles mortes, Cemex envisage de généraliser ce type d’opération, et a, par exemple, proposé à la ville de Paris un transport similaire, en janvier, pour collecter les sapins de Noël. « La ville n’a pas encore pris sa décision, mais ça peut s’organiser au dernier moment car nous disposons de notre propre flotte et d’un quai dans Paris, ce qui nous permet d’être réactifs. La barge qui les collecterait prendrait place dans un convoi, puisque nous acheminons régulièrement jusqu’à Gennevilliers des déchets de chantier. Les barges pourraient remonter sur Paris chargées de granulats et éviter ainsi tout voyage à vide », souligne Xavier Cazard.
La flotte de Cemex fait déjà pour le compte de la ville de Paris, via le syndicat francilien des déchets Syctom, la collecte des encombrants sur son site portuaire d’Ivry-sur-Seine, aux portes de Paris. Chaque année, 40 000 t de déchets encombrants sont transportées en fluvial jusqu’à Bonneuil-sur-Marne. Le spécialiste des matériaux de construction entend ainsi, en se mettant au service de la ville, montrer l’utilité de sa présence sur les quais de Seine. Une façon, selon Xavier Cazard, d’être un « acteur responsable » en mettant ses moyens à disposition au plus près des intérêts des riverains.
Les moyens de Cemex, ce sont des barges mais aussi des ports répartis dans Paris et sa proche banlieue, où se pratique depuis toujours la logistique fluviale urbaine appliquée aux matériaux de construction. La flotte séquanienne de Cemex est en effet héritière de l’entreprise Morillon-Corvol, qui dès le XIXe siècle transportait du bois, puis du sable sur la Seine. Le quai de Bercy (12e arrondissement) a été mis à contribution pour le ramassage des feuilles mortes en novembre. Celui de Tolbiac (13e) l’avait été en octobre pour l’expérience de logistique urbaine menée par Green Switch Meridian pour l’éco-organisme Valdelia. Les sites de l’Ouest et du Nord de Paris pourraient l’être aussi à l’avenir, puisque Cemex entend poursuivre dans la veine de la logistique urbaine de la distribution de colis et de la collecte de déchets, non plus en participant à des essais mais en répondant à de futurs appels d’offres.