Des premiers tests en 2017
Pour mieux comprendre l’opération de juin 2019, il faut remonter un peu le temps. Emmanuel Barat, président directeur général d’As Energy a rappelé : « Cela fait plus de deux ans que nous étudions les avantages du GTL et la possibilité de développer l’utilisation de ce carburant dans le transport fluvial français. Pour nous, il s’agit d’une question de santé publique ». Les premiers essais de GTL datent de 2017 à Strasbourg par la compagnie de bateaux-promenade Batorama dont toutes les unités fonctionnent désormais au GTL. Toujours en 2017, la compagnie des Bateaux Mouches a expérimenté le GTL pendant plusieurs semaines pour l’un de ses bateaux. Les résultats de ces expérimentations ont été positifs tout comme l’accueil des compagnies de la filière du tourisme fluvial, ce qui a conforté AS Energy dans son projet de construire une solution pérenne de distribution de GTL à Paris. Pour faire aboutir ce projet, AS Energy a travaillé avec Voies navigables de France, la direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement d’Ile-de-France, le ministère de la transition écologique et solidaire.{{IMG:1}}
Un effort collectif des compagnies
L’accueil positif du GTL par les compagnies de la filière du tourisme fluvial et la substitution progressive de ce carburant de synthèse au GNR marque la volonté de ces acteurs de prendre le virage de la transition énergétique et écologique. Alors que le GTL coûte environ 10 centimes d’euros plus cher au litre que le GNR. « Plusieurs compagnies majeures ont annoncé leur basculement dès cette année, a souligné le Comité des armateurs fluviaux. Les plus grandes flottes de bateaux promenade à Paris substituent progressivement le GTL au GNR pour atteindre 50 % des volumes dans les 12 mois. Il s’agit là d’un geste fort et concret de la part de la profession fluviale qui décline la mise en œuvre de sa stratégie de verdissement » (voir notre article).
Aux côtés de CroisiEurope, la compagnie des Bateaux Mouches compte utiliser le GTL pour l’ensemble de sa flotte. Il en va de même pour le service de navettes fluviales Batobus et pour la compagnie des Bateaux Parisiens. Pour Emmanuel Barrat : « Les échanges menées avec l’ensemble des professionnels du tourisme fluvial inscrivent l’utilisation du GTL dans un effort collectif de la filière pour améliorer son impact environnemental ». Le GTL offre une solution immédiate à la problématique du « verdissement » de la flotte fluviale actuelle, avant la réalisation, à plus long terme, d’un programme de renouvellement de celle-ci.
Une chaîne d’approvisionnement complète
Les engagements des compagnies parisiennes, dans la suite des actions de celles basées à Strasbourg, à Lyon et à Annecy, ont conduit AS Energy à décider de bâtir une chaîne d’approvisionnement « raisonnée et durable du GTL sur la Seine et, au-delà, sur les autres voies navigables françaises ». Dans un premier temps, sur le bief parisien de Suresnes à Alfortville, la livraison du GTL est assurée par un avitailleur fluvial, l’Eseve dont la capacité est de 100 m3 (voir notre article).
AS Energy prévoit de positionner un réservoir intermédiaire de GTL en Ile-de-France en convertissant l’une de ses unités en stockage flottant. « D’ici la fin 2019, le GTL pourra faire intégralement l’objet d’une logistique par la voie d’eau, utilisant le transport maritime en approvisionnement et le transport fluvial pour la livraison finale », a assuré AS Energy.
Le Gas to Liquid (GTL) est un carburant de synthèse produit à partir du gaz naturel, ce qui signifie qu’il fait partie des carburants fossiles. Toutefois, le GTL présente un indice de cétane élevé et un meilleur pouvoir calorifique que le gazole standard produit à partir de pétrole brut. Il est dépourvu de composants comme le soufre, les métaux et les aromatiques. Il ne produit ni fumée, ni odeur. Il est miscible dans l’eau, « rapidement biodégradable », non toxique pour la faune et la flore.
Son utilisation permet de réduire significativement les émissions de polluants atmosphériques que sont le CO2, les oxydes d’azote (NOx) et les particules fines (PM). Selon une étude néerlandaise, réalisée en 2013 sur deux bateaux de 110 et 130 m, avec le GTL, les NOx ont diminué de 8 à 13 %, les PM de 16 à 60 %, le CO2 jusqu’à 11 % par rapport à l’utilisation du gazole non routier (GNR).
Il constitue un carburant de transition et de substitution au gazole non routier pour la navigation intérieure, en attendant la mise au point au point d’autres solutions totalement décarbonées.
Tous ces avantages ont un coût : le GTL coûte environ 10 centimes d’euro de plus, au litre, que le GNR.