Il ajoute que ce secteur a connu au cours des décennies écoulées une très forte expansion dont l’une des conséquences est que les opérateurs ont eu du mal à trouver du personnel sur le marché du travail local. Ils font appel à du personnel en provenance d’Europe de l’Est et d’Asie, « qui ne maîtrise souvent que faiblement les langues utilisées dans la navigation intérieure ouest-européenne ». à bord du Viking Idun, le capitaine était serbe, ses collègues directs ukrainien, bulgare ou croate. Les deux officiers principaux avaient une longue expérience du transport de passagers, mais principalement sur le Danube.
Qualifié ne signifie pas compétent
Le Viking Idun répondait aux qualifications requises et son équipage disposait, sur papier, de tous les certificats demandés lui permettant de naviguer aux Pays-Bas, indique le rapport mais ajoutant : « Ces exigences légales ne sont pas toujours suffisantes ».
L’équipage avait une connaissance trop faible de l’Escaut, zone de navigation complexe avec son trafic très intense, son interaction entre unités maritimes, fluviales et de plaisance, ses chenaux de navigation étroits et ses bancs de sables, ses marées et courants.
Le capitaine, qui n’avait jamais navigué sur l’Escaut occidental, n’avait pas avec lui sur le pont son assistant le plus familiarisé avec cette zone et avait décidé de ne pas faire appel à un pilote. Du fait de la maîtrise insuffisante de l’anglais par le personnel du bateau de croisière, la communication avec le centre de gestion du trafic sur l’Escaut n’a pas toujours été correctement comprise.
Si la qualification professionnelle théorique du personnel navigant n’est pas mise en cause, son aptitude pratique à faire face à une situation telle que celle qui a conduit à l’accident et à naviguer dans cette zone à risque laissait clairement à désirer, affirme le rapport : « Dans le cas présent, qualifié ne signifiait pas la même chose que compétent ». Le document regrette que des exigences additionnelles concernant l’expérience et les compétences des équipages ne soient pas, « comme sur le Rhin », d’application sur l’Escaut.
Selon le rapport, il faut améliorer la sécurité dans les croisières fluviales, renforcer le contrôle du secteur, étudier de façon structurelle les accidents et les incidents avec des bateaux de croisière, formuler des normes de compétence plus sévères pour les équipages dans la zone de l’Escaut.
Le rapport recommande que les armements veillent à une formation plus ciblée de leur personnel navigant, à une meilleure connaissance des langues et des routes empruntées, à la présence sur le pont d’une équipe qualifiée et formée. Ils doivent aussi vérifier périodiquement les compétences de leur personnel.