Décidément Traxens multiplie les contrats aussi bien dans le maritime que dans le ferroviaire. Au lendemain, de l’annonce de l’entrée de Maersk à son capital, aux côtés de CMA CGM et de MSC, assortie de 150 000 boîtiers connectés à livrer pour équiper les conteneurs des trois armateurs, Traxens franchit également un pas décisif dans le transport ferroviaire. Sa solution de suivi des wagons a conquis CFL Multimodal qui annonce un déploiement sur son nouveau train combiné qui relie Bettembourg-Dudelange à Qingbaijiang International Railway Port.
La collaboration entre les deux partenaires a débuté fin 2018 par un projet pilote portant sur l’équipement des dispositifs IoT sur quelques wagons plats circulant en Europe. Au terme de cet essai concluant, l’opérateur a élargi ses tests à 20 wagons desservant d’autres destinations européennes début 2019. Quelques semaines plus tard, en avril, CFL décidait d’embarquer les boîtiers connectés sur les wagons circulant sur la nouvelle route de la soie, reliant la Chine à l’Europe.
« La digitalisation de la chaîne logistique est devenue inévitable. Traxens est en passe de devenir un leader en imposant un standard sur un marché estimé à 40 milliards de dollars par an, selon le cabinet Gartner », se réjouit Michel Fallah, pdg de Traxens. Son boîtier, qui transmet des données en temps réel, s’installe sur le site du client, dans les terminaux ferroviaires ou dans les ateliers. Il peut être adapté à tout type de wagon. « Nous sommes ravis que, suite à notre projet pilote, CFL Multimodal ait choisi d’élargir son utilisation à ses opérations de fret ferroviaire en Chine, a commenté Florence Delalande, directrice de la business unit Rail chez Traxens. Cela montre tout le potentiel de notre technologie pour le marché́ du fret ferroviaire et intermodal, alors que l’industrie des transports poursuit sa transformation numérique ».
Grâce à la géolocalisation et à la surveillance du kilométrage, la « Traxens Box » rend le wagon intelligent. « La solution de fret ferroviaire de Traxens est un atout pour nos opérations car elle permet la surveillance des actifs et de leur environnement, ce qui améliore grandement notre efficacité́ opérationnelle », complète le directeur de l’innovation chez CFL Multimodal, Marc Valette.
Rationaliser les opérations de préparation des trains
Dans le cadre de sa stratégie de numérisation, CFL Multimodal entend rationaliser ses opérations de préparation des trains grâce à l’automatisation et notamment le test de freinage digital. Selon Traxens, ce système de test présente plusieurs bénéfices au premier rang desquels un gain de 30 minutes sur les process de réaffectation pour optimiser le chargement, le suivi continu du système de freinage avec des alertes en temps réel envoyées au conducteur du train, une amélioration des conditions de travail et de la sécurité́ des opérateurs d’aiguillage et des agents en gare en charge des tests de freinage. Le système peut être utilisé par le conducteur du train seul au lieu de mobiliser deux agents. Sur le long terme, Traxens nourrit l’ambition de parvenir à interconnecter les systèmes des différents opérateurs pour améliorer l’interopérabilité́.
« La technologie utilisée par Traxens, qui permet l’interconnexion locale de plusieurs dispositifs sans fil, ouvre de nouvelles possibilités pour la surveillance de la composition des trains et la surveillance de leur état. C’est une opportunité́ d’améliorer nos opérations et l’efficacité́ de nos services. Cela va permettre de connecter différents éléments de l’écosystème ferroviaire à l’avenir, tout en fournissant des informations transparentes et précises, et en améliorant la qualité́ de service et l’information des clients », complète Marc Valette.
L’année dernière, Traxens s’était lancé dans le ferroviaire aux côtés de la SNCF. En collaboration avec SNCF Logistics, Traxens a développé́ des services appliqués au ferroviaire : géolocalisation, notifications à l’arrivée, surveillance des marchandises transportées, gestion des wagons, maintenance prédictive...
Traxens, fondée en 2012 à Marseille par Michel Fallah, est en passe de signer un nouveau tour de table capitalistique à la faveur de l’arrivée du numéro un mondial de la ligne maritime conteneurisée. CMA CGM et MSC devraient céder une partie de leurs actions à Maersk de manière à ce que les trois armateurs détiennent entre 40 et 45 % des parts de la société qui emploie désormais 127 personnes à Marseille.
De nouveaux développements capitalistiques devraient intervenir dans les prochaines semaines. Par ailleurs, Traxens, non contente de s’attaquer au monde du transport, s’invite également chez les chargeurs en développant une offre spécifique baptisée « Supply Chain Diagnostic ». Depuis six mois, l’entreprise s’est rapprochée des 500 premiers chargeurs mondiaux. « Nous proposons à chaque chargeur de suivre le cycle de transport de 200 à 500 conteneurs dans le monde depuis deux à trois points d’origine », explique Michel Fallah qui s’est donné deux ans pour généraliser son dispositif auprès des chargeurs.