Au port de Lyon, gérer les projets et préparer l’avenir

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À Lyon-Edouard Herriot comme dans les autres plates-formes portuaires, la CNR conduit des projets de développement et d’implantation d’entreprises tout en préparant l’avenir avec un schéma directeur 2030-2050 avec plusieurs partenaires.

Dans son rapport annuel pour l’année 2019, publié mi-juillet 2020, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) fournit les chiffres clés du trafic enregistrés sur le fleuve dont la gestion lui est confiée dans le cadre de la concession avec l’État. Sur les 470 km du Rhône géré par la CNR, en 2019, le tonnage transporté a atteint 4,4 millions de tonnes (-1 %), 1,12 milliard de tkm (+6,9 %). Le nombre des passagers transportés en 2019 a été de 208 670 (+5,2 %) « à bord de paquebots de croisière ». Sur cette partie tourisme, un commentaire relève : « Les croisières fluviales ont enregistré un regain d’activité attendu, de nouveaux bateaux ayant rejoint le Rhône ».

En 2019, les conteneurs ont représenté 84 335 EVP (+8,6 %). À leur propos, un commentaire précise : « La concertation organisée par le Grand port maritime de Marseille (GPMM) avec les acteurs fluviaux a permis un meilleur partage des problématiques et contribué au redémarrage du transport de conteneurs entre Fos et Lyon. Le trafic a augmenté en 2019 poursuivant la tendance amorcée à l’été 2018. Sur le Rhône, le fret se partage de façon équilibrée entre les flux import-export qui transitent par le GPMM (48 % des tonnages) et le trafic domestique effectué entre les ports fluviaux (52 %) ».

Sur le Rhône, l’année 2020 a été marquée par les mouvements sociaux liés à la réforme des retraites dans les GPM dont celui de Marseille, par l’accident à l’écluse de Salaise-Sablons, par la crise sanitaire, et ces trois événements successifs ont des conséquences sur le trafic fluvial. « D’après les données du Centre de gestion et de navigation (CGN), le tonnage avait déjà connu une chute de 24,4 % en février (-21,2 % d’EVP) avant un effondrement de 70 % en mars (-73,7 % d’EVP) lié aussi à la fermeture de l’écluse », indique la CNR qui table sur une baisse de 25 % du trafic de conteneurs sur 2020. « Ce sera une très mauvaise année, du même niveau que celle de 2011 où 67 355 EVP avaient transité sur le Rhône ».

Pascal Richard, responsable du département infrastructures portuaires à la CNR résume : « 2019 a été une source de satisfaction après des années de travaux pour un meilleur report modal sur le Rhône avec le GPMM. Des projets ont aussi avancé. 2020, c’est nettement plus compliqué, voire catastrophique ».

Nouveau portique à Lyon

Parmi les projets en 2019, l’installation d’un nouveau portique a été réalisée et la mise en service effective en juin sur le terminal à conteneurs numéro 2 (T2) du port de Lyon-Edouard Herriot, un investissement de 4,5 millions d’euros, totalement pris en charge par la CNR. Cet équipement optimise le temps de chargement et de déchargement des conteneurs et sécurise ces opérations. Il doit permettre d’accompagner le développement du trafic fluvial de marchandises sur le Rhône et favoriser leur acheminement au plus près des consommateurs.

Les travaux pour la réalisation de la « station multi-énergies vertes » à l’entrée du port de Lyon ont débuté. Également appelée « quai des énergies », la station est équipée de six bornes de recharge : deux pour l’hydrogène vert, fabriqué sur place via un électrolyseur à partir d’eau et d’électricité 100 % renouvelable, deux pour l’électricité dont une ultra-rapide permettant des recharges en quinze minutes, deux pour le gaz naturel vert comprimé (bioGNC). Elle sera mise en service d’ici la fin 2020 et permettra à des véhicules (voitures, utilitaires, poids lourds, bus…) de venir s’avitailler.

En juillet 2019, de manière symbolique, la première pierre du futur hôtel logistique a été posée suite à la désignation du groupement, composé de Lyon Parc Auto (LPA), avec Poste Immo, le groupe SERL et la Banque des territoires, retenu pour ce projet à l’issue de l’appel d’offres. Parmi les activités de cet hôtel logistique : réception, tri, crossdock, distribution du dernier kilomètre, préparation de commandes et de tournées, réserves déportées pour les commerçants et les artisans, solutions intégrées pour les flux du e-commerce, massification amont, distribution urbaine fluviale, reverse logistique, etc. Il représente un investissement de 40 millions d’euros. Il vise à rendre plus durable l’approvisionnement de l’agglomération lyonnaise en biens de consommation, à favoriser l’optimisation et la mutualisation des flux de livraison en ville, avec des véhicules propres. Il contribuera à réduire la congestion routière, la pollution de l’air et les nuisances sonores, à respecter la zone à faibles émissions (ZFE) du cœur de l’agglomération.

« Le projet avance même s’il est très complexe. Le groupement a déposé en juillet 2020 le permis de construire qui est donc en cours d’instruction. Du côté de la CNR, nous avons avancé sur le plan de gestion pour la dépollution des sols et abouti à un accord avec le groupement », explique Pascal Richard. Le responsable indique également que suite aux élections municipales, les nouveaux élus prennent connaissance des dossiers dont fait partie celui d’hôtel logistique. Une visite du port de Lyon par le nouveau président de la métropole doit avoir lieu en octobre « C’est un projet qui va dans le bon sens des défis à relever actuellement, en optimisant les flux, les moyens pour les colis de messagerie, avec des véhicules adaptés en taille à la ville et respectueux de l’environnement en fonctionnant avec des énergies comme l’électricité ou l’hydrogène », estime Pascal Richard. L’ouverture du bâtiment de l’hôtel logistique d’une surface de 28 000 m2 est prévue pour février 2023.

Schéma directeur 2030-2050

Annoncé lors des 80 ans du port de Lyon en 2018, le schéma directeur pour l’avenir de cette infrastructure d’ici 2030 et 2050 compte de grandes orientations qui se déclinent en actions concrètes. Avec les défis des transitions écologique et énergétique, il s’agit de poser les enjeux en matière d’investissements et de projets pour que le port reste compétitif et utile à l’économie du territoire. Il devrait être adopté en 2020 dans le cadre d’une démarche collaborative initiée par l’État, réunissant la région Auvergne-Rhône-Alpes, la métropole, les villes de Lyon et de Saint-Fons, VNF et CNR, précise le rapport annuel. « Il y a une charte qui précise comment fonctionne la gouvernance entre les différentes parties. Il y a un comité technique qui se réunit régulièrement. Un comité de pilotage doit être mis en place. Tout ce qui se passe au port de Lyon est discuté dans le cadre de cette gouvernance », dit Pascal Richard.

L’une des grandes orientations du schéma directeur 2030-2050 concerne les aspects énergétiques, par exemple : gérer l’avenir des trois dépôts pétroliers installés dans le port de Lyon, accueillir de nouvelles énergies. « Le quai des énergies est l’une des actions et une première étape. Nous savons que les 80 kg d’hydrogène vert produits vont être consommés très vite. L’étape d’après sera de produire davantage d’hydrogène et dans d’autres lieux, en prévision aussi de bateaux qui utiliseront cette énergie ».

Intégrer le port dans la ville

Une autre orientation porte sur le développement d’une économie circulaire. Dans ce cadre, il y a l’installation sur la zone industrielle et portuaire (ZIP) de Loire-sur-Rhône (gérée par la CNR) d’une plate-forme de valorisation de mâchefers issus de l’incinérateur de Lyon Sud/Gerland situé dans le port de Lyon. Le groupe de Combronde prévoit des transports de mâchefers par barges entre le port de Lyon et la ZIP de Loire-sur-Rhône. Les flux sortants pourront utiliser les voies routières ou fluviale ou encore le rail via la voie ferrée située en bordure de la plate-forme. Un autre projet est l’implantation d’une entreprise de recyclage de déchets du BTP sur la zone industrielle Mondragon-Le Millénaire situé au bord du Rhône avec des aller-retour par voie fluviale avec Lyon et des pré et post-acheminements routiers. Le démarrage est prévu pour 2022. À partir de septembre 2020, les travaux vont démarrer sur le site industriel et portuaire de Solaize-Serezin-Ternay où la société Solvalor installe une activité de traitement et de valorisation de terres et de sédiments avec un trafic prévu de 50 000 tonnes par la voie d’eau.

« Port de Lyon/Grand Lyon, métropole portuaire » constitue une autre orientation du schéma directeur : il s’agit ici de favoriser l’intégration du port dans la ville. « On va travailler sur l’insertion paysagère du port de Lyon en lien avec ce que réalise la métropole, par exemple, sur le boulevard Tony Garnier, en pleine transformation et dans la suite d’un projet en cours d’achèvement, les Jardins du lou, du côté du stade Gerland. L’idée est que les autres projets de rénovation sur ce boulevard peuvent se faire avec nous », détaille le responsable. La réflexion porte notamment sur les entrées du port de Lyon, celle de Gerland pourrait à l’avenir perdre en importance, tandis que pour celle du côté de Saint-Fons, connectée directement à l’autoroute, l’idée serait d’améliorer la fluidité en ajoutant un rond-point par exemple.

Pour mieux faire connaître le port et ses activités aux habitants, la solution d’un « Port Center » est envisagée. « Nous avons formé des guides pour les visites du public dans les centrales électriques de Bollène et Génissiat. Avec les Bateaux lyonnais, nous avons fait des tests de visite du port. Nous avons beaucoup de sollicitations pour cela, de la part d’écoles, de lycées, d’associations, etc. Nous souhaitons parvenir à en proposer dès 2021 en faisant en sorte que cela reste abordable, fidèle à ce qui se passe dans le port, avec des guides formés ».

La transition numérique, « le port, un hub intermodal », est une autre orientation du schéma directeur 2030-2050. Il faut rappeler que la CNR a participé au financement d’une plate-forme numérique pilote au service de la chaîne de transport, qui a été testée avec succès. Impulsée par la délégation interministérielle à l’axe Méditerranée-Rhône-Saône, cette expérimentation de Blockchain a été coordonnée par le Grand port maritime de Marseille. Elle vise à la dématérialisation des procédures import-export, favorise l’échange d’informations entre tous les acteurs de la chaîne de transport. Elle améliore la traçabilité du fret et concourt à la fluidité, à la sûreté et à la compétitivité de l’acheminement intermodal des marchandises sur l’axe Rhône-Saône.

Pascal Richard conclut : « Nous conduisons beaucoup de projets d’implantation d’entreprises, de développement des activités industrielles, portuaires. Nous sommes convaincus que le fluvial et le ferroviaire sont complémentaires pour aller chercher des parts de marché par rapport au transport routier de marchandises. Il y a les infrastructures, les disponibilités. La CNR est un facilitateur pour développer les trafics. Nous nous battons aux côtés de tous les acteurs pour que tout progresse ».

Un décret du Conseil d’État en 2021 pour la prolongation de la concession

La prolongation de la concession du Rhône à la CNR par l’État suit son cours. L’échéance actuelle de la concession est fixée au 31 décembre 2023, l’État veut la prolonger de 18 années supplémentaires, dans une logique de poursuite du fonctionnement actuel, avec des ajouts qui s’inscrivent dans la continuité des trois missions historiques (production d’hydroélectricité, navigation, irrigation). Les revenus de la première mission financent les deux autres. Les ajouts concernent une extension du périmètre concédé, en intégrant plusieurs tronçons et ouvrages aujourd’hui administrés par d’autres opérateurs, des missions d’intérêt général renforcées sur les territoires et déployées via des plans pluriannuels avec des engagements de 160 M€ par période de cinq ans, un programme d’études et de travaux supplémentaires d’un montant de 500 M€. La concertation préalable du public a eu lieu d’avril à juin 2019, le garant de la CNDP a remis son rapport en juillet auquel a répondu l’État en septembre. L’Autorité environnementale a rendu un avis en juillet 2020 auquel doit répondre l’État à l’automne. Une nouvelle période de consultation des parties intéressées et du public s’ouvrira ensuite par voie numérique d’ici la fin 2020. La saisine du Conseil d’État est prévue en janvier 2021 et l’approbation de l’avenant au contrat de concession par un décret en cette institution est fixée au printemps 2021.

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