Dans le port du Havre, le traitement de déchets dangereux par Semedi/Sedibex a abouti à la mise en place d’un réseau de chaleur en 1977 et qui continue à se développer.
«En 1975, les autorités préfectorales, constatant une absence totale de gestion des déchets dangereux, ont mis en demeure les industriels d’organiser leur traitement afin de réduire les nuisances pour l’environnement et les toxicités pour la santé humaine », rappelle Michel Capitaine, président de la Semedi. Il s’agit des déchets dangereux ultimes de la chimie et de la pétrochimie et qui ne sont plus utilisables dans la production industrielle. Un groupe de travail a été constitué et a préconisé la création d’une société d’économie mixte (Sem) associant les industriels, les départements, la CCI, la CDC et le port du Havre (qui s’est ensuite retiré) pour organiser le traitement des déchets dangereux.
La Semedi est née pour porter et partager le risque de l’activité. L’usine avec sa première ligne d’incinération est entrée en activité en 1977. Pour les gaz chaud en sortie, qui doivent être refroidis, une chaudière a été prévue pour produire de la vapeur qui est renvoyée à un industriel pour s’en servir comme énergie. « C’est ainsi que s’est mis en place un premier circuit de vapeur, une première réalisation d’écologie industrielle au Havre. Le système est d’une efficacité assez exceptionnelle, innovant et le résultat d’un partenariat exemplaire entre les acteurs publics et privés », souligne Michel Capitaine. Sedibex est l’exploitant de Semedi depuis plus de 40 ans.
« La situation aujourd’hui est que le système est gagant-gagnant pour tous les partenaires, précise Michel Capitaine. Les industriels ont su mettre en place ensemble une solution de traitement de leurs déchets dangereux et bénéficient de tarifs très attractifs, l’usine étant la propriété de la Semedi. C’est un apport de compétitivité pour les industriels locaux ». Le territoire est gagnant car l’usine assure le traitement des déchets dangereux en provenance de toute la Normandie pour un coût égal à zéro. « Il est donc possible de dire que sur l’aval de l’axe Seine, un pôle de traitement des déchets dangereux est à disposition. La zone portuaire dispose d’une infrastructure que d’autres n’ont pas, c’est un facteur d’attractivité pour favoriser l’implantation de nouvelles industries ».
Un système gagnant-gagnant
Pour la Sedibex, c’est la maîtrise de savoir-faire et de technologies toujours à la pointe, en faisant partie du groupe Véolia, des installations au plus niveau sur le plan environnemental.
Au cours des années, des lignes d’incinération ont été ajoutées et le réseau de distribution de vapeur s’est développé. De 5 lignes actuellement, un projet est en cours de réalisation pour passer à 8 en 2020.
L’évolution de Synerzip-LH
Le port du Havre et les entreprises de la zone industrialo-portuaire développent des relations de coopération, notamment dans le cadre de l’association Synerzip-LH qui s’est vu confier une nouvelle mission pour favoriser le développement économique tout en promouvant l’émergence de pratiques collaboratives.
« Concrètement, cela signifie travailler sur la mutualisation des services : énergies, matières, vapeur, déchets, mobilités des salariés, formation, matériel de sécurité, etc. », explique Bruno Petat qui s’est vu confié cette mission de 3 ans il y a environ 6 mois. Il s’agit aussi de faciliter l’implantation de nouvelles entreprises ou de rechercher du foncier disponible. Une cartographie des flux est un travail qui devrait être conduit.
Parmi les projets envisagés : l’installation de panneaux photovoltaïques, d’un réseau de chaleur dans la partie ouest du port (Semedi/Sedibex est à l’est). Une réflexion est en cours à l’échelle de l’axe Seine sur la mise en place d’une filière batterie, d’une offre de gaz naturel (GNC/GNV) pour des véhicules terrestres mais aussi l’avitaillement des barges. L’hydrogène n’est pas oublié mais le projet concerne plutôt Rouen et Port Jérôme.