L’électrification des quais, l’accueil des navires fonctionnant au gaz naturel liquéfié, deux sujets en lien avec la transition énergétique et environnementale, font aussi partie des projets en cours au port du Havre.
Au Havre, comme dans d’autres ports, la transition énergétique est un sujet sur lequel on se penche sérieusement. Conscient des enjeux environnementaux, Haropa-Port du Havre réfléchit à électrifier un certain nombre de ses quais pour lutter contre la pollution atmosphérique des navires en escale. L’accueil des prochains navires fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL), notamment les porte-conteneurs nouvelle génération, constitue un autre défi.
Les cheminées de navires émettent trois types de polluants : des oxydes de soufre et d’azote, des particules fines. Pour Pascal Galichon, directeur de l’environnement et de la planification à Haropa-Port du Havre : « On peut dire que la qualité de l’air en Méditerranée n’est pas comparable à celle de la zone Manche-mer du Nord-Baltique. Notre périmètre se situe en zone de réductions des émissions de soufre, dite zone Seca. Les navires sont équipés de scrubbers, un système qui filtre et lave les fumées d’échappement. Autre différence, à Marseille, la durée des escales des navires de la Méridionale, par exemple, est beaucoup plus longue. Au Havre, que ce soit pour les ferries ou les bateaux de croisières, les escales sont plus courtes ».
Au-delà de ces différences, Pascal Galichon admet qu’il faut améliorer la qualité de l’air de manière globale. L’électrification des quais, qui représente un lourd investissement, est une piste exploré par Le Havre. « Encore faut-il savoir comment produire cette électricité. Si elle provient d’une centrale à charbon comme en Allemagne, ce n’est pas la solution ». En 2018, une étude pilotée par la direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM) a précisé les enjeux pour chacun des ports français. « À partir de cette étude, nous avons approfondi les choses pour voir sur quels quais nous pourrions agir et vers quelles solutions techniques nous diriger. Nous avons hiérarchisé les différents quais ».
Des besoins de puissance très élevés
Pascal Galichon explique qu’il existe actuellement deux solutions techniques pour approvisionner en électricité les navires à quai. Soit l’alimentation se fait à partir du réseau urbain, soit on met en place à bord du navire ou sur le quai des unités de production électriques autonomes. « Pour l’alimentation à partir du réseau, un endroit a été identifié comme prioritaire sur le port du Havre, c’est la pointe de Floride, là où se trouvent les paquebots. Les armements eux-mêmes sont demandeurs. Nous menons actuellement des études techniques sur ce sujet. C’est quelque chose qui a du sens car la pointe de Floride se trouve à proximité du centre-ville ».
Ce type d’investissement représente plusieurs dizaines de millions d’euros car il faut alimenter des paquebots avec des puissances très élevées. Haropa-Port du Havre estime à dix mégawatts la puissance nécessaire pour des paquebots. D’autres projets d’électrification de quais concernent les terminaux Nord (Atlantique et Amérique). Le responsable d’Haropa-Port du Havre ajoute que des unités de production autonome pourraient également mises en place sur Port 2000 et sur le terminal roulier. Sur ce dossier, le port est actuellement en contact avec des fournisseurs de solutions. Seul frein, ces unités sont aujourd’hui limitées en termes de capacité de production. Les plus grosses peuvent fournir 1,5 mégawatts, une puissance suffisante pour des navires rouliers et certains porte conteneurs mais insuffisant pour des unités les plus importantes.
Dans le domaine maritime, l’arrivée des navires fonctionnant au GNL constitue là aussi une petite révolution pour Le Havre. « C’est un dossier sur lequel nous travaillons depuis longtemps. Aujourd’hui, nous sommes prêts du point de vue réglementaire. L’an dernier, nous avons également réalisé une étude pour voir quel était le marché et les schémas logistiques nécessaires ». Ceux-ci dépendent étroitement des volumes de soutage : en dessous de 500 m3, l’avitaillement par camion-citerne semble être la meilleure solution actuelle. Si les volumes sont supérieurs à 500 m3, l’avitaillement pourrait se faire avec un engin flottant. Au Havre, CMA CGM a déjà opté pour cette solution souhaitant faire venir un navire avitailleur pour alimenter ses prochaines unités fonctionnant au GNL. Le Havre n’exclut pas d’autres pistes comme celle qui consisterait à liquéfier le gaz naturel directement sur la zone industrielle portuaire.