Une réglementation en évolution
Pour garantir des niveaux d’eau suffisants pour accueillir les navires et permettre la navigation, les gestionnaires portuaires et fluviaux entreprennent régulièrement des opérations de dragage pour retirer les sédiments. Ceux-ci, une fois déposés à terre, deviennent des déchets.
Chaque année, les sédiments issus du dragage représentent environ 50 millions de mètre cube pour les ports et 6 millions de mètre cube pour le réseau fluvial. Voies navigables de France (VNF) estiment les besoins en dragage à 3,6 millions de mètre cube sur 5 ans pour les seuls départements du Nord et du Pas-de-Calais.
Selon sa qualité, actuellement, un sédiment portuaire peut être rejeté en mer ou être géré à terre. Toutefois, à partir de 2025, une nouvelle réglementation va interdire le rejet en mer des boues de dragage dont les teneurs en polluants dépassent les seuils autorisés. Aujourd’hui, 90 % des sédiments marins sont rejetés en mer, ce qui n’est pas sans conséquences négatives sur les écosystèmes. C’est maintenant qu’il faut anticiper les volumes qui vont devoir être géré à terre et non plus en mer, les capacités de stockage étant limitées. Il faut prendre aussi en compte le coût élevé de la gestion à terre des sédiments qui atteint 80 € par mètre cube stocké.
Des expérimentations grandeur nature
Les Assises nationales de la valorisation des sédiments ont pour objectif principal de montrer les exemples d’utilisation des sédiments déjà mis en œuvre comme le renforcement des berges des voies d’eau, la stabilisation des digues portuaires, la création de chaussée-réservoirs, la reconstitution de sols dégradés, etc. Des concrétisations sont tangibles à travers des ouvrages expérimentaux grandeurs natures qui montrent l’efficience de ces projets sur les plans techniques, environnementaux et économiques. Avec le centre de ressources Sedilab, créé en 2013, le CD2E entend capitaliser sur ces projets et en promouvoir les résultats. L’ambition est de favoriser le déploiement à plus grande échelle de la valorisation des sédiments de dragage.
« La journée est l’occasion de faire un état des lieux de la situation, des enjeux de l’économie circulaire appliquée aux sédiments, des solutions opérationnelles déjà en place et celles à venir », précise Charlotte Destombes du CD2E.
Pour les acteurs, il s’agit aujourd'hui de développer des filières opérationnelles de valorisation des sédiments, d'accélérer et de passer de la R&D au stade de l’industrialisation.
Au cours de cinq tables rondes, des industriels comme Equiom ou Nord Asphalte viendront présenter leurs innovations. Des grands ports maritimes comme Rouen et Dunkerque témoigneront sur leurs solutions concrètes mises en œuvre tout comme VNF. Un point sur la réglementation et ses conséquences pour les gestionnaires et le développement industriel est aussi prévu tout comme des exemples de partenariats innovants publics/privés.
« Les Asssises sont l’occasion de montrer qu’il y a un mouvement de fond, une accélération en cours, une nécessité de lever les barrières réglementaires pour que la valorisation soit plus facile et moins coûteuse, comment utiliser la ressource que constitue les sédiments, montrer que c’est possible. Des initiatives concrètes existent dans les territoires ».