« Aproport est un service industriel et commercial géré par la CCI de Saône-et-Loire mais qui fonctionne comme un établissement privé. Nous avons l'obligation d'avoir des résultats », précise d'emblée Pascal Leyes, directeur général. Si Aproport existe depuis les années 1980, il avait alors la forme d'une association pour la promotion du portuaire. C'est au moment de la fusion des deux chambres de commerce en 2005 que cette ex-association a été intégrée comme un service dédié.
Aproport se positionne comme le deuxième port fluvial sur le bassin Rhône-Saône Méditerranée. Même si un ensemble de conjonctures a été un frein au développement de son activité. « Nous avions fondé beaucoup d'espoir sur le canal Rhin-Rhône, nous y avons cru jusqu'en 1995. Jusqu'à Pagny, il est possible de monter du fluvio-maritime. Cela nous aurait permis d'aller jusqu'au Danube », évoque avec déception le directeur général de la CCI, très impliqué dans la gestion d'Aproport. A la même époque, suite à l'abandon du projet de creusement du canal à grand gabarit, dont l’intérêt était à l'échelle européenne, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) n'avait pas été autorisée à réaliser des travaux de mise à grand gabarit à 4 000 tonnes qui auraient été cohérents avec le projet initial du canal Rhin-Rhône, seuls des crédits permettant d'élargir la rivière à 1 500 tonnes avaient été débloqués. Par ailleurs, d'autres événements plus récents ont eu des conséquences économiques sur la région, liés à l'abandon de l'écotaxe et à la désindustrialisation, ce que ne manque pas de déplorer aussi Pascal Leyes.
Importance du ferroviaire
Toutefois, dès 2010, Aproport a été embranché au réseau ferroviaire et ses activités ont été ainsi développées. D personnel a même été formé. « Nous sommes quasiment un opérateur ferroviaire de proximité (OFP). Notre cœur de métier, c'est la manutention en vrac ou en conteneur ».
La plateforme propose l'utilisation de solutions multimodales pour le transport des marchandises en vrac et en big bags (céréales, sables et graviers, charbon, matériaux de construction, produits métallurgiques, aliments pour bétail, engrais, sel de déneigement, bois, etc.), en caisses mobiles et en conteneurs (biens d'équipement et de consommation à forte valeur ajoutée). Sans oublier les produits sidérurgiques, chimiques, manufacturés et les pièces volumineuses. « Il y a de l'agrégat, du vrac, l'agro-industrie. Il faut des entrants, qui sont les engrais. Il faut donner des tourteaux et l'activité céréales qui se massifie bien ».
Les plateformes portuaires multimodales de Mâcon et de Chalon-sur-Saône ont eu pour objectif de fournir une prestation globale à leurs clients en matière de manutention qui inclut le conditionnement et le stockage. En ce qui concerne la logistique, « c'est un service complet qui passe par la route, le fluvial et le ferroviaire ». De plus, les plateformes logistiques sont situées sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée, à deux jours maximum par voie fluviale des ports maritimes de Marseille-Fos et Sète ce dont elles font l'écho en étant associées à Medlink Ports.
Cependant, il est clairement annoncé que l'activité fluviale est quantitativement à la baisse. Revient la notion de rentabilité qu’il faut atteindre avec seulement un chargement possible de 1 500 tonnes. Pour autant, il est clair qu'il n'est nullement question chez Aproport de mettre en opposition les activités portuaires : « Notre stratégie au port est de rendre complémentaires le fluvial et le ferroviaire. Du coup, nos sites sont devenues des plateformes trimodales avec la voie d'eau, le ferroviaire et le routier ». En fait, explique Pascal Leyes, « si nous n'avions pas développé le ferroviaire, nous aurions été obligé de fermer les ports ». Une sentence qu'Aproport a su éviter et qui l'a poussé à évoluer vers davantage de multimodalité. A l'heure actuelle, ce qui se traite, « c'est essentiellement du trafic interne entre les ports. Le reste, c'est de l'import et de l'export qui vient de Fos ». Après 2010, Aproport a dû se montrer innovant : « Nous avons été obligé de travailler sur des nouveaux relais de croissance sur et autour du bassin. Et nous avons le tour de tous ceux possibles ».
Le rôle des chargeurs
Après 10 ans d'investissement, il semblerait que le bilan soit plutôt positif sur la prise de conscience des chargeurs en matière environnementale. Il apparaîtrait qu'ils aient une nouvelle notion des conséquences des rejets de CO2. Les chargeurs auraient un autre regard sur « l'économie responsable voire l'économie de consommation, ce qui les oblige à changer les lignes ». Aproport prend l'exemple de Viia : « Avec cette opérateur ferroviaire, c’est zéro de rejet de CO2 à des prix qui sont concurrentiels avec le transport routier ».
L'autre bilan plutôt positif, c'est le bien-fondé de l’existence des plateformes. « Ce qui nous a conforté dans la pertinence de continuer à développer les plateformes multimodales et de ne pas les arrêter, c'est qu'aujourd'hui, en Bourgogne, l'activité transport représente 25 % des activités de service ». Le transport et la logistique « pèsent » et, par conséquent, « nous avons considéré à la CCI que les plateformes multimodales étaient insuffisamment valorisées et sous-exploitées ».
L'idée étant de travailler de plus en plus avec des opérateurs économiques agréés (OEA) comme l’est la société Alainé. « Ce statut est accordé aux opérateurs communautaires les plus fiables », indique le site du ministère de l’économie, des finances, de l’action et des comptes publics. Ce dispositif permet de faciliter les échanges et de mieux sécuriser les flux de marchandises entrant ou sortant de l’Union européenne.
Filiale d’Aproport, Ports-Inter est un commissionnaire de transports spécialisée dans l’organisation et la commercialisation de chaîne logistique totale ou partielle, mais qui intègre principalement le transport fluvial en complément de la route et/ou du ferroviaire. Il assure la gestion des flux au départ et à l’arrivée des principaux axes logistiques, soit un service clé en main dans la prise en charge des marchandises, dont la priorité est d'optimiser la combinaison des différents modes de transports dans le but « de réduire vos coûts et de garantir nos délais de livraison ».
« En fluvial, nous proposons, en complément de l’étude de la chaîne logistique, un bilan carbone et sociétal personnalisé (pollution atmosphérique, effets de serre, insécurité, bruit, etc.) ». Ports-Inter assure aussi un suivi en temps réel des différents acteurs de la chaîne logistique, le contrôle continu des opérations, la coordination des différentes étapes, la gestion des stocks et reporting, les formalités douanières avec le système AP+, cargo community system créé pour répondre aux besoins de fluidité, de sécurité et de traçabilité et qui devrait évoluer vers le nouveau système CI5.