« Une menace pour le transport fluvial et pour l’emploi ». C’est en ces termes que l’association des bateliers allemands BDB (Bundesverband der Deutschen Binnenschifffahrt) a exprimé sa très vive inquiétude quant aux conséquences sur la navigation intérieure de la « sortie du charbon »projetée par le gouvernement de Berlin à partir de 2022.
Berlin veut réduire la part du charbon dans la production électrique en Allemagne. Selon le projet présenté par le gouvernement, le mouvement sera lancé en 2022. Il devra réprésenter l’équivalent de 8 GW (gigawatt) d’ici 2030, en attendant l’arrêt total des centrales électriques au charbon à l’horizon 2038.
Un trafic de 35 millions de tonnes par an
La BDB souligne que ce Kohleausstieg (sortie du charbon) aura des conséquences majeures sur le secteur fluvial.
« Le charbon représente un des trafics les plus importants pour la navigation fluviale et les ports intérieurs. Près de 35 millions de tonnes de charbon sont transportées chaque année sur les voies navigables allemandes. Les centrales électriques dans la Ruhr, en particulier, organisent presqu’entièrement leur approvisionnement en charbon par la voie d’eau. Certaines entreprises – notamment des terminaux dans les ports intérieurs - ont axé toute leur activité sur ces flux ».
Besoin de mesures d’accompagnement
Tout en disant comprendre la nécessité d’une transition énergétique, les opérateurs fluviaux allemands insistent pour qu’elle s’accompagne de mesures à la hauteur du poids du charbon pour la navigation intérieure et donc des conséquences de la mesure projetée. Selon la BDB, l’effet sur la navigation intérieure « a apparemment échappé au ministère fédéral de l’Economie. Son projet de loi n’y fait aucune référence ».
Selon la BDB, la sortie du charbon, telle qu’elle est planifiée, est « beaucoup trop rapide ». D’ici 2038, il sera pour la BDB quasiment impossible de développer des flux permettant de compenser la perte d’activité qui en découle.
Sans avancer de données précises, elle estime que « des centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires annuel » vont disparaître, « sans tenir compter des coûts annexes ».