Pour une vraie représentativité
« La période à venir va produire des évolutions importantes, principalement axées sur les filières professionnelles et une politique de grands travaux, deux sujets qui sont déjà en marche », assure Alain Biechel. Il envisage de profiter de la dynamique du « regroupement récent des transporteurs français, artisans et compagnies, petites et grandes flottes, marchandises et passagers, qui vont donner une voix de représentation jamais atteinte ». En effet, la réunion de la Chambre nationale de la batellerie nationale (CNBA) et du Comité des armateurs fluviaux (CAF) pour créer Entreprises fluviales de France (E2F) début novembre 2019 s’inscrit, pour Alain Biechel, comme « une grande première ».
Fort de cette évolution attendue depuis le début de l’année 2019, alors que le syndicat a signé une charte de partenariat en juin avec le Groupement des industries de construction et activités navales (Gican) et le CAF (intégré depuis dans E2F), le nouveau président annonce à ses adhérents présents et futurs que lors des prochaines réunions (assemblée générale et conseil d’administration), « d’autres actions sont en cours pour se donner, à terme, une vraie représentativité du transport fluvial intérieur regroupant toutes les facettes des professions allant bien au-delà de la stricte activité de transporteurs ». Il espère « une représentativité renforcée qui sera un plus pour tous ».
Après avoir modifié les statuts et mis les cotisations à jour. L’autre point qu’il souhaite d’ores et déjà aborder sera la politique des grands travaux. à savoir, « les travaux actuels du Grand Paris auxquels, s’ajoutera sans doute, en relais, la liaison Seine Escaut et sa déclinaison en France, le canal Seine-Nord Europe, vont être des moteurs importants et cela sur au moins deux à trois décennies », prévoit Alain Biechel. Selon lui, « le recours au transport fluvial va se développer, le recours aux professions satellites aussi et la nôtre en particulier ». D’enchaîner « il sera nécessaire de s’adapter et d’être réactifs. A terme, les résultats de cette dynamique ne peuvent que valoriser l’ensemble de la filière ».
Un site de mise à sec sur Seine-Nord
Il considère qu’un syndicat « reste une défense, une représentativité de la profession. Il faut qu’elle soit active sous la signature du SNCRB ». Aussi, il va entreprendre, au nom de ses adhérents, des démarches pour « qu’il y ait davantage de cale de hissage. Par exemple, les cales sèches du Havre ne sont pas adaptées aux bateaux fluviaux. Il faut que cette profession s’organise ». De fait, il envisage également de faire rentrer au sein du syndicat des groupes importants qui ont des divisions de chantiers navals qui sont exploités uniquement de façon privé pour leur flotte. « Certains groupes importants de travaux publics pourraient faire partie de ce nouveau groupe de chantier naval », précise le président du SNCRB.
Dans la même logique, il rappelle que « quand on crée une voie d’eau, on creuse un canal, on fait des écluses. Tout le monde a oublié qu’il faut aussi aménager un endroit pour accueillir les bateaux. Je veux introduire chez Voies navigables de France l’idée qu’un site de mise à sec de bateaux fait partie intégrante du jouet, ça ne peut pas être géré de manière isolé ».
La SACHA (société anonyme de la cale de halage d’Arles), gérée depuis 2012 par Arnaud Damiani, « est, à l’échelon de l’Hexagone, le seul chantier naval fluvial capable d’accepter des bateaux de 135 mètres. Il n’y a pas d’équivalent sur l’ensemble de la zone fluviale française. Nous avons la capacité d’avoir un chantier de ce niveau sur le Rhône alors qu’à Paris, Rouen, le Havre, dans le contexte futur du canal Seine-Nord, il n’y en a pas », souligne Alain Biechel.
L’intervention d’Emmanuel Macron lors des Assises de l’économie de la mer à Montpellier le 3 décembre 2019 a été suivie de près par Alain Biechel, président du SNCRB, et Didier Léandri, président de E2F. Selon Alain Biechel, le Président de la République a honoré l’ensemble de la chaîne maritime et fluviale « pour sa force économique et son innovation » et s’est dit « fier du travail engagé pour trouver des solutions alternatives en matières de carburants : gaz naturel liquéfié, travaux sur l’électrique, l’hydrogène ». Et qu’il a assuré que « l’Etat sera au rendez-vous pour appuyer la filière industrielle sur le plan fiscal et par les aides indirectes ». Alain Biechel précise : « Un décryptage de la portée de ces déclarations et de ce qu’elles impliquent pour les différents dossiers » sera abordé lors du prochain conseil d’administration tout comme les interconnexions entre les bassins et le passage portuaire. « Avec du bon sens, vous réalisez des tonnes de choses », affirme le nouveau président du SNCRB.
« Je suis un pur produit du transport fluvial. Parmi mes ancêtres, on retrouve des artisans qui convoyaient des pierres par voie d’eau au 18e siècle pour les cathédrales ». C’est à bord d’un bateau, le RIP, qu’Alain Biechel est né. « Il existe toujours dans un musée terrestre à Vitry-Le-François et il s’appelle le Saint Antoine ». Comme tous les enfants de batelier, il a suivi sa scolarité en internat.
à 14 ans, c’est le début de la « confrontation avec l’univers professionnel ». A 18 ans, il passe son certificat de capacité de capitaine mécanicien. Il va exercer de multiples activités dans le milieu fluvial que ce soit sur le Rhin ou le Rhône. Entre autres, il a eu une expérience « de gestion portuaire à Calais ». Un tournant de sa carrière est le rachat de sa société Delta Shipping, qu’il avait créée, par la CFT au sein de laquelle il va exercer des fonctions de direction de 1993 à 2002. Lors de sa semi-retraite, il participe à la création de la SEPT (silo des Tellines) et fonde la société AGIS.
Alain Biechel exerce des missions d’expertise en France et à l’étranger, par exemple, l’analyse de la flotte fluviale rhodanienne en 2004 ou, plus récemment, la réalisation du transport fluvial des deux tabliers du pont Robert Schumann à Lyon.