Des travaux sur le « Dryport »
Pour ce responsable, si le réseau ferré portuaire s’appuie sur un réseau ferré national fiable et compétitif, le mode ferroviaire permet des gains de part de marché, un élargissement de l’hinterland pour aller chercher des marchandises plus loin.
Le responsable souligne que « les consciences se réveillent » autour des atouts du fret ferroviaire et de nombreux travaux en 2020 ont été menés pour identifier les améliorations à apporter. Il y a un alignement des planètes, comme l’ont dit l’Alliance 4F et le GNTC pour rendre le fret ferroviaire plus compétitif, pour que les opérateurs soient plus performants. Parmi les axes d’amélioration, il y a l’état du réseau ferré national, la disponibilité des sillons, l’entretien des lignes capillaires.
« En tant qu’autorité portuaire, nous avons notre rôle à jouer sur le réseau ferré portuaire. En 2021, le doublement du terminal multimodal de transport combiné, le « Dryport », est l’une de nos priorités et nous investissons 10,7 millions d’euros pour porter les quatre voies ferrées de 350 mètres à 850 mètres », précise Guy Bourbonnaud. Cet allongement va permettre de traiter des trains complets sans faire de coupons, ce qui évite des surcoûts. Les travaux ont commencé en janvier 2021 et vont s’achever en novembre de la même année. « C’est une priorité car nous savons que le développement du transport ferroviaire viendra avant tout de la croissance du transport combiné où il y a des potentiels de trafics les plus importants et les plus immédiats. On parle ici de conteneurs et de caisses mobiles plutôt en lien avec les activités maritimes ».
Dunkerque Port est relié au réseau de Novatrans/Greenmodal avec un train hebdomadaire avec Dourges qui s’achemine ensuite vers toutes les destinations possibles (Valenton en région parisienne, Bayonne, Bordeaux, etc. dans le Sud de la France).
En 2019, il y a eu le lancement du service ferroviaire « Flex » (pour Flandres Express) depuis Dunkerque vers le port intérieur de Metz dans la région Grand Est, par l’opérateur NPS (Nord Port Shuttle). Celui-ci, créé en 2013, s’était jusque-là concentré sur le développement du maillage de services fluviaux conteneurisés entre Dunkerque et les principaux ports intérieurs de la région Hauts-de-France. « C’est la mise en place d’un système de coupons entre les deux destinations, lancé en collaboration avec Fret SNCF dans le cadre de la gestion capacitaire résiduelle des trains qui circulent. Cela complète des trains réguliers entre les deux destinations. Depuis quelques mois, le taux de remplissage est intéressant dans les deux sens, un point très important pour l’équilibre des flux ». L’installation dans le port de Dunkerque d’un prestataire de service pour le traitement thermique des grumes de bois pour la Chine a en effet permis des trafics retour en conteneurs.
En 2021, dans la suite des résultats positifs pour les conteneurs en 2020 (+2 %), des objectifs de développement ambitieux ont été fixés avec des perspectives pour de nouveaux services.
Besoin du ferroutage
Un autre axe de développement est lié aux projets de ferroutage ou autoroute ferroviaire qui concernent plusieurs grands ports maritimes français.
« Dunkerque est un port RoRo, pour du non-accompagné. Pour être positionné durablement sur cette filière, nous avons besoin du ferroutage, c’est un outil de développement important. C’est la raison pour laquelle nous venons tout récemment de lancer une étude de faisabilité pour l’établissement d’un terminal de ferroutage au port ouest. L’objectif est de déterminer comment faire d’un point de vue technique, commercial, financier. On parle de remorques poids lourds, non accompagnées ». Avec cette étude, il ne s’agit pas encore de réfléchir à des destinations, axes, services, c’est trop tôt.
Parmi les autres réflexions en cours, Dunkerque Port envisage les trains « multi-lots/multi-clients ». « Il y a des exemples au niveau européen qui montrent que cela fonctionne et qui ont réussi. Cela pourrait permettre de mieux coller à la demande des chargeurs industriels de la zone industrialo-portuaire ».
Dunkerque Port n’oublie pas les impératifs de transition écologique en participant à des travaux collaboratifs lancés pour mieux cerner les nouveaux modes de propulsion, les nouvelles solutions énergétiques pour les transports massifiés. Les pistes que sont le GNL, l’hydrogène, l’électricité concernent le ferroviaire comme le fluvial et sont étudiées. Sur ces sujets, la collaboration se fait avec Norlink.
Pour Guy Bourbonnaud : « Quand on donne les moyens au ferroviaire de se développer, cela marche. Le meilleur exemple à Dunkerque, c’est le terminal céréalier où le trafic ferroviaire était à zéro par le passé. En 2019, il représente 400 000 tonnes de céréales en approche ferroviaire. Le vrac sec reste un flux important, aux côtés des conteneurs, des caisses mobiles, des remorques. Pour le développement des conteneurs, nous sommes prêts et nous faisons ce qu’il faut, en tant qu’autorité portuaire, pour nous adapter. Pour le transport combiné, il est aussi important que des actions soient menées au niveau national, notamment concernant les terminaux existants qui doivent être opérationnels, bien situés et bien desservis. C’est un sujet porté par le GNTC. D’autres pourraient être réalisés en tenant compte des besoins de Dunkerque, notamment pour mieux desservir la région parisienne ».