À Bordeaux, entre bateaux-bus sur la Garonne… et croisières sur la Gironde

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Sous l’impulsion de Bordeaux River Cruise et de la métropole, les bateaux à passagers de tous types se multiplient sur la Garonne et dans l’estuaire, avec en ligne de mire la navigation électrique. Bateau-taxi privatisable basé à Bordeaux, pouvant servir de navette à destination des îles de la Gironde, bateau-restaurant, bateau-promenade, bateau-bus… Bordeaux River Cruise exploite des unités de types très différents, avec toujours la même envie de faire découvrir la beauté de l’estuaire. L’entreprise a été fondée par quatre associés, ayant tous habité sur des îles de la Gironde. « J’ai grandi sur l’île Margaux, où mon père était viticulteur, raconte ainsi Guillaume de Mecquenem, associé fondateur et directeur commercial de Bordeaux River Cruise. Au cours de balades à la voile dans l’estuaire, j’ai rencontré Philippe Lacout, aujourd’hui président du groupe. Nous avons partagé le constat que personne à Bordeaux ne connaît ces îles, pourtant toute proches et offrant un dépaysement total ». La première idée du quatuor est de transformer en refuge l’ancienne maison de phare de l’île de Patiras. Ne pouvant obtenir de permis de construire, ils ont alors l’idée d’ouvrir, sur ce site, un restaurant qu’ils appellent « La Maison du fleuve ». Un premier bateau, le Silnet, est alors acheté en 2011 pour emmener les clients depuis Bordeaux. Très rapide, puisqu’il navigue jusqu’à 35 nœuds, il peut emmener 12 passagers pour déjeuner ou dîner sur l’île de Patiras, ou être privatisé comme bateau-taxi pour des croisières à la carte dans tout l’estuaire, par exemple, à destination des vignobles.

En 2012, un second bateau, la Sardane, étoffe la flotte de la toute jeune entreprise. Ce bateau de 70 places, plus lent que le premier, est utilisé pour proposer des croisières-promenades dans l’estuaire, ou à la découverte de trois de ses îles : Patiras, mais aussi l’île Margaux, domaine viticole, et l’île Nouvelle, espace naturel sensible géré par le département qui y mène des actions de sensibilisation à l’environnement de l’estuaire.

Un projet de construction neuve

Souhaitant développer une activité de bateau-restaurant, Bordeaux River Cruise a ensuite acquis, en 2014, un troisième bateau : le Sicambre, 41 mètres, construit en 2003 et naviguant précédemment à Istanbul, où il transportait jusqu’à 648 personnes. « Les bateaux restaurants existent dans toutes les villes de France, mais il n’y en avait plus à Bordeaux depuis 20 ans, explique Guillaume de Mecquenem. Pour en créer un, nous avons trouvé le bateau idéal à Istanbul, ville ayant une vraie culture maritime, avec énormément de bateaux pour le passage du Bosphore. Nous l’avons aménagé en Turquie, passé aux normes fluviales françaises et ramené par nos propres moyens via les canaux d’Europe : mer Noire, Danube, Main, Rhin puis remorquage maritime de Rotterdam à Bordeaux ». Depuis 2015, le Sicambre est exploité comme restaurant sur la Garonne, effectuant une navigation dans Bordeaux pendant le repas. Il est aussi parfois privatisé pour des voyages plus longs vers les îles de l’estuaire de la Gironde. Il est aménagé pour recevoir 150 personnes assises à dîner. Selon les normes françaises, il ne peut accueillir que 280 passagers debout.

Connaissant une croissance constante de son activité, Bordeaux River Cruise cherche désormais des financements pour un nouveau bateau. Il s’agira d’une construction neuve de 25 mètres pour 150 passagers, avec une attention particulière portée à son impact environnemental, selon Guillaume de Mecquenem : « Quand nous avons acheté le Sicambre, il a été considéré comme un bateau neuf car nous l’avons fait passer en fluvial. Les moteurs n’avaient que quatre ans, mais ont dû être revendus, et le bateau équipé de moteurs respectant les dernières normes fluviales européennes. Pour notre futur bateau, que nous espérons pour 2020, nous envisageons une propulsion hybride diesel-électrique, avec la possibilité de mettre en place des batteries dans la cale, pour passer à terme en tout-électrique, chargé sur secteur, tout en gardant un groupe électrogène à bord comme solution de secours ».

La réduction de l’impact environnemental de l’activité de Bordeaux River Cruise va au-delà de la seule navigation, avec, par exemple, l’utilisation de produits d’entretien respectant le milieu nautique, la récupération des mégots pour qu’ils ne finissent pas dans l’estuaire, ou encore le compostage des déchets du bord.

Des navettes nommées BAT3

Aux 70 000 passagers transportés chaque année par Bordeaux River Cruise, dont 35 000 pour les croisières avec restauration, s’ajoutent les 380 000 passagers annuels des bateaux-bus naviguant sur la Garonne, entre Bordeaux et Lormont, ville située en rive droite de la rivière. La Communauté urbaine de Bordeaux (CUB, devenue depuis Bordeaux Métropole) avait en effet demandé à son délégataire de service public d’étendre les transports urbains à la rivière. Keolis a donc acheté deux bateaux, et cherché un sous-traitant pour leur exploitation. Ayant été retenu, Bordeaux River Cruise a créé une filiale, Inter-Rives, pour l’exploitation des BAT3 (se prononce : Bat’cube).

« Il s’agit d’une filiale relativement autonome, avec une activité très différente puisque les BAT3 sont des bateaux auxquels on accède avec un billet de bus, souligne Guillaume de Mecquenem. Cette activité a été pensée comme une navette pour se rendre au travail, mais avec un bateau toutes les 45 minutes, la fréquentation est surtout forte l’après-midi et le week-end pour des loisirs et du tourisme ».

Les BAT3 ont, au départ, été prévus pour ne fonctionner qu’à l’électricité, sur batterie, avec un groupe électrogène permettant de continuer à naviguer une fois les batteries vides. Mais la puissance du courant de marée, qui se fait encore fortement sentir à Bordeaux, exigeait l’utilisation des batteries dans une gamme de puissance trop variable. La navigation sur batterie n’était donc pas possible à contre-courant. Pour un ensemble d’autres raisons, les batteries se sont dégradées beaucoup plus vite que prévu, ce qui a conduit le loueur à les reprendre. Les BAT3, aujourd’hui, fonctionnent donc avec une propulsion diesel électrique plus classique, c’est-à-dire sur groupe électrogène. « Les batteries reviendront sans doute, espère Guillaume de Mecquenem. Il faut simplement que le prestataire trouve une solution qui tienne dans le temps, et qui soit adaptée à des bateaux qui sont beaucoup plus sollicités que des bateaux touristiques, puisque les BAT3 tournent plus de 12 heures par jour, sept jours sur sept ».

Un projet d’extension est à l’étude, avec une augmentation du nombre de BAT3 et le prolongement de la ligne vers la partie amont, avec une nouvelle traversée en Bègles et Bouliac. Cela pourrait aboutir en 2022, avec le renouvellement de la délégation de service public des transports de Bordeaux Métropole.

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