L’acquisition conjointe de la compagnie de Guernesey par Brittany Ferries et Columbia Threadneedle Investments (CTI) a passé toutes les étapes réglementaires. L’opération, annoncée l’an dernier, a reçu le feu vert des autorités européennes de la concurrence. Les deux nouveaux propriétaires ont soldé début mars la vente avec Macquarie Infrastructure and Real Assets (MIRA). Si Brittany Ferries est un actionnaire minoritaire (une participation tenue à sa discrétion), la compagnie française transmanche et transgascogne assurera la partie opérationnelle.
Pour acquérir Condor, qui réalise un chiffre d’affaires de 96 M£ (112 M€), tiré à 52 % par l’activité passagers et à 48 % par le fret, Brittany Ferries cherchait un ou des partenaires, compte tenu de ses engagements financiers (550 M€) pour renouveler sa flotte dont la moitié (douze navires avec le Honfleur) sera propulsée au GNL d’ici à 2025. Elle s’est associée avec un fonds de private equity dit « evergreen ». Pour le jeune fonds, qui se veut être une version « durable » du capital equity classique avec des prises de participation à long terme, il s’agit d’un premier investissement.
Contrer la concurrence
L’opération se voulait aussi défensive… pour désarçonner d’emblée toute offre de rachat déposée par l’un de ses concurrents (tels DFDS, P&O, Irish Ferries) sur un marché transmanche déjà gagé par la perspective du Brexit.
Condor Ferries et Brittany Ferries ne sont pas étrangères l’une à l’autre. Elles ont même opéré ensemble un service saisonnier entre Cherbourg et Poole (exploité par le Condor Vitesse, partenariat qui a pris fin en 2012).
Condor a connu pour sa part une traversée au long cours, changeant plusieurs fois de main depuis 2002. Cette année-là, le groupe Commodore, qui comprenait Condor Ferries, Commodore Ferries et Commodore Express, a été vendu à un fonds de gestion détenu par ABN AMRO. En 2004, le groupe rebaptisé Condor Ferries devait passer dans le giron de la Royal Bank of Scotland pour 240 M£ jusqu’à ce que, en 2008, Macquarie en prenne possession.
Aujourd’hui, la compagnie dispose d’une flotte de quatre navires battant pavillon des Bahamas, dont deux catamarans à grande vitesse et deux fréteurs rouliers. Ses lignes desservent Poole, Portsmouth, Jersey, Guernesey et Saint-Malo. Condor a transporté en 2018 près d’un million de passagers, 200 000 véhicules et 100 000 camions, d’après les données de l’entreprise.
Adeline Descamps
