Des navires de 240 mètres sur les écrans AIS voguant dans les eaux méditerranéennes incapables de faire escale à Marseille faute de capacité suffisante… En cette première semaine de janvier, l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF) est montée au créneau. L’association professionnelle, qui fédère 250 entreprises et qui emploie 25 000 salariés, entend peser sur les décisions à venir du port. Elle réclame l’intégration dans le prochain projet stratégique du port d’investissements de l’ordre de 80 à 100 M€ dans les infrastructures pour permettre l’accueil des rouliers nouvelle génération.
Un problème de taille
Si du côté de la passe nord le port phocéen s’est mis en capacité d’accueillir les plus grands paquebots de croisière, au sud rien ne va plus. En effet, franchir le pont Pinède devient une gageure pour les nouvelles constructions de navires rouliers au-delà de 200 mètres. "Passer du nord au sud est problématique, les accessibilités nautiques sont limitées et l’aménagement des quais est nécessaire. Personne ne pensait que le Ro-Ro se développerait autant en Méditerranée, en particulier en Turquie et dans les pays du Maghreb. Dans le cadre de la Charte Ville-Port, nous avions concédé une ouverture vers la ville à condition en contrepartie de bénéficier d’investissements dans le prochain Projet stratégique", a expliqué le 6 janvier Jean-François Suhas, président du Conseil de développement portuaire, pilote et président du Club de la Croisière, lors d’une visioconférence de l’UMF.
Des investissements ferroviaires
Ces investissements, qui se chiffrent à près de 100 M€, permettraient de donner de la visibilité pour les prochaines années aux professionnels portuaires qui réclament non seulement une amélioration des accès nautiques, mais aussi un coup d’accélérateur des investissements ferroviaires aussi bien sur Marseille que sur le port de Fos, dont les terminaux sont connectés à une seule voie quand Barcelone en aligne quatre !
"2020 a été une année horrible mais nous avons été unis pour poursuivre l’activité. En 2021, nous allons continuer à résister en attendant le rebond économique", commente le président de l’UMF, Jean-Claude Sarremejeane. Le Pdg de la société de manutention d’Arcelor-Mittal Sosersid, attend impatiemment la fin du mois de janvier pour découvrir le contenu de la stratégie nationale portuaire. "Nous sommes en attente des annonces sur la gouvernance des ports. Nous souhaitons une présence des Unions maritimes au conseil de surveillance pour faire entendre la voix des professionnels", affirme-t-il, tout en souhaitant en équilibre en ports d’État et ports régionaux.
Gel des droits de port navire
Un motif de satisfaction en ce début d’année 2021, le gel des droits de port navire. Une mesure qui réjouit les armateurs et leurs représentants locaux fédérés au sein de l’AACN (association des agents consignataires). "Marseille-Fos a besoin d’une politique tarifaire attractive. Nous souhaitons objectiver la compétitivité du port vis-à-vis de ses concurrents. Raison pour laquelle nous avons commandé une étude comparative auprès d’un cabinet spécialisé", annonce Bruno Scardigli, vice-président de l’UMF. Responsable France, Italie, Malte de l’agence Wilhelmsen Ships Service et président de l’AACN, il souhaite étendre les comparaisons à la manutention et aux services aux navires pour connaître le coût global du passage portuaire.