Stéphane Raison : "Le port du futur est décarboné et réindustrialisé"

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Pour le directeur général de Haropa Port, qui regroupe les ports du Havre, de Rouen et de Paris, il est urgent de transformer et de compléter le modèle industriel. Au cœur de la stratégie: faire de l’axe Seine un corridor décarboné, vert, fluvial et ferroviaire fondé sur la réindustrialisation.

Après une reprise des trafics maritimes en 2022, la première partie de l’année 2023 a été pour le moins décevante. Outre les semaines de mouvements sociaux, quels autres facteurs expliquent une baisse de 7 % des trafics maritimes à fin septembre ?
Stéphane Raison : Certes, les chiffres ne sont pas bons. À l’instar de tous lesp orts européens, nous subissons un ralentissement importantnde la croissance économique, dans un contexte d’inflation et de hausse des taux d’intérêt. Nous ne voyons pas pour l’instant de reprise de la consommation ni des flux, mais plutôt une baisse en spirale des taux de fret, à l’import comme à l’export. Le début d’année chaotique lié à des grèves nationales nous a fait perdre une soixantaine d’escales et nous ne retrouverons pas les records historiques de 2021 ni ceux de 2022, où nous avions dépassé les 3 millions de conteneurs. Mais nous reprenons des couleurs depuis l’été, et les annonces récentes des investissements nous rendent optimistes.

Comment pensez-vous reconquérir vos parts de marché ?
S. R. :
Notre reconquête des parts de marché est conditionnée par plusieurs éléments d’ordre structurel. Par l’amélioration de la fluidité du passage portuaire qui se poursuit, grâce à une meilleure organisation des compagnies maritimes et des manutentionnaires. Conjoncturel par des remises commerciales exceptionnelles qui ont été proposées aux occupants de la place portuaire et sont encore en cours. De même, les terminaux ne souffrent pas de congestion et reçoivent davantage d’escales depuis quelques mois.
Par ailleurs, Haropa Port a effectué cette année de nombreuses missions à l’étranger : aux Caraïbes en janvier, au Vietnam en février, en Inde en mars, puis aux États-Unis et, enfin, en septembre, en Amérique latine, pour notamment l’industrie et le reefer. Il s’est agi de rappeler nos solutions compétitives, comme une économie de 500 à 1 000 dollars pour transiter un conteneur entre Le Havre et Rungis plutôt que par Rotterdam. Les équipes ont aussi travaillé à identifier
les filières industrielles intéressées à implanter de nouvelles usines en Europe.

Qu’est-ce qui fait aujourd’hui, va faire demain, la différence entre les ports d’Anvers, de Hambourg, de Rotterdam et de Haropa Port ?
S. R. :
Ce qui fait notre principale différence, au-delà d’une situation géographique exceptionnelle, est notre capacité à proposer du foncier, aménagé avec toutes les utilités, clé en mains, à proximité du premier bassin de consommation européen. Les ports sont les territoires majeurs de réindustrialisation et notre plan de développement prévoit l’aménagement progressif de près de 500 hectares le long de l’axe Seine pour implanter de nouvelles industries. Ils sont inscrits dans les 12500 hectares des ports métropolitains d’intérêt national, sanctuarisés dans le cadre de la loi Zéro artificialisation nette (Zan). (...)

> Lire l'intégralité de l'interview dans l'Antenne Spécial Normandie

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