"À partir de demain, mercredi 5 juin, Aircalin reprendra de façon progressive une partie de ses vols commerciaux longs et moyens courriers", a annoncé le 4 juin la compagnie aérienne locale, information confirmée par la chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie, gestionnaire de la plateforme.
Cette "reprise partielle" concerne un "programme de vols allégé qui restera en vigueur jusqu'au retour à une situation normale", précise toutefois Aircalin.
Un pont aérien pour atteindre l'aéroport
Parmi les difficultés, sont cités le couvre-feu en vigueur au moins jusqu'au 10 juin et la situation sur la route RT1 allant de Nouméa à l'aéroport, qui a été l'un des principaux points chauds des émeutes et reste difficilement praticable.
L'aérogare n'étant toujours pas accessible depuis le sud de la Nouvelle-Calédonie, un pont aérien sera mis en place pour transporter les passagers et leurs bagages entre La Tontouta et l'aérodrome de Magenta, situé dans le quartier du même nom à Nouméa, précise la compagnie aérienne.
La situation sur le territoire océanien, en proie depuis le 13 mai à sa plus grave crise depuis les années 1980, s'est améliorée depuis la fin du mois de mai, mais de nombreux barrages continuent de parsemer le territoire. Les autorités en démontent chaque jour ; certains sont ensuite reconstitués dans la foulée, ralentissant le retour à la normale.
Les émeutes, déclenchées par le vote à Paris d'une réforme du corps électoral accusée par les indépendantistes de marginaliser la population autochtone kanak, ont conduit à la mort de sept personnes, dont deux gendarmes, et au blocage de nombreuses voies sur la grande île.
Des tensions loin d'être finies
L'aéroport international de Nouméa est fermé depuis le début des émeutes. Les premiers vols concernés le 5 juin par la reprise du trafic sont un vol en provenance de Papeete via Nandi, aux Fidji, et un vol à destination de Brisbane (Australie) en soirée.
Au col de la Pirogue, sur la route menant de Nouméa à l'aéroport, situé 50 km au nord de la ville, des militants indépendantistes ont replacé des barrages le 3 juin à l'endroit où deux hommes ont été blessés dans un échange de coups de feu avec la gendarmerie, intimant aux automobilistes de faire demi-tour.
Le 4 juin, un long convoi de gendarmes s'est déplacé pour escorter les opérations de déblaiement, mais ceux-ci étaient à peine partis que les militants replaçaient pierres, branches et débris de tôle en travers de la route.
Sur le plan politique, les responsables du parti non-indépendantiste modéré Calédonie ensemble ont estimé le 4 juin qu'Emmanuel Macron devait "acter officiellement la fin de la procédure du projet de réforme constitutionnelle" du corps électoral, indispensable selon eux pour mettre fin aux troubles.
Le chef de l'État a jusqu'ici seulement indiqué qu'il n'y aurait "pas de passage en force", mais pas non plus de "retour en arrière". Le 4 juin, le FLNKS, principale plateforme de partis indépendantistes, a aussi demandé à Emmanuel Macron de renoncer explicitement à faire adopter la réforme électorale.
La rédaction (avec Mathurin Derel, Charlotte Mannevy et Thibault Marchand de l'AFP)