Toujours handicapé par l'absence partielle ou totale de ses clients passagers historiques, Marseille-Provence a vu son activité rebondir nettement en 2021 comparé à l'année précédente mais s'inscrire en léger déclin par rapport à l'époque pré-Covid. La nouvelle crise l'incite à se concentrer sur la pérennisation de ses acquis plutôt qu'à une course à la croissance.
Il n'y a finalement pas eu de record mais 2021 restera une bonne année pour l'aéroport Marseille-Provence (AMP) dans le contexte de la pandémie, déjà presque balayé par celui de la guerre en Ukraine. La plateforme a traité 56.526 tonnes de fret avionné. Son activité est en progrès de 10,2 % comparé à 2020, même si elle est restée 5,3 % sous le niveau de 2019, année record pour AMP.
DHL et Chronopost performent
Pour son responsable fret, Jean-Marc Boutigny, "2021 est l'année du rebond, d'autant plus que l'habituel premier partenaire de l'aéroport, Air Algérie est loin d'avoir repris son activité normale". Première pourvoyeuse de fret traditionnel (chargé dans les soutes des avions passagers), la compagnie algérienne propose en tout et pour tout un vol passagers par semaine vers sa capitale alors qu'elle assurait plusieurs liaisons quotidiennes entre Marseille et l'Algérie avant la pandémie.
L'activité d'AMP repose très majoritairement sur le fret express. Celui-ci a cru de 8,7 %, à 51.222 tonnes. Dans cette catégorie, DHL a conservé sa première place grâce à une progression de 11,7 % (17.706 tonnes) tandis que Chronopost a poursuivi son rattrapage consécutif à son interruption totale d'activité du printemps 2020. L'ex-numéro un du fret express provençal a vu son volume augmenter de 40,8 % l'an dernier, pour 16.320 tonnes transportées.
UPS a connu une évolution plus modeste de 1,2 %, à 13.391 tonnes. Enfin, Fedex poursuit la restructuration de son réseau entamée depuis le rachat de TNT en même temps que son déclin dans le ciel marseillais (- 40,9 %, 3.805 tonnes). Après le retrait du B757 cargo du transporteur néerlandais entre Marseille et Roissy qui n'a laissé que l'ATR 72 de Fedex, c'est la liaison avec Liège, le hub de TNT, qui s'arrêtera définitivement à la fin du mois de mars.
Ethiopian numéro un en traditionnel
Sur fond de lente reprise, le fret traditionnel s'est relevé de 26,5 % comparé à 2020, pour 5.304 tonnes. Et malgré la quasi-disparition du paysage des anciens piliers d'AMP, la chute n'est que de 25 % comparé à l'année record et ses 7.074 tonnes.
Il faut dire que l'avènement d'Ethiopian juste avant la crise du Covid, en juin 2019 a été bénéfique au-delà des espérances. Le transporteur a atteint 1.607 tonnes grâce à une croissance annuelle de 185 %, alors qu'il était déjà le principal soutien du fret traditionnel marseillais en 2020.
Largement numéro un, désormais, la compagnie qui a maintenu entre Marseille et Addis-Abeba une offre passagers et cargo significative tout au long de la crise sanitaire, a apporté 30 % du fret non express traité en 2021 par la plateforme marseillaise. Les marchandises convoyées ont été principalement des fleurs et des légumes à l'import et à l'export du fret pétrolier pour le Nigeria et du matériel médical et humanitaire. La compagnie a transporté en sortie de Marseille 455 tonnes en tout cargo avec son vol Londres-Marseille-Addis-Abeba.
Toujours parmi les plus actives, Air Corsica a chargé 1.247 tonnes (+ 1,5 %) en 2021 et Air Algérie 1.105 tonnes (+14,7 %), dont 95 % grâce à son offre tout cargo vers Alger et Hassi Messaoud. Les deux compagnies restent respectivement 19 % et 32 % en-dessous de leur record en Provence.
En attendant le retour des clients historiques
Pour AMP, l'année 2022 a commencé comme la précédente avait fini, avant que le conflit en Ukraine ne vienne ajouter à l'incertitude. La guerre accentue les difficultés pour Jean-Marc Boutigny : "Le fret avec cette partie du monde est marginal mais les opérateurs d'avions gros porteurs sont russe (Volga Dniepr) ou ukrainien (Antonov Airlines). Or, les premiers sont interdits de vol et les seconds sont empêchés". Les vols charters en Antonov 124 semblent donc compromis pour un moment.
Après deux ans de marasme mondial, la somme de vents contraire semble maintenant trop importante pour espérer reprendre rapidement le chemin de la croissance. Au point que pour la première fois, Jean-Marc Boutigny annonce une prévision d'évolution annuelle négative, à 54.000 tonnes, soit - 3,5 %. Une perspective qu'on semble accepter plus volontiers de nos jours.
Car l'urgence climatique et les crises successives redessinent le paradigme de nombre d'acteurs économiques, a fortiori des établissements d'intérêt public. "Le président a annoncé que la croissance pour la croissance, c'est fini, rappelle Jean-Marc Boutigny. La priorité n'est pas d'aller chercher de nouveaux clients mais de stabiliser l'existant et que les compagnies mixtes retrouvent le plus vite possible leur activité".
Au cours des quatorze derniers mois Marseille-Provence a vu s'installer dans son enceinte deux nouveaux transitaires : le spécialiste de l'Algérie AWS Logistique début 2021 et LAM France en janvier dernier.
Le responsable fret guette maintenant le retour des fréquences des Turkish Airlines, Air France, Lufthansa, Royal Air Maroc ou encore Air Sénégal. El Al doit reprendre ses vols avec Israël ce mois-ci et Air Transat ceux avec le Canada en mai. Jean-Marc Boutigny y voit "deux symboles", des signes que l'aéroport est sur la voie d'un retour à la normale.
DHL et Chronopost performent
Pour son responsable fret, Jean-Marc Boutigny, "2021 est l'année du rebond, d'autant plus que l'habituel premier partenaire de l'aéroport, Air Algérie est loin d'avoir repris son activité normale". Première pourvoyeuse de fret traditionnel (chargé dans les soutes des avions passagers), la compagnie algérienne propose en tout et pour tout un vol passagers par semaine vers sa capitale alors qu'elle assurait plusieurs liaisons quotidiennes entre Marseille et l'Algérie avant la pandémie.
L'activité d'AMP repose très majoritairement sur le fret express. Celui-ci a cru de 8,7 %, à 51.222 tonnes. Dans cette catégorie, DHL a conservé sa première place grâce à une progression de 11,7 % (17.706 tonnes) tandis que Chronopost a poursuivi son rattrapage consécutif à son interruption totale d'activité du printemps 2020. L'ex-numéro un du fret express provençal a vu son volume augmenter de 40,8 % l'an dernier, pour 16.320 tonnes transportées.
UPS a connu une évolution plus modeste de 1,2 %, à 13.391 tonnes. Enfin, Fedex poursuit la restructuration de son réseau entamée depuis le rachat de TNT en même temps que son déclin dans le ciel marseillais (- 40,9 %, 3.805 tonnes). Après le retrait du B757 cargo du transporteur néerlandais entre Marseille et Roissy qui n'a laissé que l'ATR 72 de Fedex, c'est la liaison avec Liège, le hub de TNT, qui s'arrêtera définitivement à la fin du mois de mars.
Ethiopian numéro un en traditionnel
Sur fond de lente reprise, le fret traditionnel s'est relevé de 26,5 % comparé à 2020, pour 5.304 tonnes. Et malgré la quasi-disparition du paysage des anciens piliers d'AMP, la chute n'est que de 25 % comparé à l'année record et ses 7.074 tonnes.
Il faut dire que l'avènement d'Ethiopian juste avant la crise du Covid, en juin 2019 a été bénéfique au-delà des espérances. Le transporteur a atteint 1.607 tonnes grâce à une croissance annuelle de 185 %, alors qu'il était déjà le principal soutien du fret traditionnel marseillais en 2020.
Largement numéro un, désormais, la compagnie qui a maintenu entre Marseille et Addis-Abeba une offre passagers et cargo significative tout au long de la crise sanitaire, a apporté 30 % du fret non express traité en 2021 par la plateforme marseillaise. Les marchandises convoyées ont été principalement des fleurs et des légumes à l'import et à l'export du fret pétrolier pour le Nigeria et du matériel médical et humanitaire. La compagnie a transporté en sortie de Marseille 455 tonnes en tout cargo avec son vol Londres-Marseille-Addis-Abeba.
Toujours parmi les plus actives, Air Corsica a chargé 1.247 tonnes (+ 1,5 %) en 2021 et Air Algérie 1.105 tonnes (+14,7 %), dont 95 % grâce à son offre tout cargo vers Alger et Hassi Messaoud. Les deux compagnies restent respectivement 19 % et 32 % en-dessous de leur record en Provence.
En attendant le retour des clients historiques
Pour AMP, l'année 2022 a commencé comme la précédente avait fini, avant que le conflit en Ukraine ne vienne ajouter à l'incertitude. La guerre accentue les difficultés pour Jean-Marc Boutigny : "Le fret avec cette partie du monde est marginal mais les opérateurs d'avions gros porteurs sont russe (Volga Dniepr) ou ukrainien (Antonov Airlines). Or, les premiers sont interdits de vol et les seconds sont empêchés". Les vols charters en Antonov 124 semblent donc compromis pour un moment.
Après deux ans de marasme mondial, la somme de vents contraire semble maintenant trop importante pour espérer reprendre rapidement le chemin de la croissance. Au point que pour la première fois, Jean-Marc Boutigny annonce une prévision d'évolution annuelle négative, à 54.000 tonnes, soit - 3,5 %. Une perspective qu'on semble accepter plus volontiers de nos jours.
Car l'urgence climatique et les crises successives redessinent le paradigme de nombre d'acteurs économiques, a fortiori des établissements d'intérêt public. "Le président a annoncé que la croissance pour la croissance, c'est fini, rappelle Jean-Marc Boutigny. La priorité n'est pas d'aller chercher de nouveaux clients mais de stabiliser l'existant et que les compagnies mixtes retrouvent le plus vite possible leur activité".
Au cours des quatorze derniers mois Marseille-Provence a vu s'installer dans son enceinte deux nouveaux transitaires : le spécialiste de l'Algérie AWS Logistique début 2021 et LAM France en janvier dernier.
Le responsable fret guette maintenant le retour des fréquences des Turkish Airlines, Air France, Lufthansa, Royal Air Maroc ou encore Air Sénégal. El Al doit reprendre ses vols avec Israël ce mois-ci et Air Transat ceux avec le Canada en mai. Jean-Marc Boutigny y voit "deux symboles", des signes que l'aéroport est sur la voie d'un retour à la normale.