Les deux grands concurrents de l'aéronautique mondiale vont se répartir les activités de l'équipementier en difficulté Spirit AeroSystems, un fournisseur stratégique pour l'un et l'autre.
Boeing, de loin le plus important client de Spirit (60 % de son chiffre d'affaires en 2022), réalisera l'opération de réinternalisation en actions, au prix de 37,25 $ par titre, valorisant l'entreprise à 4,7 Md$. En incluant la dette de Spirit, l'opération est estimée à 8,3 Md$.
C'est un retour aux sources pour l'équipementier. En vue de se recentrer sur l’assemblage final des avions, l'avionneur européen s’était séparé en 2005 de son usine de Wichita (Kansas), spécialisée dans les aérostructures, donnant ainsi naissance à Spirit AeroSystems. La société a ensuite grossi à coups d’acquisitions et diversifié ses clients, parmi lesquels Airbus, pour lequel il produit notamment des éléments d'ailes.
Le 1er juillet, l'avionneur européen a indiqué avoir "conclu un accord contraignant avec Spirit AeroSystems portant sur l'acquisition potentielle d'activités majeures liées à Airbus". Car il était impensable pour Airbus que son principal concurrent devienne l'un de ses fournisseurs stratégiques.
Sous surveillance de la FAA
Spirit AeroSystems et Boeing sont sous surveillance depuis qu'un porte-bouchon de la carlingue d'un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est décroché en plein vol le 5 janvier.
Le 4 mars, l'Agence américaine de l'aviation (FAA) avait indiqué que des "problèmes de non-conformité dans le processus de contrôle de fabrication, la manipulation et le stockage des pièces détachées et le contrôle de la production" avaient été repérés chez Boeing et Spirit AeroSystems.
Trois des quatre familles d'avions actuellement fabriqués par Boeing sont visés par des enquêtes de la FAA pour des problèmes de qualité : le 737, le 777 et le 787 Dreamliner.
Une partie des activités pour Airbus
Quant à Airbus, l'acquisition envisagée, soumise à un processus de diligence raisonnable de l'équipementier en difficulté, concernerait notamment la production de sections de fuselage de l'A350 située à Kinston (Caroline du Nord) et à Saint-Nazaire (France), des ailes et du fuselage central de l'A220 à Belfast (Irlande du Nord) et à Casablanca (Maroc), ainsi que des pylônes de l'A220 à Wichita (Kansas).
"Avec cet accord, Airbus entend assurer la stabilité de l'approvisionnement de ses programmes grâce à une évolution plus durable, tant sur le plan opérationnel que financier, des différents lots de travaux d'Airbus dont Spirit AeroSystems est aujourd'hui responsable", indique Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus. Alors que Spirit et Boieng avaient entamé des négociations préliminaires en vue d'un remariage fin mars, le dirigeant avait confié, fin avril, suivre "de près" la situation. "Nous ne voulons pas que des lots de travail importants soient fournis par notre principal et seul concurrent", avait-il souligné.
La rédaction (avec l'AFP)
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