Boeing : l'incident du 737 Max d'Alaska Airlines est dû à des boulons manquants

Avion Boeing 737 MAX au sol, posé sur le tarmac de l’aéroport du Bourget, salon du Bourget – Paris Air Show de juin 2023 (France)

Incident 737 Max : des boulons manquaient, selon l'enquête, qui met en cause Boeing.

Crédit photo Florence Piot/Adobe Stock
Plusieurs boulons censés bloquer la porte d'un Boeing 737 Max 9 qui s'est détachée le 5 janvier 2024 lors d'un vol de la compagnie Alaska Airlines étaient manquants, selon l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB), qui a mis en cause l'avionneur. "Boeing doit rendre des comptes sur ce qu'il s'est passé", a réagi le directeur général du constructeur aéronautique, Dave Calhoun.    

Le 5 janvier, une porte bouchon s'est décrochée lors de l'ascension du Max 9 d'Alaska Airlines qui devait relier Porland (Oregon) à Ontario (Californie). Cette porte servait à boucher une issue et n'avait pas vocation à être ouverte, ce modèle possédant déjà suffisamment de sorties de secours dans cette configuration. L'incident n'a fait que quelques blessés légers.

Quatre boulons manquants

"Quatre boulons prévus pour empêcher que la porte-bouchon ne se déplace vers le haut étaient manquants avant qu'elle ne bouge", indique le rapport préliminaire de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB). Pour preuves : l'absence d'usure ou de déformation autour des trous.

Avant la publication du rapport de la NTSB, Alaska Airlines avait déjà fait état d'"équipements mal fixés" après des inspections préliminaires. Propriétaire de la plus importante flotte de Boeing 737 Max 9 (79 avions), la compagnie United Airlines avait, elle, dit avoir découvert, lors de vérifications, des "boulons qui nécessitaient d'être resserrés".

La NTSB a recueilli des documents écrits et des photos qui montrent que des employés de Boeing ont retiré quatre boulons situés à ces emplacements lors d'une inspection à l'usine de Renton (État de Washington, au nord-ouest des États-Unis) avant la livraison de l'avion, en octobre 2023. L'opération avait été réalisée pour remplacer cinq rivets endommagés dans l'habitacle de l'appareil. D'autres clichés pris après le changement des rivets montrent qu'en trois points au moins, des boulons n'avaient pas été réinstallés. 

"Boeing doit rendre des comptes"

"Quelles que soient les conclusions" de la NTSB, "Boeing doit rendre des comptes sur ce qu'il s'est passé", a réagi le directeur général du constructeur aéronautique, Dave Calhoun. "Un événement comme celui-là ne doit pas se produire sur un appareil qui quitte notre usine", a martelé le dirigeant, rappelant que Boeing avait déjà engagé un "plan complet pour renforcer la qualité et la confiance de [ses] actionnaires".

Après l'incident sur le vol d'Alaska Airlines, l'Agence américaine de régulation de l'aviation civile (FAA) avait suspendu de vol 171 des 218 737 Max 9 déjà livrés. 

Ces derniers mois, l'avionneur américain Boeing a aussi connu d'autres épisodes de défaillance et a notamment dû ralentir ses livraisons à cause de problèmes sur le fuselage, en particulier sur la cloison étanche arrière de l'appareil.

Une supervision des appareils de Boeing renforcée

Lundi 5 février, la NTSB a annoncé que 94 % des 144 appareils de ce modèle opérés par les compagnies United et Alaska avaient été inspectés et autorisés à reprendre leurs vols.

Mardi 6 février, lors d'une audition au Congrès, le nouveau patron de la FAA, Mike Whitaker, a estimé nécessaire de renforcer la supervision de Boeing après l'incident du 737 Max 9. "Il y a eu des problèmes [avec Boeing] par le passé et il semble qu'ils n'aient pas été solutionnés", a déclaré le nouvel administrateur de la FAA, qui a pris ses fonctions en octobre, lors d'une audition devant la sous-commission de la Chambre des représentants sur l'aviation. "Dès lors, nous avons le sentiment d'avoir besoin de relever le niveau de supervision pour traiter cela", a-t-il poursuivi.

Définir une nouvelle méthode de contrôle pérenne

M. Whitaker a indiqué que la FAA avait dépêché une vingtaine d'inspecteurs chez Boeing, actuellement à pied d'œuvre pour vérifier les conditions d'assemblage des appareils du groupe. Cette approche rompt avec les méthodes traditionnellement employées par l'agence, qui s'appuyaient essentiellement sur l'étude de documents transmis par Boeing.

La FAA a commandé à un cabinet spécialisé un audit de 6 semaines, en cours de réalisation, dont les conclusions serviront à définir une nouvelle méthode de supervision pérenne. "Nous n'avons pas encore pris de décision, mais je m'attends à ce que nous gardions des gens sur site", a déclaré le patron de la FAA.

Mike Whitaker a aussi dit que le régulateur envisageait de ne plus laisser, comme c'est le cas aujourd'hui, la responsabilité à Boeing d'une partie du contrôle qualité de ses propres avions, quitte à passer par un prestataire tiers.

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