Dans un contexte commercial conflictuel, le ministère du Commerce chinois avait immédiatement réagi à la décision de Bruxelles d'instaurer des droits de douane (jusqu'à 38 %) sur les importations de véhicules électriques chinois (après les États-Unis, à 100 %), dénonçant "un comportement purement protectionniste" et promis des représailles.
Alors que les véhicules fabriqués dans les usines chinoises étaient jusqu'ici taxés à hauteur de 10 % dans l'UE, Bruxelles prévoit d'y ajouter des droits compensateurs (supplémentaires) de 17,4 % pour le fabricant chinois BYD, de 20 % pour Geely et de 38,1 % pour SAIC.
Cette décision fait suite à l'ouverture d'une enquête antisubventions lancée en septembre 2023. En question, les largesses publiques chinoises en faveur de son industrie automobile et sa politique proactive qui permettent à la seconde puissance économique mondiale d'avoir une longueur d’avance en matière d’électromobilité. Les entreprises chinoises, soutenues par le gouvernement, couvrent aujourd'hui l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’extraction des matières premières à la fabrication des batteries et de véhicules électriques.
>>> Lire également : Après Washington, l'UE va imposer des droits de douane sur les véhicules électriques chinois
Pékin a donc mis à exécution ses menaces le 17 juin en lançant une enquête antidumping sur les importations de porc et de produits en provenance de l'Union européenne. Elle fait suite, précise l'exécutif chinois, à une demande officielle déposée par l'Association chinoise de l'élevage au nom de l'industrie porcine nationale.
En janvier, la Chine avait déjà ouvert une enquête antidumping sur les brandys européens, dont le cognac français. Lancée après une plainte de professionnels de l'alcool chinois, cette procédure est également considérée par les observateurs comme une mesure de rétorsion à l'enquête européenne sur les subventions aux voitures électriques produites en Chine, largement soutenue par la France.
La Chine, à l'occasion de la visite de son président Xi Jinping en France début mai, avait pourtant donné quelques gages à Paris en s'engageant à faciliter l'accès à certains produits français. Le porc fait partie des produits importés qui se retrouvent chroniquement au cœur des tensions commerciales. Il avait été l'un des grands perdants, avec le charbon, des différends entre la Chine et l'Australie durant la pandémie, lorsque Camberra avait barré la route au géant chinois Huawei à propos de la 5G.
Adeline Descamps (avec contribution de l'AFP)