Le Sri Lanka estime à 40 M$ le dédommagement pour la pollution massive provoquée par l’incendie du X-Press Pearl, ce feeder de 2 700 EVP qui a erré en flamme pendant des jours au large des côtes sri-lankaises. C’est Rohitha Abeygunawardena, le ministre des Ports et du Transport maritime du Sri Lanka, qui a ainsi fait part de la somme qui sera exigée auprès de l'armateur X-Press Feeders.
« En outre, nous réclamerons le remboursement des coûts engagés pour éteindre l'incendie », a-t-il ajouté. Si les impacts de l’événement ne sont pas encore totalement évalués, une première procédure temporaire a été lancée à l'encontre de l’armateur du navire X-Press Feeders. Le Sri Lanka a précisé qu’il avait demandé l'aide de l'Australie pour cette évaluation.
La poupe du feeder de 2 700 EVP a touché le fond marin à 22 m de profondeur et 11 km au large de la capitale du Sri Lanka le 2 juin près de deux semaines après le début du sinistre et neuf jours après l'abandon du navire. Les efforts et les moyens déployés – ceux de la société néerlandaise SMIT, les neuf navires sri-lankais, trois navires indiens et des avions de l’Air Force du Sri Lanka – auront été vains pour venir à bout des flammes. Le navire immatriculé à Singapour se rendait du Gujarat en Inde à Colombo au Sri Lanka lorsqu’un départ de feu a été signalé le 20 mai.
Interdiction de pêcher levée
Selon les informations contenues dans les rapports d’accident du Lloyd’s, sur les 1 486 conteneurs, 81 étaient identifiés en dangereux, dont 25 emplis d'acide nitrique. L'essentiel de la cargaison aurait été détruit par les flammes. Les débris s'échouent le long des 80 km de côtes dans une région identifiée comme une zone de pêche importante.
Le gouvernement a par ailleurs annoncé samedi que l'interdiction de pêcher avait été levée, excepté pour la zone la plus proche du navire. Le ministre de la Pêche Kanchana Wijesekera a indiqué pour sa part que le nettoyage des plages touchées par la pollution se poursuivait. Quelque 1 200 t de granulés de plastique et autres débris ont été récoltés et stockés dans 45 conteneurs.
Le Cedre, mandaté
Le Cedre (Centre de documentation, de recherches et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) créé en janvier 1979 à la suite de la catastrophe de l'Amoco Cadix et implanté sur le port de Brest, va y dépêcher deux de ses experts : Camille Lacroix, la cheffe du service Surveillance et études des déchets aquatiques, et son collègue Stéphane Le Floch, chef du service recherche.
Les deux scientifiques, très expérimentés dans les domaines des pollutions par hydrocarbures, produits chimiques et plastiques, auront pour mission d'établir une première évaluation des capacités et besoins en termes de lutte face aux risques immédiats, d'évaluer l'impact environnemental et de conseiller techniquement les autorités sur les actions à mener en termes de lutte anti-pollution, nettoyage, restauration et de suivi de l'environnement.
Après consultation des autorités sri-lankaises, leur candidature a été retenue. Ils rejoindront le 15 juin la capitale Colombo et seront alors intégrés à une mission coordonnée par les Nations-Unies, appelée Joint UNEP-OCHA Environment Unit. Cette unité répond aux impacts environnementaux des catastrophes et accidents soudains en coordonnant les efforts internationaux et les interventions sur place.
Pour Stéphane Foll, le directeur de l’organisme, « cette nouvelle sollicitation vient une nouvelle fois confirmer la confiance accordée au Cedre et à ses équipes par les autorités françaises, européennes et internationales ».
Adeline Descamps - Gérard Le Brigand
