Faut-il l’interpréter comme le signe d’une conjoncture qui s’améliore pour le marché des transporteurs de voitures, particulièrement affectés par la crise sanitaire ? L’opérateur norvégien sort du désarmement neuf des seize navires à l’arrêt.
Pour les transporteurs de voiture, l’année 2020 fut sinistre. La chute drastique de la demande de véhicules observée dans la plupart des grands marchés de consommation et la mise à l’arrêt forcée des industries dans les grands pays constructeurs ont fait déraper le transport maritime de véhicules. D’avis d’experts, le marché automobile mondial devrait vivre en 2020 la pire année jamais enregistrée pour le secteur, avec une baisse prévue des ventes de plus de 22 %. Soit 70,5 millions de véhicules. Toutes les régions sont touchées, mais c’est en Europe que la baisse a été la plus forte. Le roulier a été secoué.
Selon les données de la Lloyd's List Intelligence, à l’acmé de la crise, entre le 11 mars et 11 mai, les escales mondiales de rouliers sont tombées à environ 9 000 par semaine contre une moyenne de 15 000 enregistrée pour la même période en 2019. Le secteur a dû affronter d’autres épreuves, subissant une série d'incendies sur des transporteurs de voiture.
Lent redressement
Reflétant le lent redressement du secteur, l’un des grands acteurs du marché, Wallenius Wilhelmsen a prévu de réactiver au cours du premier trimestre neuf des seize navires désarmés de sa flotte de 123 transporteurs de voitures. En invoquant la surcapacité de sa flotte, l’opérateur norvégien avait d’abord désarmé sept navires en Norvège et trois en Malaisie. En juin, il devait se résigner à mettre au chômage six navires supplémentaires. En outre, la compagnie a envoyé pour démolition quatre unités vieillissantes de sa flotte et rendu sept navires affrétés à leurs propriétaires. C'était la première fois en 12 ans, depuis la crise financière mondiale de 2008, que la société devait procéder à de telles mesures.
Le fait de réarmer lui permet de restituer des tonnages affrétés dans le cadre de contrats à court terme. Une solution pour réduire ses coûts et préserver sa trésorerie. L’opérateur y est aussi contraint faute de capacités disponibles sur le marché de l'affrètement, dont les tarifs s’envolent. « La flexibilité de la flotte a toujours été un des fondamentaux de notre stratégie, garantissant notre capacité à adapter la flotte à nos besoins et à l'évolution de la demande du marché », justifie Craig Jasienski, PDG de Wallenius Wilhelmsen.
Les quinze premiers transporteurs de véhicules par le nombre de navires et de port en lourd (source : Dynamar).
Refinancer sa dette
L’opérateur devrait recevoir, au deuxième trimestre, le quatrième et dernier navire de sa série Hero, conçue pour apporter une plus grande efficacité opérationnelle et répondre aux normes environnementales.
Le transporteur d’automobiles a enregistré un léger bénéfice au troisième trimestre de l’an dernier, de 4 M$ avant impôts et accusé des recettes en baisse de 27 %, à 697 M$. C’était toutefois mieux que le deuxième trimestre où la compagnie maritime a subi un déficit de 69 M$ tandis que son chiffre d'affaires avait perdu en trois mois 91 M$. Face à la chute de ses bénéfices de 40 % au deuxième trimestre (606 M$), Wallenius Wilhelmsen a réagi en levant plus de 200 M$ sur le marché obligataire, un emprunt dont l'échéance est fixée à septembre 2024 et qui sera utilisé pour refinancer sa dette.
En septembre 2020, les 15 premiers transporteurs de véhicules exploitaient près de 620 navires, soit 87 % de la flotte mondial et 90 % du port en lourd mondial, Wallenius Wilhelmsen, NYK RoRo et MOL ACE en tête (source : Dynamar). Wallenius Wilhelmsen arrive en outre en tête par le port en lourd moyen par navire et la capacité de transport de voitures (CEU).
Adeline Descamps