Seaborne Freight continue de faire des vagues

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Alors que les parlementaires britanniques ont rejeté ce 15 janvier  le texte négocié avec l'UE définissant les modalités de sortie du Royaume-Uni, l’attribution d'un contrat de 13,8 M£ (15,4 M€) par le ministère des Transports britannique à Seaborne Freight continue de susciter beaucoup de remous. La compagnie sans port, sans navires, sans horaires, sans clauses juridiques ... n'en finit plus de faire l'objet ... d'un examen minutieux.

Nouvel entrant sur le marché transmanche, Seaborne Freight est la seule compagnie basée au Royaume-Uni, aux côtés de DFDS (Danemark) et de Brittany Ferries (France), à bénéficier des contrats d'urgence annoncés fin décembre par le DfT pour disposer, dans l'éventualité d'un Brexit sans transaction,  de capacités de fret supplémentaires sur des bateaux qui pourraient éventuellement toucher d’autres ports britanniques Felixstowe, Plymouth, Portsmouth…) et ainsi alléger la pression sur Douvres. D'une valeur totale de 108 M£ (115 M€), les trois contrats ne couvrent in fine que 8 % du trafic quotidien entre Calais et Douvres mais pourraient s’avérer fort utiles pour des produits de premières nécessité et denrées périssables.

La start-up de droit britannique est censée offrir un service Ramsgate-Ostende deux fois par jour dès fin mars. Or, l'entreprise n'a pour l’heure, quoi qu’elle en dise, ni ferries, ni contrats de transport, ni horaires, ni employés, pas même de site web, de clauses de dommages-intérêts, les conditions générales figurant dans sa documentation auraient été en outre copiés-collés d'un site web de livraison à domicile. En outre, le directeur général de la société dirigeait auparavant des sociétés basées à Folkestone, qui avaient un projet similaire d’une ligne de ferry entre Ramsgate et Ostende, mais qui ont été déclarées en faillite en laissant des dettes fiscales estimées à 1,8 M£ par le Financial Times.

Le DfT a donc été accusé de ne pas avoir fait preuve de « due diligence » (concept anglo-saxon désignant l’ensemble des vérifications qu'est censé opéré un futur acquéreur avant de se prononcer sur son investissement), le parti travailliste d'opposition demandant au ministre des Transports Chris Grayling de démissionner pour « incompétence caractérisée ».

Ramsgate aussi en question

En outre, la question de l’infrastructure du port de Ramsgate (tirant d'eau, ressources humaines, services portuaires etc.) et de ses équipements pour assurer ces services avant la date convenue de début mars fait débat alors qu'il n'a pas exploité de service régulier de ferry depuis 2013. Plusieurs services de ferry annoncés n’ont jamais vu le jour, le port enregistrant d'importantes pertes d'exploitation afin de rester ouvert malgré un trafic commercial très limité. Seaborne Freight a déclaré qu'elle affréterait des navires pour exploiter le nouveau service, le « candidat » le plus probable étant l’ex-SeaFrance Nord Pas-de-Calais, qui a récemment été exploité entre l'Espagne et le Maroc.

« Seaborne Freight dispose de trois mois pour trouver les navires, recruter et former le personnel et mettre en place toutes les infrastructures nécessaires au lancement du service avant de quitter l'UE. Ça a l'air d'être un défi de taille », commente Richard Burnett, directeur général de la Road Haulage Association. En outre, les syndicats britanniques ont attaqué le DfT pour avoir refusé que les conditions d’emplois des gens de mer britanniques s'appliquent aux nouveaux services.  « Il s'agit de contrats passés par le gouvernement britannique. Il serait en droit d’imposer un équipage de marins britanniques et une protection par la législation du travail anglaise », a déclaré Mick Cash, secrétaire général du RMT.

L'absence de spécifications propres aux conditions d’emploi des équipages sur les ferries « ajoutés » pourrait aussi « saper » les opérateurs existants qui, eux, forment et emploient les gens de mer britanniques, rappelle le secrétaire général de Nautilus (syndicat des officiers), Mark Dickinson. « Le Brexit était destiné à offrir des opportunités mais cela ne semble pas concerner l'industrie maritime britannique ou les gens de mer britanniques », a-t-il relevé. 

--- Robert Jaques --- 

 

Scepticisme et prudence à Ostende

La perspective d’un retour d’un service ferry entre le R-U et Ostende a provoqué un regain d’intérêt teinté scepticisme. Depuis plus d’un an, les autorités du port flamand ont eu des contacts réguliers avec les promoteurs de Seaborne, sans résultats. Le dossier est désormais sur le bureau du nouveau maire d’Ostende Bart Tommelein, qui a quitté tout récemment son poste de ministre des Finances au gouvernement fédéral belge. Pour ce dernier, le port est toujours prêt à accueillir un service ferry d’autant plus que les infrastructures existent bien qu’inactives, mais des conditions s’imposent.

Si les contacts ont été vains précisément parce que les questions relatives à la situation financière de l’entreprise, ses perspectives et ses moyens d’action sont restés sans réponses. Le maire a donc pris contact avec les autorités de Ramsgate dans le but d’obtenir des informations fiables quant à la viabilité d’un tel service. Ostende veut des garanties. Quelle est la viabilité d'un tel projet ? la pérennité du service au-delà des contrats passés par le gouvernement britannique ? Quelle sera la stabilité de cette entreprise, voire celle dudit gouvernement qui fait l’objet de nombreuses critiques ...

La position des autorités ostendaises est claire : une attitude toujours positive à l'égard d'un nouveau service, mais pas pour une ligne qui disparaîtra après deux ans... Enfin, tout semble indiquer qu’il s’agirait d’un service pur fret, ce qui pour l’exploitant est moins rémunérateur qu’une opération Ropax et moins générateur de devises liées au tourisme, nécessaire à l’économie de la ville. Un tel trafic implique aussi une pression sur les réseaux routiers. 

Ostende a connu de bonnes années en transmanche avec des records à plus de 7 Mt et 250 000 passagers. La disparition du groupe Colbelfret, qui avait repris le terminal de Ferryways, a représenté jusqu’à 280 000 unités fret avant de disparaître. Un sort qu'a connu également TranseEuropa Ferries qui y avait généré quelque 200 000 unités fret en 2009.

--- B.V.D.B ---

 

 

 

 

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