Les premières voitures pyramides ne devraient pas tarder à converger vers Marseille depuis la Finlande, la Suède, l’Allemagne, la Belgique afin de rejoindre Alger la Blanche. Après de longs mois de blocus, le gouvernement algérien rouvre progressivement les liaisons ferries à raison d’une rotation par semaine. Alicante fut le premier port à reprendre du service en octobre, suivi de Marseille tandis que la desserte de l’Italie demeure toujours interrompue.
Au lendemain de son inauguration, le 31 octobre, par le premier ministre algérien, le Badji Mokthar III a largué les amarres pour Marseille où il s’est amarré au poste 93 en contrebas de la Cathédrale de la Major. Livré par la Chine en août dernier à l’ENTMV, d’une valeur de 175 M€, cet imposant navire de 200 m de long a bénéficié de subvention de la région Sud pour sa connexion électrique à quai. Une installation qui sera utilisée lors du transfert du terminal Maghreb au Cap Janet.
Sous haute surveillance sanitaire
Sa capacité de 1 800 passagers, a été réduite à 1 300 places par le gouvernement algérien pour des raisons sanitaires. De son côté la compagnie française a volontairement rabaissé sa jauge de 2 500 à 1 300 places. Des protocoles spécifiques sont imposés par les deux États dans chaque sens avec notamment l’intervention, côté français, de brigades de marins-pompiers cynophiles spécialisées dans la détection du coronavirus.
« La demande est très soutenue compte tenue de la faiblesse des liaisons aériennes également avec un vol par semaine. Marseille-Alger est la principale ligne de la compagnie et nous allons vivre un grand moment. Nous devrions appareiller samedi à 16 heures avec 1248 voyageurs et 602 véhicules. Pour cette première traversée nous ne transporterons pas de fret, le passager sera prioritaire et par la suite nous transporterons une dizaine de remorques par traversée », s’enthousiasme Hamouche Aghiles, chef d’exploitation de l’ENTMV à Marseille. Pour répondre à cette affluence, la compagnie a augmenté ses effectifs à bord de 140 à 189 membres d’équipage. Tout comme ENTMV, Corsica Linea se réjouit également de l’ouverture des frontières mais s’inquiète de l’insuffisance des effectifs de contrôle de police aux frontières.
Une capacité annuelle de 120 000 passagers par an et 40 000 voitures pour Corsica Linea
Le Danielle Casanova (2 400 voyageurs de capacité) qui a repris en juin ses traversées sur la Tunisie larguera les amarres mardi 9 novembre en affichant complet avec 1 300 passagers et 450 véhicules à l’embarquement. « Après 19 mois, 525 jours d’arrêt, c’est la joie et de l’appréhension quant au bon déroulement de l’escale », a souligné Guy Tomasi, chef du service passage de Corsica Linea, manifestement heureux de permettre aux Algériens de rentrer chez eux. « Nous tablons sur un flux de 12 000 voyageurs d’ici la fin de l’année. Cette ligne représente un volume annuel de 120 000 passagers par an et 40 000 voitures », ajoute Alain Mistre, le directeur d’exploitation des lignes Afrique du Nord de Corsica Linea et président de l’UMF Marseille Fos.
À présent, les armateurs espèrent un assouplissement des mesures également à Skikda et Oran, toujours fermés aux voyageurs. Le redémarrage de ces lignes de ferry pourrait bien faire créer des remous du côté de Toulon où les flux de véhicules neufs expédiés par Gefco et la CAT montent en puissance depuis plusieurs mois.
Nathalie Bureau du Colombier