Nexans, qui a investi à ce jour plus de 500 M€ dans l’éolien offshore et les interconnexions, renforce ses capacités sur ses marchés cibles avec la réception d’un deuxième navire pour seconder son Nexans Skagerrak, ces navires de haute technicité dédiés à la pose des câbles électriques sous-marins, qui permettent aux pays de s'échanger les excédents d'énergies ou ramènent vers la terre le courant produit en mer par les éoliennes, faute de pouvoir encore stocker l’énergie.
« Il est le premier du genre dans le secteur de la pose de câbles offshore. Il s’agit de l’un des rares navires câbliers au monde capable de poser également des interconnexions, des infrastructures critiques et améliorer et sécuriser l’approvisionnement en énergie en facilitant les échanges entre pays », a vanté l’entreprise française auprès de ses clients réunis à Halden en Norvège. C’est dans cette commune proche de la frontière suédoise, où une de ses usines de fabrication de câbles est implantée, qu’ont été présentées les capacités « uniques » et les performances du nouveau fleuron.
Un investissement de 150 M€
Long de 150 m, représentant un investissement de 150 M€, le Nexans Aurora est équipé d’un cabestan spécial de 75 t permettant de « poser » des câbles par des profondeurs de 2 000 m et au-delà alors que les précédents records étaient plus proches des 1 200 m. Par sa charge utile de 10 000 t de câbles, le navire n’aurait qu’un seul concurrent dans le monde. Le navire présente également « d’excellentes capacités en eaux peu profondes », lui permettant de se rapprocher du rivage pour les opérations d’atterrage du câble, soutient l’entreprise.
Christopher Guérin, le directeur général de Nexans, estime que la demande mondiale d’électricité devrait augmenter de 20 % d’ici à 2030 et que le monde se dirige vers « l’électrification générale des économies ». « Ce navire va fournir des infrastructures cruciales à cet effet ». Dans le contexte de la transition énergétique – avec pour corollaires le boom de la demande mondiale en électricité et la montée en puissance de l'éolien en mer – la nouvelle unité de Nexans dispose d’un planning complet jusqu’en 2024.
Des horizons encourageants
L’entreprise est d’autant plus confiante que le cap fixé par la Commission européenne donne de la visibilité au secteur : la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, s’est engagée à multiplier par 25 d'ici à 2050 les capacités européennes dans l'éolien en mer, nécessitant un investissement de quelque 800 Md€. L’Internet de l’énergie et les autoroutes de l'électricité, qui vont générer des besoins d’interconnexion des réseaux électriques entre pays, offrent d’autres segments de marché.
Nexans participe déjà à plusieurs projets qui font date actuellement dans l’éolien en mer, tel celui de Seagreen en Écosse. Mais le groupe, qui a son siège à Courbevoie, a également remporté en début d’année un contrat pour le projet offshore Equinor au Brésil et a signé pour s’embarquer sur le Empire Wind à New York. Dans le cadre de son partenariat avec Ørsted aux États-Unis, le spécialiste va en outre fournir des câbles destinés à raccorder des parcs éoliens offshore au réseau du continent nord-américain. Il participe également à des projets d’interconnexion, notamment aux côtés d’ADMIE pour la construction d’une liaison d’un gigawatt entre l’île de Crête et le réseau continental grec.
Dans la stratégie de reconquête du pavillon français – grand dessein de l’actuel gouvernement – les câbliers figurent parmi les chevilles ouvrières d’une flotte stratégique.
Adeline Descamps