Mer Rouge : les Houthis changent de balistique

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La guerre évolue en mer Rouge. Les Houthis ont eu recours à un missile hypersonique et ont trouvé un nouvel allié avec la Résistance islamique irakienne. Israël a annoncé de son côté la fin d'une phase intense des combats à Gaza mais déplace ses troupes vers le nord à la frontière avec le Liban, faisant craindre à une régionalisation du conflit.  

Le porte-conteneurs MSC Manzanillo battant pavillon portugais était bien la cible de l'une des dernières attaques revendiquées par les Houthis via le porte-parole militaire du mouvement, Yahya Saree, dans un discours télévisé le 26 juin. Fait nouveau, le navire a été visé dans le port israélien de Haïfa au moyen de plusieurs drones dans le cadre d'une opération militaire conjointe avec la Résistance islamique irakienne.

Un autre navire du transporteur suisse, présenté par les Houthis comme de propriété israélienne (nouvelle méprise qui questionne le niveau d'informations du mouvement), a permis à son insu la concrétisation d'une autre première en essuyant un missile hypersonique « de fabrication locale, doté d'une technologie avancée, qui frappe avec précision et atteint de longues distances », a détaillé le porte-parole militaire.

Il s'agit du MSC Sarah V, enregistré au Liberia, qui se trouvait alors à 280 milles (450 km) au sud-est de Nishtun, près d'Oman, se dirigeait vers Abou Dhabi. Ce n'est cependant pas la première attaque à longue distance et là encore, c'est un navire de MSC (MSC Orion) qui en avait fait les frais. La compagnie d'origine italienne semble être une cible de choix pour les Houthis qui le justifient par la présence au board d'une personne de nationalité israélienne.

Un missile hypersonique

En mars, les médias ont rapporté que les Houthis avaient commencé à fabriquer leur missile hypersonique, capable d'atteindre une vitesse Mach 8 (9 878 km/h). Selon les rapports, ce missile serait utilisé pour menacer les navires dans l'océan Indien. Il a également été rapporté que l'Iran fournissait aux Houthis de nouvelles capacités en matière de missiles. L'armée houthie a diffusé des photos et des vidéos d'un missile baptisé Hatem 2.

Dernièrement, les Houthis ont également diffusé des vidéos d'un « bateau militaire piloté » baptisé Tufan 1, qui serait capable de filer à 35 nœuds grâce à un système de propulsion hors-bord et de transporter 150 kg d'explosifs.

Navire de surface sans équipage à l'œuvre

Le jeudi 27 juin, le mouvement, membre de « l'axe de la résistance » dont font partie l'Iran, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, a revendiqué une autre agression contre le Seajoy. Le vraquier s'acheminait vers la ville saoudienne de Dammam lorsqu'il a été ciblé des missiles et des drones mais aussi par un navire de surface sans équipage (USV), auquel les Houthis ont de plus en plus recours.

Le navire, détenu et géré par des sociétés grecques (Sage Shipping et Eastern Mediterranean Maritime) aurait, selon le porte-parole militaire de la faction, « violé l'interdiction de desservir les ports de la Palestine occupée », un des critères avancés par le groupe solidaire du Hamas palestinien pour justifier la centaine d'attaques perpétrées contre la navigation marchande depuis novembre 2023.

La nouvelle agression, qui s'est produite à l'ouest du port yéménite d'Hodeïda, contrôlé par la faction rebelle, n'a fait ni dégâts ni blessés, a indiqué l'agence de sécurité maritime britannique, l'UKMTO, si bien que le navire a repris son itinéraire.

Au cours de la semaine, plusieurs navires ont essuyé des tirs de projectiles, sans être touchés, à l'instar du vraquier Lila Lisbon, battant pavillon de Saint-Kitts-et-Nevis, selon le Centre conjoint d'information maritime, qui surveille cette zone stratégique.

Crainte d'un embrasement régional

Appuyés par l'aviation, des soldats israéliens ont mené le 28 juin des opérations contre des « dizaines de terroristes du Hamas palestinien se terrant dans des écoles » dans la ville de Gaza, poussant des dizaines de milliers de personnes à la fuite, au neuvième mois de la guerre. Dans le sud, des tirs d’artillerie ont ciblé Khan Younès et Rafah, présentée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas.

La crainte d'un embrasement régional est de plus en prégnante au regard de l'escalade à la frontière israélo-libanaise, une zone sensible en proie aux assauts du Hezbollah contre des positions israéliennes et de l'armée israélienne contre des cibles au Liban.

En milieu de semaine, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant a averti que son pays avait « la capacité de ramener le Liban à l'Âge de pierre » en cas de conflit.
Les États-Unis, l'ONU et la France notamment ont mis en garde contre une guerre au Liban.

Les prix du pétrole ont monté le 27 juin, poussés par le risque géopolitique au Moyen-Orient et les craintes d'une guerre à plus grande échelle. « Israël a annoncé la fin d'une phase intense des combats à Gaza mais déplace des troupes vers le nord à la frontière avec le Liban : les marchés craignent que l'augmentation des hostilités entre Israël et le Hezbollah (...) ne débouche sur une attaque directe sur le sol iranien, s'est inquiété Andy Lipow, analyste de Lipow oil Associates. Le conflit au Moyen-Orient pourrait vraiment devenir régional ».

Adeline Descamps

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