L’avenir du fabricant de conteneurs au sein du groupe A.P Moller Maersk faisait l’objet de nombreuses supputations. Chroniquement, le sujet de la cession de Maersk Container Industry (MCI) était évoqué dans la presse spécialisée. En mars dernier, Bloomberg News avait rapporté que le groupe danois envisageait de vendre sa filiale de Shenzhen pour un montant d'environ 1 Md$.
Le PDG du groupe danois, Søren Skou, n’a jamais cherché à diluer ses propos dans ses communications financières, en se faisant même plus précis en mai dernier devant les investisseurs. Il avait alors indiqué que l’entreprise, cotée à la Bourse de Shenzhen et de Hong Kong, faisait partie des actifs soumis à la revue stratégique en vue d’ « explorer les opportunités ». Comprendre : vendre ou garder.
Choix radicaux et plans sociaux
Fondée au début des années 90, la société sort d’années difficiles, sans pour autant s’épargner des fermetures de sites, à Dongguan en Chine et au Chili, cette dernière à peine trois ans après son implantation. Et non sans opérer des choix radicaux : recentrage sur la production de conteneurs frigorifiques et plans sociaux. MCI est ainsi passée de 5 393 à 2 300 employés en quatre ans. Toute la production a été concentrée sur un seul site, à Qingdao.
En 2020, elle avait néanmoins réussi à afficher un bénéfice de 27,5 M$ (587 M$ de chiffre d’affaires). Au deuxième trimestre de cette année, le chiffre d'affaires a atteint 179 M$, contre 154 millions la même période l'année dernière. Mais l'augmentation du coût des matières premières a rogné ses marges. Son bénéfice s’affichait en baisse, à 21 M$ contre 28 millions à la même période l'année dernière.
Concentration sur les reefers
Maersk a annoncé le 28 septembre que China International Marine Containers allait acquérir la société. CIMC, un des premiers fabricants mondiaux de boîtes, également côté sur les marchés de Shenzhen et de Hong Kong, devrait pérenniser l’ensemble des actifs, à savoir l’usine de Qingdao, en Chine, ainsi que les installations de R&D et d'ingénierie d'essai à Tinglev, au Danemark, ainsi que le personnel. Shenzhen deviendra ainsi le point central des activités avec la seule usine restante de MCI.
« La cession de MCI s’inscrit dans le cadre de la transformation des activités de A.P. Moller - Maersk, qui se concentre sur son coeur de métier, le transport et la logistique intégrée de conteneurs », indique dans un communiqué Henriette Hallberg Thygesen, responsable de la flotte et de la stratégie de marques chez A.P. Moller – Maersk.
« En tirant parti de la technologie et de l’innovation mises en œuvre par l’entreprise, nous voulons développer une nouvelle ligne de produits dans le domaine des boites réfrigérées et ainsi compléter le portefeuille de produits existants », a annoncé pour sa part Mai Boliang, le PDG de CIMC, qui se spécialise de plus en plus sur la chaîne du froid.
Près d’1 Md$
La valeur de la transaction est estimée à 987,3 M$ sur la base de la trésorerie et sans dette (valeur d'entreprise). L'accord doit être soumis aux approbations réglementaires. La transaction devrait être conclue en 2022.
Cette cession intervient dans un contexte favorable à la production de conteneurs, dont le déficit structurel coûte actuellement cher aux transporteurs. Le moment était donc opportun pour vendre. MCI revendique un tiers du marché et aurait fabriqué entre 130 000 et 140 000 conteneurs reefers en 2020. Selon Alphaliner, les 100 premières compagnies de transport maritime par conteneurs dans le monde exploitent actuellement environ 24,44 MEVP, dont 11,39 millions appartiennent aux plus grandes compagnies mondiales de la ligne régulière. Maersk possède le plus grand nombre de conteneurs (en EVP) soit 2,36 MEVP. Ces 100 transporteurs louent par ailleurs un total de 13,05 MEVP auprès des sociétés de leasing comme CAI, Cronos, Triton. C’est MSC qui disposerait du plus grand parc de conteneurs loués avec plus de 2,83 MEVP.
Adeline Descamps
