Le charbon, un marqueur de richesses entre les pays ? Au nord de l’Asie, ceux qui peuvent s’offrir un charbon de qualité supérieure. Au sud, ceux qui réduisent leurs importations en raison d’un combustible devenu inabordable.
Selon les données de suivi des navires et des ports compilées par la société d’analyste de matières premières Kpler, les importations de charbon thermique dans les pays riches d'Asie du Nord – Japon, Corée du Sud, Chine ou encore Taïwan – devraient enregistrer des augmentations mensuelles en août.
Dans les nations moins développées d'Asie du Sud – Inde, Pakistan et Bangladesh –, qui utilisent le combustible pour produire de l'électricité, leurs achats devraient en revanche accuser une baisse, rapporte Reuters. En cause, l’envolée des prix depuis septembre de l'année dernière.
Prix hors de contrôle
L'indice hebdomadaire pour le charbon thermique australien de haute qualité, plébiscité pour son contenu énergétique et sa faible teneur en impuretés (et donc par le Japon et la Corée), a atteint 170,74 $/t dans la dernière semaine d’août, selon les évaluations de l'agence d'information sur les prix des matières premières Argus. Il s’affichait à 46,37 $ la tonne en 2020.
Le charbon indonésien de qualité inférieure a également augmenté de 222 % depuis septembre pour se fixer ces derniers jours à 73,04 $/t, un record.
Les lignes de front de la demande mondiale de charbon
Mais en l’espace de quelques trimestres, la Chine est finalement devenue une destination d'exportation majeure pour les producteurs d'Afrique du Sud et de Colombie. Le port charbonnier Taman en Russie, qui connait actuellement une croissance la plus rapide à l'ouest de la Russie, considère également la Chine comme une destination principale. Ces flux commerciaux (qui augmentent de 6 а 7 Mt par trimestre) ont un impact important sur les tonnes-milles.
Selon VesselsValue, les exportations de charbon australien vers la Chine ont chuté d'environ 30 Mt par trimestre depuis le deuxième trimestre 2020 mais ont augmenté d'environ 15 Mt vers l'Inde, 5 Mt vers la Corée du Sud et 3 Mt vers le Japon. Ce sont toutes des destinations gagnantes pour le transport maritime car elles parcourent des distances plus longues que vers les ports du sud de la Chine. Les capesize ne sont pas les seuls à avoir profité de l’évolution des flux commerciaux. Les panamax aussi.
La Russie et la Mongolie se positionnent pour remplacer le charbon australien
Demande robuste en Asie du Nord
Selon les données de Kpler, en août, les importations de charbon thermique par la Chine devraient atteindre 24,35 Mt contre 20,57 millions en juillet. Celles du Japon, troisième acheteur mondial de charbon, sont estimées à 10,48 Mt contre 10,18 millions en juillet. La Corée du Sud accuse une baisse mensuelle (de 8,49 Mt en juillet à 7,40 millions en août), mais ces deux mois restent les plus élevées de l’année. Au sud, l'Inde devrait importer 8,19 Mt, à comparer aux 8,72 millions de juillet.
Que ce soit à court, moyen ou long terme, le charbon reste une énergie noire carbone et ses années sont comptées. Dans sa dernière analyse, l'Agence internationale de l'énergie estime le déclin structurel du charbon de 10 à 50 % au cours de la prochaine décennie. Même le gourmand chinois a fait voeu de sobriété et s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans un délai de trois décennies.
Adeline Descamps
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