Réactualisée Chaque année par VesselsValue, le classement mondial des premiers pays propriétaires par la valeur de leur flotte marchande (en service et en commande) réserve toujours quelques inattendus parmi des paramètres inamovibles.
Explosion de la valeur des flottes marchandes
Un premier facteur détonne pour l’année 2024 : l’explosion de la valeur de la flotte des dix premières nations maritimes. VesselsValue évalue la fortune consolidée des propriétaires de navires domiciliés en Chine, au Japon, en Grèce, aux États-Unis, à Singapour, en Corée du Sud, en Allemagne, en Norvège, au Royaume-Uni et en Suisse, toutes catégories de navires confondus, à 1 233,32 Md$. En 2023, elle valait 1 040 Md$ (1 110,54 Md$ en 2022 et 980 Md$ en 2021).
Tous les pays ont vu leurs actifs maritimes s’apprécier considérablement (renchérissement entre 9 et 51 Md$), a fortiori pour ceux qui détiennent des porte-conteneurs et des vraquiers comme la Chine (flotte évaluée à 255 Md$ contre 204 Md$ il y a un an) et le Japon (gain de 35 Md$, soit + 12 %). Les valeurs des deux catégories de navires se sont raffermies l’an dernier (en 2023, l’escadron de porte-conteneurs avaient perdu en valeur 60 Md$, reflet d’un fléchissement des ’investissements). « Ceci est dû à l'amélioration des fondamentaux du marché qui a résulté de la crise en Mer Rouge, augmentant la demande en tonnes-milles pour la plupart des secteurs, les navires se déroutant autour du Cap de Bonne Espérance pour éviter les hostilités », justifie Rebecca Galanopoulos, qui a établi ces données pour VesselsValue.
Les prix des capesize, à leur plus haut depuis 15 ans, ont par exemple augmenté de 27 % en 2024 et les porte-conteneurs (de 1 750 EVP) de près de 172 %.
Les grands propriétaires de pétroliers ont également bénéficié d'une valorisation : + 14,6 % en un an pour les tankers.
La Chine repasse devant le Japon
Pour ce qui est des figurants, deux changements sont notables : la Chine a repris ses droits de premier pays de propriétaires de navires au Japon, qui a assumé ce statut pendant deux ans consécutifs. Et la Suisse chasse Hong Kong du classement tout en délogeant l’Allemagne de son neuvième rang. Le pays des porte-conteneurs n’en finit plus de reculer, après être passé du 6e au 9e rang en 2023.
C’est en 2022 que la Suisse, jusqu’alors inconnue dans ce type de nomenclature, émergeait au dixième rang. La valeur de sa flotte s'était alors élevée à 54 Md$, et un peu moins de la moitié (25 milliards) était le fait des 431 porte-conteneurs de MSC, résultant du raid opérés depuis août 2020 sur les navires neufs et de seconde main.
Absent l’an dernier, le pays refait surface avec une flotte nationale dont le prix est estimé à plus de 68 Md$ dont 41,1 Md$ pour les porte-conteneurs et 14,25 Md$ pour les paquebots. La puissance du groupe MSC, parmi les leaders mondiaux dans les deux secteurs, l’explique tout ou partie (plus tout que partie). Le leader mondial de porte-conteneurs (887 navires) a ajouté 63 navires d'occasion à sa flotte en 2024 et a passé 64 nouvelles commandes, tous prévus pour être construits dans des chantiers chinois et livrés entre 2026 et 2029.
La Grèce, les États-Unis, Singapour, La Corée du Sud conservent leur place respective au troisième, quatrième, cinquième et sixième rang. La Norvège et le Royaume-Uni permutent les numéros 8 et 9, au profit du second.
France absente
Cinq pays européens comptent parmi les grandes nations riches de leur flotte mais la France n’y est pas. La Grèce, qui contrôle la deuxième flotte mondiale par le nombre, reste un grand pays de pétroliers avec une flotte jaugée à plus de 71,3 Md$, trois fois plus que celle de la Chine (23,3 Md$) et détient la deuxième plus grande flotte de méthaniers avec 143 navires et une valeur de flotte de 32,4 Md$ (un peu plus d’1 Md$ par rapport à l'année dernière).
La Norvège se distingue par la possession de méthaniers (12,6 Md$), de tankers (10,9 Md$) et de navires offshore (MODU, 10,8 Md$), l’Allemagne, de porte-conteneurs (27,7 Md$) et le Royaume-Uni, de paquebots (17,8 Md$). Ces derniers pèsent pour plus de 25 % de la valeur de la flotte britannique. Comme son grand frère américain dont le bataillon des navires de croisières représente 58 des 116 Md$, en hausse de 16,5 Md$ par rapport au dernier rapport de VesselsValue. A noter, les États-Unis possède la flotte de ro-ro la plus chère (2,6 Md$) avec 40 navires.
L'Asie, riche de ses porte-conteneurs et vraquiers
En Asie, les vraquiers (68,4 Md$) et les porte-conteneurs (63,5 Md$) contribuent largement au patrimoine maritime de la Chine. Le Japon est riche de sa flotte de vraquiers mais aussi, avec la Corée du Sud, de méthaniers (une valeur de 41 Md$ pour le premier et de 17 Md$ pour le second). Les deux pays sont aussi de grands constructeurs des navires de transport de GNL.
Après Taïwan, sortie du classement en 2022, alors que l’île dite rebelle compte trois grands armateurs de porte-conteneurs (Evergreen, Yang Ming et Wan Hai, soit les numéros sept, neuf et onze mondiaux), c’est Hong Kong qui est chassé. La « région administrative spéciale de la République populaire de Chine » avait émergé dans la liste en 2023 à la faveur d’une flotte appréciée à 44,7 Md$, en raison d’un investissement massif dans les vraquiers.
Car-carriers dans le vent
La Corée du Sud a conservé un rôle clé en tant qu'exportateur mondial de voitures. Dans la continuité des années précédentes, le secteur des nouvelles constructions a fait l'objet d'investissements considérables. Glovis a passé une commande pour six navires LCTC au groupe de construction navale chinois CSSC (Guangzhou) pour 125 M$.
La Norvège est le deuxième propriétaire de transporteurs de véhicules, qui représentent environ 15,8 % du prix de sa flotte, soit 10,8 Md$. Soit 1 Md$ de plus en un an.
Adeline Descamps
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