Interferry assure que le secteur est prêt pour la relance

 

L’association professionnelle, porte-voix du secteur des ferries, souffle après la publication par la Commission européenne des orientations visant à assouplir les restrictions de voyage qui pèsent actuellement sur le transport de passagers. Juste à temps pour ne pas perdre complètement la saison estivale.

Dossier hautement sensible. Comment revenir à une libre circulation sans restriction et rétablir l’intégrité du marché unique, préalable indispensable à la reprise économique, a fortiori des secteurs du tourisme et des transports ? La stratégie de sortie du confinement n’est pas une affaire évidente. L’actualité immédiate en donne un avant-goût. Alors que la commission européenne vient de délivrer un mode d’emploi, l'Espagne et l'Italie ont annoncé de façon unilatérale leur calendrier sans concerter leurs voisins. Un pied de nez manifeste aux directives publiées le 13 mai par la Commission européenne préconisant « une approche coordonnée et graduelle » entre États membres. 

La feuille de route européenne, ramassée dans un document de 16 pages, mentionne trois ensembles de critères à prendre en compte pour « apprécier si le moment est venu » d’ouvrir les frontières intérieures : la convergence des situations épidémiologiques au sein des États, les systèmes de santé et les capacités de suivi adéquates. « Les restrictions en matière de déplacements devraient d’abord être levées dans les zones où l’on constate, sur la base des orientations données par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), une amélioration constante de la situation épidémiologique, et lorsque des capacités suffisantes en ce qui concerne les hôpitaux, les tests, la surveillance et les capacités de traçage des contacts, sont en place », indiquent les guidelines. Une carte portant sur les niveaux de transmission et de contamination, les taux d’admission en unité de soins intensifs et le pourcentage de tests effectués, sera mise à cet effet à disposition des États membres.

Une approche par étapes

Pour la Commission, l’ouverture des frontières doit d’abord dépendre de la capacité des États de garantir que des mesures, telles que la distanciation physique, puissent être appliquées pendant toute la durée d’un déplacement, du point de départ au point d’arrivée, y compris au moment du franchissement de la frontière. Et dans les situations où la distanciation physique est plus difficile à mettre en œuvre, elle considère que le traçage et des dépistage efficaces des cas suspectés convient peuvent représenter des niveaux de protection équivalents.

Suivant cette logique par critères d’appréciation, Bruxelles préconise une approche graduelle : « Le passage de l’étape 0, qui correspond à la situation actuelle, aux étapes suivantes doit s’effectuer de manière souple, avec la possibilité de faire marche arrière en cas de détérioration de la situation épidémiologique. À cet égard, des plans doivent être anticipés pour permettre de rétablir les restrictions sans tarder ou de les lever plus tôt que prévu selon l’évolution de la situation épidémiologique ».

Information entre États, capitale

Gardienne des droits de chacun, la CE rappelle que toute décision d’autoriser les déplacements sur son territoire ou vers des régions ou des zones particulières doit s’effectuer de manière « non discriminatoire, objective, proportionnée et fondée que sur des considérations relatives à la santé publique ». La coordination et la communication entre les États membres lui semblent être des pré-requis.

La dernière étape -– levée générale des restrictions et des contrôles aux frontières intérieures – « interviendra lorsque la situation épidémiologique dans l’UE sera suffisamment favorable et homogène », mais sans interrompre « les mesures sanitaires nécessaires (hygiène personnelle, distanciation sociale, etc.) qui sont en place à l’intérieur du territoire des États membres et en poursuivant la réalisation de vastes campagnes d’information ».  

Quant aux restrictions concernant les déplacements non essentiels appliquées aux frontières extérieures de l’Union, Bruxelles recommande aux États membres ou associés à l’espace Schengen (Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) à prolonger l’application des directives au moins jusqu’au 15 juin.

Sauver la saison

L'association professionnelle, qui défend les intérêts des opérateurs de ferry, a salué les orientations de la Commission européenne, reflétant largement ses suggestions. Le syndicat professionnel, qui espère pouvoir sauver la saison estivale et se dit « prêt à repartir », avait de son côté publié ses propres directives auprès de ses adhérents pour une reprise en toute sécurité. Elle recommande notamment le marquage de la distance sociale, la réduction de la capacité des passagers, le contrôle du nombre de personnes admises dans les espaces de contact, l'interdiction des buffets ouverts, la généralisation du paiement par carte, l’intensification du nettoyage et de désinfection et l'autorisation pour les passagers de rester dans leur véhicule lors de voyages de courte distance…

La filière, astreinte au transport de marchandises depuis deux mois, traverse une passe difficile et navigue à vue. Le transport de passagers, qui avait été littéralement suspendu, reste encore conditionné à nombre de contraintes. P&O Ferries, qui vient d’annoncer le licenciement de 1 100 personnes pour assurer la survie de l’entreprise, incarne à elle seule les difficultés d’un secteur soumis « à des pertes financières sans cesse croissantes ».

« Le ferry sera probablement un mode de transport privilégié lorsque les restrictions seront levées. Il permet de respecter la distanciation sociale et applique des mesures de sécurité drastiques », croit savoir Mike Corrigan, le président de l’association professionnelle.

Adeline Descamps

 

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