L’armateur de vraquiers a perdu 160,8 M$ au cours d'un premier trimestre qui fut particulièrement difficile pour le segment du vrac sec. Ce déficit est notamment dû à une importante dépréciation de 125,6 M$. Il a cependant achevé un programme d’installation de scrubbers sur ses capesize.
En janvier, le propriétaire et l'exploitant de vraquiers concluait un accord de coentreprise avec l’armateur de tankers Frontline et le négociant en matières premières Trafigura pour créer TFG Marine, un fournisseur de combustibles marins dont Golden Ocean détient 10 %. Début mai, l’entreprise achevait l’installation de scrubbers sur 23 de ses vraquiers, limitant finalement les retards accumulés pendant la crise sanitaire. Un « chantier » dans lequel elle a investi 35,5 M$, dont plus de 16 M$ sur le trimestre.
« Nous avons envisagé la possibilité de reporter certaines installations en raison des conditions du marché qui prévalent pour le fret, mais aussi du fait que l'écart de plus en plus réduit entre le fuel lourd et le carburant conforme, reconnait Ulrik Andersen, le directeur général de Golden Ocean, qui vient d’entrer en fonction. Mais les équipements étaient déjà acheté et l'installation était prévue en même temps que qu’un entretien régulier. Il ne reste plus que cinq navires à mettre à quai pour le reste de l'année. »
Livraison de 31 capesize entre janvier et mars
Les premiers mois de l’année ont été rudes pour le secteur du vrac sec. L'émergence du virus a e effet coïncidé avec ce qui est d’ordinaire la période saisonnière la plus faible de l'année pour le segment. Inévitablement, l'utilisation de la flotte a chuté de façon spectaculaire, à environ 80 %. Les exportations de fer ont atteint leur niveau le plus bas vu depuis 2013. « Cette baisse a été attribuée en partie à de fortes précipitations dépassant la normale pour la saison. Mais bien sûr, la propagation du COVID a également eu un impact négatif. La demande mondiale ayant disparu presque du jour au lendemain, les pays producteurs d'acier ont été contraints de réduire leur production, ce qui a naturellement entraîné une baisse de la demande de navires », ont expliqué les dirigeants à l’occasion d’une conférence avec les analystes.
La chute de la demande de charbon a également souffert du ralentissement économique. La chute de la consommation d'énergie, engendrée par la mise à l’arrêt de l’activité industrielle chinoise, a mécaniquement fait baisser la demande de navires. Quant à l’offre, indique la direction, la livraison de 31 capesize entre janvier et mars a exercé une pression à la baisse sur les taux d’affrètement.
11 076 $/j
Dans ce contexte, Ocean Globe a néanmoins dégagé un un résultat brut d’exploitation positif, de 12,3 M$, mais en déficit de 98,7 M$ par rapport à la même période de l’année précédente. L’armement accuse aussi une perte nette de 160,8 M$ sur le premier trimestre (contre un bénéfice de 41 M$ au quatrième trimestre 2019). Les dépenses d'exploitation des navires se sont élevées à 55,5 M$, dont 10,6 millions en lien avec la mise en cale sèche. « Nous avons atteint un TCE par jour [performance moyenne des revenus quotidiens d'un navire, NDLR] sur l'ensemble de la flotte de 11 076 $/j contre 21 668 $/j pour le trimestre précédent. »
« À l'avenir, la société n'a pas d'engagements importants en matière de capital, mais cela étant dit, nous nous efforçons de préserver nos liquidités dans ce marché difficile et de nous concentrer sur notre trésorerie si la faiblesse des conditions du marché devait persister » La dette à court terme a augmenté de 308,8 M$, les facilités de crédit pour 14 navires arrivant à échéance le 31 mars 2021, « que la société prévoit de refinancer bien avant l'échéance ». Ses prêts à terme auprès de banques maritimes parviennent aussi à leurs termes en 2023.
Optimisme à moyen terme
« Bien que les taux de fret n'aient pas encore affiché de reprise significative, nous sommes optimistes quant à l'amélioration des conditions à moyen terme, à mesure que le rythme de l'activité industrielle reprendra son cours normal ».
La direction générale appuie son optimisme sur quelques éléments d’actualité : « la Chine a annoncé un vaste plan de relance axé sur les infrastructures, d'un montant de 667 Md$. Il ne fait aucun doute que cela aura un effet positif sur la demande d'acier. Selon les estimations de Vale, sa production pour le reste de l'année sera 40 % au-dessus de ce qui a été exporté au premier trimestre ». Depuis que la saison des pluies est terminée, l’entreprise affirme avoir déjà constaté une augmentation des volumes d'exportation de minerai de fer brésilien – « important moteur de reprise potentielle » – et une réaction positive quasi immédiate des taux des capesize.
Sur le plan de l’offre, les analystes de l’entreprise estiment à 6 % la croissance nette de la flotte, mais qui sera attenuée par la mise à la casse de 25 VLOC de Vale et les reports de des livraisons en raison du Covid-19.
Ocean Globe dispose d’une flotte 78 navires totalisant une capacité d'environ 10,8 Mtpl.
A.D.