Une nappe de pétrole de 220 km a été repérée au large des côtes du Yémen après une (des nombreuses) attaques des Houthis qui a endommagé le pétrolier Chios Lion. C'est l'ONG britannique Conflict and Environment Observatory (CEOBS) qui a lancé l'alerte le 17 juillet en s'appuyant sur les images du satellite Sentinel-2 de l'Agence spatiale européenne.
Selon United Kingdom Maritime Trade Operations (UKTMO), qui renseigne de façon officielle les événements en mer Rouge, le pétrolier de 107 525 tpl, de gestion et de propriété grecques et battant pavillon libérien, a fait l’objet le lundi 15 juillet d’une opération menée au moyen de trois embarcations. Deux avaient chacune trois personnes à bord, tandis que la troisième a été opérée avec un navire de surface sans équipage, auquel ont de plus en plus recours les Houthis.
« La petite embarcation sans équipage est entrée en collision avec le navire à deux reprises et les deux embarcations avec équipage ont tiré sur le navire », précise le communiqué de l'UKMTO. « Au bout de 15 minutes, la petite embarcation a interrompu son attaque. L'équipage est sain et sauf et le navire se dirige vers son prochain port d'escale », était-il ajouté.
Une fuite de pétrole signalée
Le département des opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni annoncera un peu plus tard que le même navire avait signalé avoir été visé par trois autres missiles mais qui ne l’ont pas touché.
Le Centre conjoint d'information maritime (JMIC en anglais), mis en œuvre dans la cadre de la coalition navale occidentale, avait fait part de son côté que le commandement du navire lui avait notifié une éventuelle fuite de pétrole. « Alors qu'il se dirigeait initialement vers le sud, le navire a fait demi-tour après l'attaque et s'est éloigné de la zone de menace vers le nord afin d'évaluer les dommages et d'enquêter sur un éventuel déversement d'hydrocarbures », indiquait le JMIC dans un communiqué.
Cas du Bentley 1
Dans la même séquence temporelle, un autre navire, qui serait le Bentley 1, battant le drapeau panaméen, a également été pris pour cible. Le navire de produits pétroliers, qui a chargé des huiles en Russie pour les acheminer en Chine, n'a pas été endommagé malgré les attaques répétées de « tirs de drones, de véhicules aériens sans pilote et de missiles balistiques ».
Le gestionnaire du navire depuis 2019, Stealth Maritime, une société grecque basée à Athènes, avait déjà été concerné par une tentative d’atteinte, le vraquier Transworld Navigator ayant été l'objet de tirs à quatre reprises entre le 21 et le 23 juin. Le navire est toutefois arrivé en Turquie le 12 juillet, déclarant qu'il n'avait pas été endommagé.
Les deux agressions ont été revendiquées sur les réseaux sociaux par le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, qui les a légitimées par le fait que les deux pétroliers auraient observé une escale dans des ports israéliens. Il a également fait état d'une attaque contre un pétrolier en Méditerranée, mais le propriétaire du navire et les autorités chypriotes ont tous deux démenti auprès de Reuters.
« Les frappes incessantes sur divers pétroliers, chimiquiers et cargos ne mettent pas seulement en danger les marins et le trafic maritime mais détériorent gravement les écosystèmes de la mer Rouge », a averti Wim Zwijnenburg, de l'ONG néerlandaise de promotion de la paix PAX.
Adeline Descamps