L’usine, qui a été construite dans le nouveau port d’El Musel, a représenté un investissement de 360 M€. Elle devait initialement servir à fournir le gaz pour un vaste complexe énergétique et industriel qui n’a jamais vu le jour. Sitôt achevée, l’usine a été mise en hibernation en 2012 et n’a jamais fonctionné jusqu’ici. La mise en route de cette installation a été évoquée à plusieurs reprises depuis dix ans, sans résultats concrets. Le processus très complexe a cependant été relancé au cours de la période récente.
En mai 2021, le ministère pour la Transition écologique et le défi démographique (MITERD) a approuvé l’étude d’impact sur l’environnement, une étape clé pour tout projet d’infrastructure en Espagne. Un an plus tard, en mai 2022, l’autorité espagnole de la concurrence, la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC), a donné son feu vert. Tout récemment, le MITERD a accordé l’autorisation administrative.
Les prochaines étapes porteront sur la reconnaissance du « régime économique » par la CNMC, c’est à dire l’approbation d’une disposition permettant la fourniture de services logistiques de GNL, l’autorisation de mise en route par le MITERD et la validation technique par Enagás.
Opérationnelle dans un délais de six à huit mois
Selon Arturo Gonzalo, président du conseil d’administration d’Enagás, une fois ce processus achevé, l’usine de regazéification pourrait être opérationnelle « dans un délai de six à huit mois ». L’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’arrêt du gazoduc livrant du gaz depuis l’Algérie vers l’Espagne via le Maroc ont encore accru l’importance de cette unité.
D’autant qu’il s’agit d’un investissement de grande ampleur. L’usine dispose de deux réservoirs de stockage d’une capacité globale de 300 000 m3 et d’une capacité d’émission de 800 000 m3/h. Elle peut accueillir des méthaniers d’une capacité allant jusqu’à 266 000 m3. Déjà connectée au réseau gazier espagnol, elle permettra d’assurer la couverture des besoins en gaz non seulement des Asturies mais aussi du nord-ouest de l’Espagne.
Leader en Europe
L’usine va compléter les six autres installations actuellement en activité (Barcelone, Bilbao, Carthagène, Huelva, Ferrol et Sagonte) qui font de l’Espagne le leader en Europe en termes de capacité de regazéification de GNL.
La nouvelle conjoncture du gaz a d’ores et déjà un impact direct sur le trafic de GNL. La fermeture du gazoduc algérien a boosté les importations au cours du quatrième trimestre de 2021 (+ 73 %). Pendant les cinq premiers mois de 2022, les ports espagnols ont réceptionné plus de 9,5 Mt, soit une nouvelle hausse de 72 %. Le port de Barcelone, qui dispose de la première et de la plus importante usine (six réservoirs avec une capacité de stockage de 760 000 m3), a réceptionné 1,6 Mt (+ 78 %) depuis le début de l’année.
À noter, enfin, l’impact positif sur la marine marchande. L’Espagne dispose d’une flotte de 23 méthaniers, d’une capacité globale de 2,27 millions de tonneaux de jauge brute, selon les statistiques d’Anave, homologue espagnol d’Armateurs de France.
Daniel Solano