Sans équivoque, MSC, qui fut l’une des premières compagnies de ligne à développer des services ferroviaires en propre, compte sur le rail pour développer une offre de transport combiné mer-rail. Medlog, la filiale de commission de transport du groupe (12 MEVP par an transportés), à laquelle est rattachée la branche ferroviaire Medway avec ses 120 locomotives, est son cheval de Troie.
En fin d’année, dans une courte séquence temporelle, le leader mondial de la ligne régulière aura placé les premières pierres d’une grande incursion dans le rail, à la fois fret et passagers, avec trois opérations, une en Espagne et deux en Italie.
Sur les terres d’origine du groupe, Medlog a contracté avec les deux principaux opérateurs de trains italiens, la société ferroviaire privée Italo et l’acteur historique public Ferrovie dello Stato (Trenitalia). À eux deux, ils assurent une grande part du transport ferroviaire de passagers et de marchandises.
Avec Mercitalia Logistics, filiale de l’opérateur ferroviaire italien Ferrovie dello Stato, la filiale de MSC s’est engagée dans une joint-venture à hauteur de 49 %. L’accord a été signé en la présence très remarquée de Gianluigi Aponte, fondateur et président du groupe MSC, marqueur de l’importance stratégique du moment.
Objet: proposer « une alternative compétitive au transport routier sur l’axe Italie-Europe du Nord en développant le transport intermodal maritime et ferroviaire de marchandises à destination et en provenance des ports italiens et européens », indique en substance le groupe ferroviaire italien.
Charge à la nouvelle coentreprise de développer des terminaux multimodaux sur des sites détenus par les deux groupes en Italie. « Nous avons pour ambition de devenir un des plus importants acteurs européens de la logistique avec des solutions optimisées et toujours plus durables », annonce de son côté Giuseppe Prudente, directeur de la logistique du groupe MSC et président de Medlog. « Cela nous permettra d’augmenter le volume de marchandises transportées par train, grâce à la connexion de plus en plus efficace de nos ports et terminaux au réseau national et aux corridors ferroviaires européens, consolidant ainsi l’intégration des systèmes de transport mer-rail-route », ajoute, plus loquace, Sabrina De Filippis, CEO de Mercitalia Logistics.
Sur son réseau ferroviaire de 16 800 km (dont 700 km à grande vitesse), Trenitalia revendique 10,7 milliards de tonnes par kilomètre, 1 milliard de passagers de trains et de bus et 45 Mt de fret par an. Le groupe exploite par ailleurs un réseau routier d’environ 32 000 km.
Début octobre, MSC avait déjà créé la surprise en signant un accord pour entrer à hauteur de 50 % au capital d’Italo, le premier opérateur privé de trains à grande vitesse. Entré sur le marché en 2012 à la faveur de l’ouverture à la concurrence de la grande vitesse ferroviaire (une première mondiale) avec ses Pendolinos Alstom rouges, l’opérateur romain exploite aujourd’hui une flotte de 51 trains reliant 51 villes du pays avec un trafic affiché de 20 millions de passagers par an.
Dans le même temps, cette fois en Espagne, Medlog a été retenu à la suite d’un appel au marché lancé par la compagnie publique ferroviaire espagnole Renfe pour être co-actionnaire à ses côtés de la Renfe Mercancías, équivalent espagnol de Fret SNCF.
Depuis plus de dix ans, la Renfe est à la recherche d’un partenaire pour sa filiale fret structurellement en pertes depuis plusieurs années avec pour objectif de transformer la société en « un opérateur logistique global et mondial ».
L’entreprise (6 millions de tonnes par kilomètre parcourus et plus de 600 000 EVP transportés) opère dans un environnement très concurrentiel depuis la libéralisation du fret en 2005 et la fin de son monopole dans la traction (2022).
La pression s’est accrue avec l’arrivée sur le marché de nouveaux entrants, y compris les compagnies maritimes, à commencer par les trois leaders mondiaux du conteneur, MSC, CMA CGM et Maersk.
En octobre 2022, la Renfe avait indiqué être en négociation exclusive avec ces derniers, alors qu’une trentaine de sociétés ont participé à l’appel d’offres. Mais c’est MSC, par le biais de Medlog, qui s’est imposé.
Les pré– et post-acheminements par le rail représentent la moitié du trafic ferroviaire de marchandises en Espagne. De quoi susciter de l’intérêt, a fortiori auprès des grandes compagnies de ligne.