Quel regard portez-vous sur cette année post-épidémique?
Yann Billard: 2022 est une année de transition. À la sortie de la crise sanitaire, l’optimisme était de mise. Les investissements privés dans l’industrie sont repartis à la hausse. Tous les signaux étaient au vert jusqu’au déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie qui a plongé les industriels dans l’incertitude. ArcelorMittal, qui avait annoncé plusieurs milliards d’euros d’investissements, a annoncé à la fin de l’été la fermeture de certains de ses hauts-fourneaux en réaction à la crise énergétique actuelle.
Quels sont les segments de votre secteur qui portent l’activité actuellement?
Y.B.: En février, le président Macron a annoncé le projet de construction de six réacteurs nucléaires EPR supplémentaires à horizon 2035 et le grand carénage des centrales nucléaires. Nous sommes positionnés, aux côtés de Framatome, sur les chargements des générateurs de vapeur pour le site de la centrale de Flamanville. Nous avons organisé le levage de colis de 530 t à l’intérieur du réacteur.
Le marché pourrait être tiré par l’éolien – offshore et à terre – avec l’annonce par le gouvernement de déployer 40 GW d’éolien en mer, soit une cinquantaine de parcs et un peu moins de 40 GW d’éolien terrestre.
Mammoet France a soumissionné pour la réalisation d’un prototype d’éolienne flottantes offshore, EolMed, à Port-La-Nouvelle, qui doit se concrétiser en 2024 et 2025. Il s’agira de lever des nacelles de 400 t à 120 m de haut. D’autres appels d’offres sont en cours en Bretagne, à Groix-Belle-Île.
Dans le pétrole et le gaz, des belles opérations ont été réalisées. En 2021, le nouveau réacteur de 700 t de la raffinerie TotalEnergies de Donges a été fabriqué en Italie. Il a voyagé par la mer avec BigLift pour ensuite rejoindre la raffinerie sur un chariot 1 000 roues de Mammoet. Nous avons également été sélectionnés pour les opérations de transport et de levage dans le cadre d’un projet de construction d’une usine de production de GNL sur la côte ouest du Canada.
Comment analysez-vous le marché de l’affrètement maritime?
Y.B.: Mammoet n’est pas dans le transport maritime mais, c’est un fait, les taux journaliers d’affrètement ont grimpé, la demande au niveau mondial est très soutenue et les opérateurs peinent à trouver des navires disponibles.