Les armateurs se mettent au vert

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Après les premiers essais en septembre 2018 de l’armateur islandais Samskip sur le Samskip Endeavour de 800 EVP avitaillé avec 22 t d’huiles végétales hydro-traitées, l’année 2019 aura été celle de plusieurs tests à grande échelle de biocarburants marins issus de ressources cellulosiques (résidus forestiers et déchets agricoles). Le transporteur français et n° 4 mondial, CMA CGM, a ouvert le bal en début d’année et marqué la fin de l’année par un accord avec Shell. Le leader mondial danois Maersk a suivi de peu. L’autre Danois, spécialiste européen du roulier, DFDS, s’y est également essayé. Le n° 3 mondial MSC fut plus tardif avec une annonce sur la brèche alors que 2019 écrivait ses dernières pages. Mais hélas, son annonce aura été diluée par une publication fortuite qui range le transporteur parmi les dix premiers pollueurs de l’UE, avec 11 Mt de CO2 générées par an, aux côtés de… centrales à charbon.

Épinglée par l’ONG Transport &Environment, spécialiste des formules chocs (« En France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Suède et Finlande, les émissions des transports maritimes en 2018 ont été supérieures à celles de toutes les voitures particulières immatriculées dans au moins 10 des plus grandes villes de chaque pays » ), la compagnie italo-suisse venait d’indiquer qu’elle allait avitailler en biocarburant ses navires faisant escale à Rotterdam « sur une base régulière » avec des mélanges mixant carburant conventionnel et 10 à 30 % de biofuel. Cette proportion doit permettre de « réduire de 15 à 20 % les émissions de CO2 en valeur absolue », indiquait Bud Darr, vice-président de MSC. La compagnie teste en outre l’ammoniac sur un navire de 23 000 EVP (non dévoilé) avec le motoriste MAN Energy Solutions.

Des « premières mondiales »

En mars 2019, avec la filiale du géant suédois de l’ameublement en kit, Ikea Transport & Logistics Services, le fournisseur de biocarburants marins GoodFuels, l’armement français CMA CGM annonçait un premier test avec un avitaillement en biofuel à base de sève de résineux et d’huiles de cuisson usagées (à hauteur de 20 %): « une première mondiale sur un porte-conteneurs ». Ce projet pilote sur une rotation du CMA CGM White Shark de 5 095 EVP visait à « tester et dimensionner l’utilisation des biocarburants marins durables, leur évolutivité, durabilité et conformité technique », indiquaient les partenaires.

En septembre et octobre, le CMA CGM Alexander von Humboldt, sur la ligne FAL 1, répétait le test sur une rotation complète entre Europe du Nord et Asie. En fin d’année, le transporteur français entendait manifestement accélérer. L’anglo-néerlandais Shell lui fournira « plusieurs dizaines de milliers de tonnes » (sic) de biocarburants marins, une capacité permettant de parcourir « près d’un million de kilomètres, soit plus de 80 allers-retours entre Rotterdam et New York ». Le mix énergétique serait composé à 80 % de VLSFO (fuel à faible teneur en soufre) et à 20 % de carburant issu d’huiles alimentaires.

Peu de jours après l’escale-test du français, le danois Maersk faisait part à son tour d’un pilote sur un de ses navires triple-E (20 000 EVP), alimenté jusqu’à 20 % de sa consommation avec un carburant issu d’huiles alimentaires et de grumes forestières, sur la totalité d’une boucle entre Rotterdam et Shanghai. « La puissance du biocarburant est qu’il peut, dans une certaine mesure, remplacer totalement ou être mixé avec des carburants conventionnels, sans avoir à apporter de grandes adaptations techniques aux moteurs ni à exiger un moteur neuf », indiquait alors l’armateur danois pour lequel il s’agissait aussi « d’une première mondiale à cette échelle ». L’opération était portée par la Dutch Sustainable Growth Coalition, un consortium néerlandais composé d’industriels (FrieslandCampina, Heineken, Philips, Unilever, DSM) et de Shell pour la fourniture de carburant.

DFDS, Boskalis…

DFDS a également investi le champ des déchets agricoles. Le spécialiste européen des ferries et fréteurs rouliers est allé plus loin en montant sa participation au capital de la startup Mash Energy ApS à hauteur de 24 %. Elle se voit ainsi dotée d’une enveloppe de 1,3 M€ pour développer un « biocarburant commercialement viable » qui sera testé sur les moteurs des ro-ro du Danois. Spin-off de l’Université technologique du Danemark, Mash Energy est notamment spécialisée dans la transformation de résidus agricoles et, pour l’industrie maritime, travaille plus particulièrement les sous-produits de la transformation des noix en Tanzanie et en Inde. « L’objectif est de pouvoir produire un volume suffisant et aussi d’identifier d’autres déchets qui pourraient être utilisés comme biocarburants » indique Sofie Hebeltoft, responsable RSE de l’entreprise.

Dans l’industrie du dragage, Boskalis a déjà fléché les biocarburants comme source principale de la diversification énergétique de ses navires après les avoir testés avec succès sur ses dragues Edax et Prins der Nederlanden. La soute consomme un mix énergétique, 20 % de biocarburant panaché de VLSFO.

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