Flexibilité, absence de ruptures de charge, et faible coût pour les distances réduites font de la route le principal mode terrestre pour les pré et post-acheminements terrestres des conteneurs à destination ou en provenance des ports maritimes. Les modes massifiés – fluvial et ferroviaire – offrent cependant des avantages compétitifs aux ports qui ont mis en pratique l’adage devenu un mantra: « la bataille portuaire se gagne à terre ». Les principaux ports de la rangée nord-européenne ont en effet tiré parti des modes massifiés. De tous les ports européens, ceux qui manutentionnent les tonnages les plus élevés sont ceux où la route a la plus faible part modale pour les transports terrestres: Hambourg, Rotterdam, Anvers et surtout Bremerhaven.
Ces ports sur les rails…
En ce qui concerne le transport ferroviaire, ce sont les ports baltiques de Tallin et de Riga qui se distinguent par les parts modales les plus élevées en Europe. Mais cette prédominance du rail sur les autres modes terrestres s’applique à des tonnages relativement faibles et majoritairement au vrac. Dans la sphère des grands ports, ce sont Bremerhaven et Hambourg qui sortent du lot, avec des capacités d’accueil dépassant les 250 trains par jour. Pour Hambourg, qui a manutentionné 8,8 MEVP en 2017, la part modale du rail dans le transport terrestre de conteneur a dépassé le seuil fatidique des 40 % avec ses 42,4 %. Mais le fluvial doit se contenter d’une portion congrue, à 2 % des conteneurs.
Tous trafics portuaires confondus, Anvers et Rotterdam se distinguent par la faiblesse de la part modale de la route. Même si les ports des deltas du Rhin et de l’Escaut se distinguent par de bonnes parts modales pour le rail, ils ne peuvent pas rivaliser avec les ports d’Outre-Rhin. À Rotterdam, où la ligne de la Betuwe, dédiée au fret, voit passer une centaine de trains par jour, la part modale du rail pour les conteneurs atteint 10 %. À Anvers, le fer convoie 8 % du total des marchandises et 6 % des conteneurs. À Zeebrugge, la part modale du fer atteint 16 %. Koper en Slovénie, Gdansk et Gdynia en Pologne, Trieste et La Spezia en Italie ou encore Felixstowe et Southampton en Grande-Bretagne exploitent par ailleurs aussi bien le ferroviaire, mais dans un volume de trafic plus réduit.
Ces ports les plus fluviaux…
Les parts modales les plus importantes pour le fluvial sont atteintes par les ports de la zone ARA: Anvers, Rotterdam et Amsterdam, ce dernier en tête avec 56 %. Mais Rotterdam reste néanmoins le plus fluvial des ports maritimes par le nombre d’escales: 105 000 bateaux fluviaux y ont été chargés ou déchargés en 2017, pour un trafic total de 112,4 Mt à destination de l’hinterland et 45,7 Mt en provenance. Le fluvial y affiche des parts modales de 86 % pour les vracs secs, 40 % pour les vracs liquides et 37 % pour les conteneurs en 2017. L’objectif de 45 % à l’horizon 2030 que le port néerlandais s’est assigné pour les conteneurs ne paraît pas si « ambitieux ».
À Anvers, le fluvial concerne 37 % du total des marchandises et 38 % des conteneurs. Mais le tonnage fluvial y est en hausse constante, avec 59 000 barges ayant transporté 102,3 Mt de marchandises en 2017, en hausse de 5 % par rapport à 2016 et de 20 % par rapport à 2010.
Les autres ports maritimes européens ne jouent pas dans la même cour. À Hambourg, 19 000 bateaux fluviaux ont escalé en 2017, transportant à 87 % des marchandises en vrac, principalement produits pétroliers et charbon. Les conteneurs ne représentent que 11 % du trafic fluvial, mode dont la part modale est particulièrement faible puisque moins de 2 % des 8,8 MEVP du port ont embarqué sur barge en 2017 (121 051 EVP).
En France?
Leader français pour les conteneurs fluviaux, Le Havre a chargé ou déchargé 176 000 EVP en 2017 (trafic fluvial total à 3,2 Mt) et 88 000 EVP par le rail, soit respectivement une part modale de 8 et 4 %. Deuxième de la Seine, Rouen affiche, quant à lui, 1 Mt liés au trafic ferroviaire, ainsi que 65 000 EVP fluviaux. Dunkerque revendique depuis plusieurs années une part modale supérieure à 50 % dans les trafics terrestres alternatifs à la route. En 2017, le port français de la mer du Nord a manutentionné plus de 3 Mt de marchandises en fluvial et plus de 13 Mt en ferroviaire. Pour les seuls conteneurs, les parts modales respectives du fer et du fleuve sont d’environ 5 et 10 %. À Marseille-Fos, enfin, la part modale des modes massifiés atteint 19 % pour les conteneurs en 2017, soit 12 % pour le ferroviaire et 7 % pour le fluvial. Ce dernier mode ne concerne que les bassins Ouest, ceux de Fos, puisque les bassins Est ne sont pas connectés au Rhône…