Le baromètre export 2016 résulte d’une étude menée auprès de 900 exportateurs français qu’Euler Hermès a interrogés dans un contexte économique difficile – faible croissance des économies émergentes, retour des défaillances d’entreprises après six ans de baisse consécutive, volatilité des changes et perception accrue des risques politiques – sur leurs intentions de développement à l’international, sur les routes commerciales qu’ils envisagent de privilégier et sur les risques qu’ils identifient.
2016 restera une année difficile pour les exportateurs français. La compétitivité se redresse, mais l’export rapporte moins, parce que « la baisse du prix des matières premières s’est diffusée à tous les autres biens et la dépréciation des devises émergentes a renforcé cet effet prix négatif », selon Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermès. Les exportations françaises ne devraient croître que de 10 Md€ en 2016. Pourtant, Ludovic Subran affirme que « tout va un peu mieux, malgré un déficit de perception ». Il ressort en effet de l’étude d’Euler Hermès que les perspectives d’export pour 2017 sont bonnes, que près de huit entreprises sur dix envisagent une augmentation de leur chiffre d’affaires, et que la zone Euro fonctionne comme un filet de sécurité.
Les PME et ETI interrogées prévoient de se concentrer sur les exportations en Europe, en raison des incertitudes qui pèsent sur le commerce mondial et des risques sensibles à l’échelle internationale: risque d’impayé, risque de change et risque politique. La situation des pays émergents est rendue critique par la baisse du prix des matières premières et la déprécation massive des devises, 25 % des entreprises du secteur des transports y ont constaté des délais de paiement en 2015. Ainsi le Brésil, l’Algérie et l’Inde, en tête des pays visés pour 2015, perdent leur place. Les destinations privilégiées à l’export par les entreprises françaises se concentrent sur l’Europe (Allemagne, Espagne et Belgique) et les États-Unis, qui arrivent en première place du classement des destinations pour les prochains trimestres. Les secteurs les plus optimistes sur les perspectives d’exportation sont le secteur des services (66 % des intentions) et celui des biens de consommation (53 %), ce qui s’explique par les débouchés offerts en Europe par la hausse du pouvoir d’achat des ménages dans cette zone.
S’internationaliser autrement
Face à cette fragilisation du grand export, une autre forme d’internationalisation se développe. Elle concerne 36 % des entreprises qui choisissent de s’implanter localement (la proportion passe à 68 % pour les entreprises du secteur des services). La stratégie se construit en deux temps: les entreprises investissent sur capitaux en créant des partenariats à l’international et en ouvrant des filiales, pour ensuite créer une dépendance sur la chaîne de valeur. Ludovic Subran voit des incitations fortes dans le contexte mondial à développer cette « internationalisation capitalistique ». Il rappelle que de telles stratégies sont fréquemment développées par des entreprises allemandes, et que la Chine mène une politique d’investissements sur capitaux intensive, en sus du projet One Road One Belt (Obor).