« En 2015, la demande globale de transport de brut et de produits résiduels, exprimé en tonne par kilomètre, a progressé de 2,4 % par rapport à 2014 », explique la société américaine de conseil auprès des industries maritimes McQuilling Services, dans le résumé de son rapport sur les tendances passées et à venir du marché publié fin janvier.
Les Suezmax ont profité de cet essor de la demande, portée par des besoins plus élevés des raffineries européennes et par l’éloignement des sources d’approvisionnement de cette région, précise le rapport. Les VLCC ont transporté davantage de brut en 2015, tandis que les Aframax continuent à présenter un déclin de leur tonnage pour la quatrième année consécutive. « La demande globale de transport de produits raffinés et chimiques, exprimée en tonne par kilomètre, présente une augmentation de 9,5 % en 2015 comparativement à 2014 », continue le rapport. Cette croissance est le résultat de la hausse des capacités de raffinage au Moyen-Orient et d’opportunités favorables qui ont porté les flux de ces produits en Extrême-Orient et en Europe du Nord.
Moins de navires livrés
Au total, en 2015, 110 navires citernes sont sortis des chantiers navals, un nombre en retrait de 45 unités par rapport aux prévisions de la société de conseil. « Cela représente 29 % de navires en moins entrant en service, précise McQuilling Services. Les raisons avancées par les armements font état de retard pris par les chantiers navals ou des annulations décidées, compte tenu du niveau des commandes des années précédentes ou en raison de contraintes financières ».
McQuilling Services a compté 19 navires envoyés au déchirage en 2015. Un nombre là aussi inférieur aux prévisions de la société de conseil. Elle souligne que les revenus positifs engrangés par les armements et le déclin du prix de l’acier l’année passée n’ont pas encouragé les compagnies à envoyer davantage de navires au déchirage. Les commandes de navires citernes enregistrées en 2015 s’élèvent à 345, en net essor par rapport aux 203 relevés pour 2014. Les carnets de commande des chantiers navals comprennent 65 VLCC, 69 Suezmax, 62 Aframax, 30 LR1, 27 LR2 et 75 MR2.
Le retour du brut américain et iranien
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une augmentation de la demande mondiale de pétrole de 1,2 M de barils par jour (Mbj) en 2016, ainsi qu’une croissance annuelle moyenne de 1,16 Mbj à l’horizon 2020. Entre 2016 et 2020, la demande des pays de l’OCDE devrait stagner en raison d’une meilleure efficacité énergétique et de la progression de l’utilisation de carburants alternatifs. La croissance de la demande mondiale est donc soutenue par les pays émergents. Ils consommeront 54 % du pétrole produit d’ici 2020. La consommation de pétrole en Chine devrait passer de 1,7 Mbj en 2016 à 13 Mbj en 2020.
Parmi les événements majeurs de 2016, McQuilling Services note la levée de l’interdiction d’exportation de brut aux États-Unis depuis janvier. Environ 200 000 barils par jour devraient être exportés vers l’Europe et l’Amérique du Sud. « Cette évolution, combinée avec une baisse de la production attendue de 400 000 barils par jour en Amérique du Nord devrait inciter les sociétés de raffinage américaines à chercher à augmenter leur stock de matières premières par davantage d’importations étrangères. Pour s’approvisionner, les raffineries américaines du golfe du Mexique devraient se tourner vers le Moyen-Orient et les Caraïbes, alors que celles de la côte atlantique devraient opter pour l’Afrique de l’ouest », estime la société de conseil. En plus du retour du brut américain à l’exportation, pour 2016, elle liste deux événements majeurs à prendre en compte par les professionnels du secteur du transport maritime de brut, produits pétroliers et chimiques, avec des conséquences difficilement prévisibles: l’impact du retour des exportations de brut américain et iranien et la mise en service du canal de Panama suite aux travaux d’extension.