« En 2015, le déchirage de navires-citernes a renoué avec son plus bas niveau datant de 25 ans, annoncent les experts du courtier britannique Gibson, dans une lettre hebdomadaire publiée le 8 janvier. En termes de tonnage, de port en lourd, seul 1,7 Mt ont été vendues pour déchirage, soit 29 unités ». Pour Gibson, « les revenus plus robustes » enregistrés par les compagnies actives dans le transport maritime de pétrole et de produits pétroliers expliquent cette situation. Le courtier rappelle que l’élimination des unités à simple coque et leur remplacement par des doubles coques entre 2003 et 2010 ont déjà eu pour conséquence un rajeunissement de plus de la moitié de la flotte pétrolière mondiale actuelle. Celle-ci est désormais constituée de navires d’une moyenne d’âge inférieure à 10 ans. Il reste très peu de navires-citernes de plus de 25 ans d’âge, plus de 80 % de la flotte actuelle présentent une moyenne d’âge inférieure à 15 ans.
Faiblesse des prix
En 2015, la vente pour déchirage d’un seul VLCC a été comptabilisée par Gibson. Il s’agit du VLCC Alba, construit en 1989, propriété depuis avril 2011 de Single Buoy Moorings (SBM), l’un des leaders de la transformation de navire en unité FPSO. SBM a finalement renoncé à la conversion de l’Alba, sans doute en raison de la chute des cours du baril qui a entraîné une contraction des demandes de conversion. Pour les autres types de navires, en 2015, Gibson a compté trois Aframax, tous construits en 1992, sept Panamax/LR1 et 18 MR vendus pour déchirage. L’âge moyen de ces unités envoyées au déchirage est de 25 ans, le plus jeune étant un Panamax de 15 ans, le plus vieux un MR de 34 ans. Aucun navire de type Suezmax n’a fait l’objet d’une vente pour déchirage l’année passée. Les prix de la ferraille ont culminé à 500 $/tpl mi-2014, puis ont commencé à décliner, indique Gibson. Actuellement, les prix au Pakistan – destination finale de plus de la moitié des tonnages des pétroliers vendus pour déchirage en 2015 – tournent autour de 300 $/tpl. Il s’agit d’un niveau de prix particulièrement faible et qui n’avait plus été atteint depuis août 2009, continue le courtier Gibson. À court terme, selon lui, les perspectives aussi bien pour les compagnies actives dans le marché du brut que du transport de produits restent robustes. « Cette situation globalement positive, couplée avec un profil d’âge de la flotte relativement faible ainsi qu’une offre de pétrole et de produits pétroliers à des prix relativement bas, aura sans doute pour conséquence un niveau très restreint pour l’activité de déchirage de navires en 2016 », expliquent les experts de Gibson. D’autre part, les coûts de soutage plus bas signifient que la consommation de carburant constitue un moindre souci pour les compagnies qui choisissent alors de prolonger la vie de nombreux pétroliers. Enfin, conclut Gibson, parmi les autres facteurs conduisant à freiner l’activité de déchirage de navires en 2016, il faut noter le retard persistant dans la mise en œuvre de la réglementation sur le ballastage et le potentiel limité pour les projets de conversion FPSO.