« Après avoir atteint son point le plus bas en mai (5,3), le niveau de confiance des professionnels de l’industrie du transport maritime est reparti à la hausse en août 2015 avec un degré de 5,9 sur une échelle qui va de 1 à 10 », indique la dernière enquête publiée courant septembre par Moore Stephens, cabinet d’expertise-comptable et de conseil basé à Londres. Cette enquête a été lancée en mai 2008, la cote de confiance s’établissait alors à 6,8. Fin août, toutes les catégories d’acteurs de l’industrie du transport maritime interrogées ont montré une confiance en essor: les propriétaires (avec un indice passant de 5,1 à 5,8), les affréteurs (de 4,2 à 6,5), les gestionnaires (de 6,1 à 6,4), les courtiers (de 4,8 à 5,2). D’un point de vue géographique, la confiance progresse en Asie de 4,9 à 5,8, en Europe de 5,3 à 5,9 et en Amérique du Nord de 6 à 6,3. « Si certains des sondés expriment la certitude que les marchés de l’industrie du transport maritime vont progresser en ligne avec les perspectives du développement économique mondial, d’autres se montrent plus prudents », explique l’enquête. Celle-ci rapporte les propos de plusieurs des professionnels interrogés qui nuancent cette progression de la confiance chez les acteurs du shipping. Une partie d’entre eux insiste sur la surabondance de l’offre de transport par rapport à la demande: « Les marchés de l’industrie du transport maritime sont dans une situation de surapprovisionnement. Une fois construits, les navires sont là. » Il est clairement dit à ce sujet que davantage de navires devraient être envoyés au déchirage compte tenu du nombre d’entrées en flotte de nouvelles unités. Pour un autre: « Les conditions actuelles du marché reflètent de façon réaliste le tonnage excédentaire existant dans tous les secteurs. Tant que cet effet n’évoluera pas, la structure des échanges mondiaux va continuer à fausser l’offre comparativement à la demande. » Un autre a indiqué être convaincu que « l’inertie actuelle va perdurer au cours des années à venir. Il faudrait une conflagration majeure pour relancer l’industrie du transport maritime. Cela peut sembler désagréable à entendre, mais sans un tel événement, nous allons faire un long séjour dans le marasme ». Une autre préoccupation exprimée par les professionnels porte sur « les coûts moins élevés de soutage. Cela signifie que l’évolution vers des carburants alternatifs et une propulsion moins chère ne va pas être aussi rapide qu’annoncé par certains ». Un autre sujet récurrent mentionné par les sondés concerne l’excès de réglementation.
Un sentiment positif sur les taux de fret
Concernant les évolutions du transport maritime au cours des douze prochains mois, la concurrence, les tendances de la demande et les coûts financiers sont cités comme les trois facteurs susceptibles d’influencer la performance de cette industrie. Concernant les évolutions des taux de fret, la tendance à la hausse des vracs liquides et des conteneurs pourrait connaître une pause tandis que celle des vracs secs pourrait rebondir, selon les sondés. « Le sentiment global est toutefois positif pour ces trois filières », souligne l’enquête. Pour Richard Greiner, membre de Moore Stephens et attaché à la division Shipping Industry Group, les résultats de cette enquête sont « encourageants même s’ils peuvent paraître paradoxaux car la principale raison de l’amélioration du niveau de confiance est la même que celle qui l’avait conduit à son point le plus bas depuis sept ans en mai 2015. La volatilité fonctionne dans les deux sens ». Richard Greiner relève aussi que « la vision pour l’année à venir et à plus long terme apparaît positive ». Cette confiance fait écho aux prévisions concernant l’économie globale avec une croissance du PIB mondial de près de 4 % en 2020.