L’une des conséquences de l’exploitation des gaz de schiste américains est l’accroissement de l’extraction d’éthane. L’exportation d’éthane par la voie maritime est possible sous forme liquide et entraîne actuellement une demande de navires spécialement conçus pour cela. En conséquence, de premières commandes de navires de grande capacité pour le transport de l’éthane liquide, appelés Very Large Ethane Carriers (VLEC), ont été enregistrées. Dans le courant de l’été, un groupe asiatique a ainsi fait part de la première commande de six navires VLEC, d’une capacité de 87 000 m3. En plus de l’éthane, ils seront capables de transporter plusieurs autres types de gaz sous forme liquide comme le propane, le butane ou le propylène. Les six VLEC vont être construits par le chantier naval sud-coréen Samsung Heavy Industry. Quatre navires devraient être livrés avant fin 2016 et deux en 2017. D’autres navires adaptés au transport d’éthane liquide sont en commande, mais de capacité plus réduite: six de 27 500 m3 et quatre de 27 500 m3. Au total, selon Platts, fournisseur d’informations dans le secteur de l’énergie, jusqu’à 25 navires seraient nécessaires dans les années à venir pour répondre à la demande de transport maritime d’éthane liquide. Ces navires devraient livrer leur cargaison en Asie et en Europe en provenance des États-Unis, souligne Platts.
Une concurrence dans les chantiers
La compagnie BW a indiqué que « le marché des navires dédiés au transport de l’éthane offre des opportunités aux armements possédant déjà une expertise dans le transport de gaz sous forme liquide », avec notamment les Very Large Gas Carrier (VLGC). L’éthane liquide doit en effet être transporté à une température de − 105 oC, légèrement moins basse que celle du gaz naturel liquéfié (− 162 oC) par exemple, et suppose des solutions techniques similaires. BW précise que les commandes de VLEC pourraient réduire les capacités des chantiers pour la construction de VLGC dont le besoin est également élevé en lien avec l’accroissement des trafics maritimes de gaz de pétrole liquéfié (GPL) au départ des États-Unis à destination de l’Afrique et de l’Asie. Il y aurait 73 navires VLGC inscrits sur les carnets de commande des chantiers navals. Les livraisons de ces VLGC sont programmées majoritairement en 2015 et 2016, soit sensiblement la même période que celle prévue pour les VLEC. Une concurrence entre ces deux types de navires pourrait freiner la sortie des chantiers des VLGC.
Il faut aussi tenir compte des projets d’Ultra Large Gas Carrier (ULGC) dont la construction est envisagée pour répondre à la forte demande de transport de GPL. Toutefois, le développement des ULGC est aussi soumis aux capacités d’accueil des très grands navires par les terminaux portuaires, continue Platts. En l’absence de capacité des terminaux, les ULGC seraient confrontés à des restrictions de chargement, ce qui diminue leur intérêt même s’ils pourront emprunter le canal de Panama élargi à partir de 2016. Pour l’instant, au vu du nombre de VLGC en commande, c’est bien ce type de navires qui garde la préférence des armateurs et les nouvelles unités devraient être suffisantes pour absorber les besoins de transport de GPL au-delà de 2016, rapporte Platts. Au final, il se pourrait que ce soient les besoins gaziers croissants de la Chine qui finissent par favoriser ou non la construction de ULGC.