Dans un article publié en avril par le Journal of Commerce, Bob Sappio, président du groupe Rickmers aux États-Unis, souligne que « 2013 a été une année terne et morose. Alors que nous n’attendons pas une reprise dans les prochains mois, tout le monde semble oublier qu’à partir de 2014 les prévisions sont plus optimistes ». Il justifie cette position par une analyse du marché américain. En 2012, les commandes de nouveaux champs éoliens et de nouveaux pipelines sur le territoire ont largement dominé le marché. En 2013, cette demande s’est tarie. Aux États-Unis, le marché des colis lourds devrait être tiré par les projets de construction dans l’industrie chimique et pétrochimique. Des projets qui se concentrent principalement sur la côte depuis La Nouvelle-Orléans jusqu’à la frontière mexicaine. En outre, l’exploitation de nouvelles ressources gazières par fracturation hydraulique dans le Montana et le Dakota sera aussi un levier pour cette industrie en Amérique du Nord. D’autres pays sont appelés à jouer un rôle déterminant pour le patron américain de Rickmers Line. Ainsi, au Mozambique mais aussi tout le long de la côte orientale d’Afrique, l’exploitation de mines et de champs pétroliers profitera aux trafics portuaires.
« Face à cette demande qui va aller croissante dans les prochaines années et au tassement de la livraison de nouveaux navires, les choses se présentent sous de bons auspices », continue le président de Rickmers Amérique. Les taux de fret devraient rester sous pression jusqu’au second semestre de cette année et repartir à la hausse dès la fin de l’année, prévoit Bob Sappio.
L’éolien moins optimiste
L’analyse du marché de l’éolien dans le monde paraît moins optimiste. Dans son rapport annuel, le courtier britannique RS Platou voit les choses en négatif par rapport au patron américain de Rickmers. Bard Thuen Holgheim, auteur de la partie sur l’éolien offshore du rapport RS Platou, estime que l’année 2013 a été prolifique en nouvelles constructions de champs éoliens, notamment en Europe du Nord. Le marché de l’éolien a été tiré par le Royaume-Uni au cours des dernières années. L’Allemagne est en train de supplanter la Grande-Bretagne dans cette filière. Les constructions ne sont pas encore arrivées à terme et les besoins sont importants outre-Rhin. Si ces deux pays vont continuer à tirer la croissance européenne dans cette filière, ils devraient être rejoints dans les prochaines années par la Belgique, le Danemark et les Pays-Bas. Selon le courtier britannique, l’avenir de la filière éolienne est plus terne. Des délais sont à prévoir pour relier les premiers champs off shore à la terre, ce qui devrait retarder la mise en chantier des futurs projets.
En France, les projets de champs éoliens sont toujours dans les cartons. Les ports se préparent à recevoir les premiers éléments pour les assembler. Une réorganisation du paysage portuaire se met en place. L’éolien n’est que la partie émergée de l’iceberg de ce marché en forte croissance. D’autres projets industriels comme Iter, dans le Sud, ou encore Flamanville en Manche dopent cette filière. Le poids des colis lourds et volumineux dans les ports français prend une importance grandissante qui incite les autorités à s’impliquer dans cette logistique pour proposer des chaînes adaptées aux exigences de chaque client. Pour les portuaires français, l’éolien n’est qu’une partie de cette filière qui comprend tous les projets industriels et miniers.