Le groupe opère du nord au sud de l’Europe. Ses activités de cabotage intra-européen sont en connexion avec ses autoroutes méditerranéennes de la mer et ses services deepsea avec la côte occidentale d’Afrique (COA), l’Amérique du Sud et les États-Unis. Lors de la 17e convention Euro-Med « From land to sea », tenue récemment à Ischia, Emanuele Grimaldi, directeur général du groupe, a évoqué les divers aspects qui marquent l’évolution de l’entreprise.
L’année 2012 a représenté le meilleur exercice depuis le début de cette dépression. Le cash flow progresse chaque année, et l’Ebitda a enregistré l’année dernière une hausse de 18 % à 520 M€. Ceci est dû partiellement aux nouveaux investissements, à la réduction de la dette, le reste allant à l’« equity » (fonds propres, réserves et résultats reportés non distribués) propre à l’entreprise. De 2008 à 2012, l’equity consolidé a progressé de 1,5 Md€ à 2,4 Md€, soit un ratio passé de 30,7 % à 43,7 %, grâce au maintien d’une bonne rentabilité. L’armateur considère que l’exercice 2013 sera tout aussi positif, le bénéfice net devant se situer entre 170 M€ et 200 M€, en légère hausse, le chiffre d’affaires (CA) entre 2,7 Md€ et 2,9 Md€, et l’Ebitda sera nettement supérieur.
Deux filiales en cours de redressement
Au niveau du résultat consolidé, les compagnies mères de Naples réalisent la plus grande part du bénéfice, auquel il faut ajouter la contribution des filiales ACL, Terminal de Lagos et diverses agences. Depuis quatre ans, l’autoroute Malta Motorways est rentable. Par contre, les filiales Minoan Lines et Finnlines, si elles contribuent avec un bon cash flow, ont des résultats encore insatisfaisants. En ce qui concerne le premier armement, Emanuele Grimaldi se montre confiant. L’équilibre financier pourrait être atteint cette année encore. Malgré la forte récession économique que connaît la Grèce, l’armement est parvenu à améliorer sa part de marché et l’Ebitda a augmenté de 24 % l’année dernière. L’opération de restructuration a porté ses fruits. Au cours des huit premiers mois de cette année, cargaisons et passagers ont augmenté de respectivement 16 % et 3 %. Minoan a l’avantage d’exploiter la flotte la plus jeune et la plus moderne de l’Adriatique, dont la consommation en fuel a été réduite de 28 % en 2012. L’armateur estime qu’il y a trop de vieux navires sur la relation Italie-Grèce, dont les exploitants seront vite confrontés à de sérieux problèmes que vont poser les obligations en matière de teneur en soufre. Quant à Finnlines, dont Grimaldi est l’actionnaire majoritaire (71 %), la restructuration suit son cours. Des unités affrétées ont été rendues. Les rotations ont été restructurées et rationalisées. Les navires âgés ont été vendus. La consommation en fuel a été réduite de 7,1 % l’année dernière. D’autre part, le groupe a maintenu son assistance en 2013 en acquérant des navires et en injectant du capital pour ses activités en Méditerranée. L’armateur s’attend à un équilibre, voir un petit bénéfice, en fin d’exercice.
2013 sera un bon cru
Cette année, dans l’ensemble, les trafics sont en hausse. Néanmoins, le secteur de la Méditerranée reste préoccupant, notamment à cause des troubles que connaît le monde arabe. L’arrivée de nouveaux navires plus économiques permet de compenser. Du côté des trailers, il y a une progression de l’ordre de 20 %. Il a fallu revoir des tarifications suite à la disparition de l’ecobonus. Le groupe aura transporté cette année près de trois millions de véhicules, dont 500 000 unités à l’export d’Europe et 600 000 véhicules d’occasion, le reste représentant la part du trafic intra-européen. Quant au secteur des projets, qui concerne essentiellement la COA et l’Amérique du Sud, il intervient pour environ 15 % du CA. Côté conteneurs, le trafic est en hausse, notamment avec la COA, l’Amérique du Sud et du Nord, et également en intraméditerranéen.
L’exercice en cours a été marqué par d’importants événements. Un service en Adriatique a été lancé entre Ravenne, Brindisi et Catane. Minoan Lines a été dotée d’un plus grand ro-pax (270 unités ro-ro et 700 passagers). Le service entre Livourne, Savone, Barcelone et Valence a été doté d’un troisième navire. Un nouveau terminal a été inauguré à Barcelone, soit un investissement de 20 M€. Finnlines exploite désormais quatre nouveaux rouliers avec ponts-voitures et a ainsi pu renforcer ses services avec la Baltique et la mer du Nord et obtenu un important contrat du groupe forestier Stora Enso/UPM. Mercedes/ Daimler et DSV lui confient depuis septembre le transport de nouvelles voitures de Finlande vers l’Allemagne. Enfin, le service MEX (Med-COA) a accéléré sa fréquence. Sont toujours en cours les expansions des terminaux à Lagos et Esbjerg.
Les prochaines étapes
Le groupe continuera de développer ses autoroutes de la mer et consolidera ses autres services deepsea. L’année prochaine, Grimaldi réceptionnera cinq nouveaux grands con-ros (option est prise pour un sixième) qui seront alignés dans l’un ou l’autre des six services assurés entre l’Europe du Nord et la COA. À ce sujet, Emanuele Grimaldi, ne semble guère préoccupé par les évolutions qui se manifestent du côté des mega-carriers Est-Ouest où la concurrence se situe maintenant au niveau des économies d’échelle que doivent générer des ULCS jusqu’à 18 000 EVP. La cascade d’unités de 6 000 EVP à 9 000 EVP dans des trafics Nord-Sud et sur l’Atlantique pourrait être dommageable. « Nous ne sommes pas impressionnés par cette évolution, car nous aussi nous misons sur des économies d’échelle, mais nous le faisons sur base de notre concept de mixage ro-ro/conventionnel/ conteneurs, en alignant de grands con-ros », dit l’armateur. Sur la COA le groupe aligne 27 unités. Dans ce contexte, les conteneurs interviennent pour 40 % des volumes contre 60 % pour le ro-ro, le conventionnel et les projets. Un des services, l’Eurocargo, va faire l’objet d’une restructuration et d’une modification des escales.
Nouvelles perspectives pour l’AET
L’Antwerp Euro Terminal (65 % Grimaldi, 35 % Mexico Natie), implanté dans la zone portuaire anversoise de la rive gauche, est le plus important terminal polyvalent du groupe Grimaldi en Europe du Nord. Cette installation est appelée à connaître de nouveaux développements. D’ici 2016, la longueur de quai passera de 1 700 M à 3 000 m (profondeur d’eau 16 m) et la superficie de 1 Mm2 à 1,7 Mm2. Durant les huit premiers mois de 2013, ce terminal a traité 70 000 conteneurs, 350 000 voitures et 130 000 véhicules d’occasion; 320 escales ont été enregistrées. La mise en service en 2015/2016 des nouveaux con-ros géants G4 d’ACL (capacité 3 800 EVP, 28 900 m2 d’espace ro-ro et 1 307 voitures) va vraisemblablement inciter Grimaldi à transférer ces navires de l’actuel terminal à marée « Europa » sur la rive gauche de l’Escaut à l’AET. La nouvelle grande écluse en cours de construction dans le fond du Deurganckdok devant être opérationnelle en mars 2016, ce transfert sera possible. L’intention est de transférer deux portiques à conteneurs post-Panamax du terminal d’Helsinki vers le quai de l’AET. Une décision en ce sens interviendrait dans le courant des prochains mois.