L’homme le plus riche d’Amérique latine en 2011, qui pensait se hisser au premier rang des fortunes mondiales a profité, au cours de la dernière décennie, de la vigoureuse croissance du Brésil et de la découverte d’immenses gisements offshore. Mais, dès mi-2012, les actions OGX ont eu tendance à baisser, lorsque l’entreprise phare d’EBX a diminué ses objectifs de production pour Tubarão Azul. En 2011, le groupe avait annoncé qu’il pourrait produire 20 000 barils par jour. Or, en février 2013, la production est passée de 6 000 à 3 800 barils. Même scénario du côté de MMX: le groupe qui promettait 37 Mt de minerais de fer par an, plafonne désormais à 7,4 Mt. Le groupe a alors traversé une crise de crédibilité auprès du marché boursier. Selon le consultant Economatica, OGX était évaluée à 14,1 Md$ fin 2012 et a chuté à 1,2 Md$ début septembre 2013. Pour Sergio Vale, économiste en chef du consultant MB Associados, Eike Batista a perdu le pari qu’il a fait sur une forte croissance au Brésil et la poursuite d’une expansion soutenue en Chine. Une erreur dont le milliardaire devrait avoir du mal à se remettre.
Dès lors, les mauvaises nouvelles et les annonces se sont enchaînées.
L’entreprise d’État malaisienne Petronas a déjà pris une participation dans un champ de pétrole brut en mer pour une valeur inférieure à celle du marché. OGX, incapable de verser les 45 M$ d’intérêts qu’il doit à ses créanciers, est entré en défaut de paiement partiel le 1er octobre. L’entreprise dispose de trente jours pour négocier avec ses créanciers, faute de quoi elle sera déclarée en défaut sur cette dette d’un milliard de dollars à échéance en 2022.
L’entreprise minière MMX annonce avoir cédé 65 % du contrôle de MMX Porto Sudeste Ltda (un port de minerai de fer situé dans l’État de Rio de Janeiro) à un fonds d’investissement d’Abou Dhabi (Mubadala Development Co) et à l’entreprise des Pays-Bas Trafigura. Mubadala et Trafigura prévoient d’ailleurs d’injecter 400 M$ dans la société afin de mener à bien la fin des travaux et débuter d’ici mi-2014 les opérations du port Sudeste.
Cet été, Eike Batista a dû abandonner le conseil d’administration de MPX (l’action venait de perdre 33 %) et céder à l’Allemand E.ON le contrôle de l’entreprise de production d’énergie, renommée depuis Eneva SA.
En août, le milliardaire a accepté de vendre LLX à EIG Global Energy Partners LLC pour 559 M$. LLX, qui est responsable de la construction du port d’Açu, à São João da Barra (État de Rio de Janeiro), essaie de garder le cap. Le Finlandais Wartsila, qui souhaite implanter sa première unité brésilienne, a annoncé qu’il allait lancer ses travaux dans le terminal 2 du port d’Açu: le leader mondial en fourniture de moteurs et prestations de services pour les navires et les usines thermoélectriques prévoit un investissement de près de 23 M$ et un an de travaux pour cette nouvelle usine de montage et de production. D’autres acteurs — notamment le Norvégien NOV (troisième fabricant mondial de tubes flexibles), le Français Technip, ou encore l’Américain InterMoor (leader dans la fourniture de services d’ancrage, de fondations et de services sous-marins), ont également fait part de leurs projets à Açu.
Quant au chantier naval OSX, également localisé au port d’Açu, il devrait commencer à fonctionner fin 2013 ou début 2014. Selon le président du Syndicat des métallurgistes de Niterói, Edson Carlos Rocha, le chantier devrait démarrer à 40 % de sa capacité totale. « Comme Eike (Batista) a perdu une partie de ses contrats, il n’est pas intéressant pour le moment de construire le chantier selon le projet initial », explique-t-il.
« Too big to fail » (trop gros pour faire faillite)? De nombreux analystes avancent ce principe en évoquant le destin d’EBX, tout en soulignant le manque de perspectives afin de mettre fin à cette crise. Peut-être l’avenir du groupe relèvera-t-il désormais davantage de la survie que de la croissance?