Algésiras: le leader relève la tête et se diversifie

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Un vent nouveau d’optimisme souffle sur les quais du port d’Algésiras, leader du trafic portuaire espagnol (83,3 Mt en 2012) et hub traditionnel pour les conteneurs dans le détroit de Gibraltar. L’arrivée de nouveaux concurrents, en Afrique du Nord (Tanger Med) mais aussi en Espagne (Valence), s’est fait sentir sur les chiffres du trafic de conteneurs. Valence lui a ravi le leadership en 2008. Cependant, l’heure est à la reprise avec une hausse du trafic de conteneurs de 28 % en 2011, de 13 % en 2012 à 4,1 MEVP et de 3 % pendant le premier semestre de 2013.

Cette progression s’explique principalement par l’installation en 2010 d’un deuxième opérateur de conteneurs, le Coréen Hanjin Shipping, aux côtés d’APM Terminals Algeciras, qui a traité 1 MEVP en 2012. En matière de conteneurs, et même si le trafic import-export a augmenté, le transbordement représente 90 % du trafic. Et cette activité a encore de beaux jours devant elle. Certes, Hanjin Shipping a renoncé, en avril, à solliciter l’extension de son terminal d’Isla Verde Exterior, du moins dans sa totalité. Mais, en début d’année 2013, APM Terminals Algeciras a annoncé un investissement de 42,5 M€ destiné à permettre l’accueil des porte-conteneurs de dernière génération (18 000 EVP). L’Autorité portuaire de la baie d’Algésiras (APBA) a, de son côté, engagé des investissements de modernisation des infrastructures (dragage, renforcement des quais, etc.). L’investissement, qui sera achevé à la mi-2014, confirme l’importance du port dans la stratégie du groupe. En 2012, APM Terminals Algeciras a traité 3,1 MEVP.

Un atout géographique

Le port d’Algésiras conserve des atouts essentiels, le principal étant sa position géographique, à la croisée des deux grandes routes Est-Ouest et Nord-Sud. C’est aussi, pour les navires en provenance d’Asie, la dernière escale en Méditerranée occidentale avant les ports d’Europe du Nord. Selon les professionnels interrogés, Algésiras a aussi un potentiel à développer dans l’export-import, à condition de disposer d’un accès ferroviaire digne de ce nom. La modernisation de la ligne reliant le port au nœud ferroviaire de Bobadilla (176 km), en Andalousie, a pris un gros retard. Le gouvernement régional d’Andalousie, contrôlé par les deux partis de gauche, crie à la discrimination. En 2013, les investissements ont été relancés sur le tronçon le plus complexe en raison du relief, entre Algésiras et Almoraima. « La distance entre Algésiras et Madrid est pratiquement la même qu’entre Valence et Madrid. Une bonne con­nexion ferroviaire placerait Algésiras dans une position concurrentielle face à Valence pour ce qui est du trafic import-export, d’autant que le port s’apprête à recevoir bientôt des navires de 18 000 EVP », fait remarquer un transitaire espagnol. Le ministère de l’Équipement a décidé en 2013 d’accélérer la modernisation de l’axe Algésiras-Bobadilla.

Si Algésiras est encore loin du modèle mixte de Valence, le port a néanmoins réussi à développer d’autres trafics hors conteneurs. Les flux de vracs solides (2 Mt en 2012) sont liés à l’activité de la centrale thermique au charbon d’Endesa, située à Los Barrios. Les chiffres des vracs liquides sont plus significatifs en raison de la présence de l’importante raffinerie de Cepsa à San Roque. Le port s’est classé au 3e rang national en 2012 avec 22,8 Mt. Le trafic devrait augmenter dès cette année grâce à l’inauguration, en mars, du nouveau terminal de Vopak dédié aux produits pétroliers (22 réservoirs et une capacité de stockage de 400 000 m3).

Algésiras a également une carte à jouer dans le trafic roulier entre l’Espagne et le Maroc. L’offre de lignes et le nombre de départs ont abouti à créer un véritable « pont maritime » entre les deux rives. Le flux de camions ne cesse de croître d’année en année. Il a encore progressé de 7 % pendant le premier semestre de 2013 (138 550 véhicules). Les statistiques de Puertos del Estado du premier semestre montrent que le port d’Algésiras se classe, pour la première fois, au deuxième rang dans la péninsule derrière Barcelone pour ce qui est du trafic roulier avec 3,4 Mt.

En juillet, lors de la réunion mensuelle du conseil d’administration, le président de l’Autorité portuaire de la baie d’Algésiras (APBA), Manuel Morón, a présenté le nouveau plan stratégique dont l’horizon a été fixé à 2020. L’objectif est d’atteindre à cette date un trafic de 125 Mt et de faire d’Algésiras le port hub leader pour les conteneurs en Méditerranée occidentale ainsi qu’un nœud logistique international pour le trafic de produits pétroliers, et un « pont maritime de connexion logistique avec le continent africain ». Des objectifs ambitieux mais qui sont tout à fait à la portée du port andalou.

Séville dans l’attente du dragage

Le seul port fluvial espagnol a réalisé un trafic de 4,6 Mt en 2012, un chiffre stable par rapport à 2011. La performance est jugée honorable par l’Autorité portuaire de Séville (APS) dans un contexte de crise. Les marchandises diverses prédominent (2,6 Mt en 2012) devant les vracs secs. Séville est l’un des grands ports céréaliers espagnols.

Bénéficiant d’un hinterland important et bien positionné dans le trafic avec les Canaries, le port exécute un effort important de modernisation depuis plusieurs années. En 2011, la nouvelle écluse est devenue pleinement opérationnelle: elle permet le transit de navires de 280 m de long et d’un tirant d’eau de 11 m. La zone d’activités logistiques (ZAL) a connu un développement rapide. Elle héberge plusieurs opérateurs de renom (Norbert Dentressangle, Rhenus Logistics, etc.) et même Airbus qui dispose de deux usines à Séville. Un projet de création d’une zone franche est à l’étude et deux sociétés ont proposé de relancer le chantier naval pour y faire de la réparation navale. L’APS a décidé d’organiser un appel d’offres.

Le port ne manque pas d’atouts et d’originalité. Sa superficie exceptionnelle (700 ha) en fait le plus grand port d’Espagne. Par ailleurs, il se distingue par la qualité de ses connexions: fleuve, route et chemin de fer. La grande pièce manquante de ce puzzle intermodal est le dragage du fleuve Guadalquivir afin d’obtenir une profondeur de 8,5 m (contre 7 m maximum actuellement). L’APS a envoyé à Madrid les modifications environnementales sollicitées et attend le feu vert pour lancer les travaux. « Avec le dragage, le port pourra accueillir des navires de plus grande taille, d’où une baisse des coûts et la possibilité de diversifier les trafics », fait-on remarquer à l’APS

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