Pour obliger les armateurs à baisser les prix des tickets de ferry-boat, les transporteurs ont bloqué quatre ports sardes en début de semaine dernière. Cette mobilisation sans précédent, à l’initiative des organisations syndicales Unidos Sardegna et Trasporto Unito, devait durer quatre jours. « Une véritable catastrophe pour l’économie locale qui pourrait coûter jusqu’à 100 000 € à chaque entreprise car cette protestation bloque le secteur agroalimentaire », expliquent les responsables régionaux. Face aux pressions des autorités locales, l’exécutif a promis d’entamer des discussions avec les compagnies maritimes pour les pousser à revoir leurs tarifs à la baisse. Au bout de deux jours, les camions se sont retirés des ports.
Mais la promesse du gouvernement risque de rester lettre morte. Depuis deux ans, les armateurs, pourtant traînés devant l’autorité de régulation de la concurrence par la région, font la sourde oreille. Cette attitude leur porte pourtant préjudice, les touristes ayant décidé depuis deux ans, de s’en aller vers d’autres horizons moins cher côté transports. À titre d’exemple, selon les calculs de plusieurs associations de consommateurs, le prix du billet a augmenté de 66 % en 2011 par rapport à l’année précédente.
Conséquences en cascade
Pour les autorités locales, la défection des touristes est un véritable fléau économique. Durant les deux dernières années, l’île a perdu quelque deux millions de vacanciers. Cet été, plusieurs structures hôtelières ont décidé de mettre la clef sous le paillasson. D’autres renoncent à leurs étoiles et se reconvertissent en chambres d’hôtes pour casser les prix et faire chuter leurs dépenses. « Une quinzaine de structures n’ouvriront pas cette année. Les grosses sociétés touristiques spécialisées dans la gestion des structures hôtelières, comme Valtur, ont jeté l’éponge. Une double perte pour les propriétaires qui perdent le coût de la location et qui doivent fermer car ils ne sont pas capables de s’occuper d’un hôtel. Tout cela se transforme en une montée du chômage », estime Giorgio Macciocu, président de la fédération hôtelière sarde, Federalberghi. Ainsi, durant les deux dernières années, c’est-à-dire depuis que les armateurs ont commencé à augmenter leur prix, quelque 21 000 salariés du secteur ont perdu leur emploi.
Les producteurs de l’agroalimentaire sont aussi touchés. « À titre d’exemple, la farine qui sert à fabriquer le pain carasau, une spécialité locale, et qui arrive du continent coûte 40 % de plus à l’arrivée. Le prix de vente du pain doit donc être augmenté », explique le député sarde Mauro Pili.