« Le gaz est déjà un combustible majeur pour la production d’électricité dans le monde. Dans les cinq années à venir, cette matière première pourrait devenir un carburant important dans le secteur du transport, portée par une offre abondante, les préoccupations au sujet de la dépendance par rapport au pétrole et à la pollution de l’air », a déclaré Maria van der Hoeven, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le 20 juin, lors de la présentation du Rapport sur le marché du gaz à moyen terme. Dans ce document, l’AIE révise légèrement à la baisse les estimations de croissance du gaz dans le mix énergétique mondial. La part du gaz pourrait progresser de 2,4 % par an entre 2013 et 2018 au lieu des 2,7 % annoncés en 2012 pour la même période. « Cette diminution est liée à la faiblesse persistante de la demande en Europe ainsi qu’aux difficultés de production en amont au Moyen-Orient et en Afrique », précise l’AIE. « L’âge d’or du gaz » devrait toutefois se poursuivre notamment grâce aux perspectives de développement du gaz sous forme de GNV pour les véhicules terrestres à moteur ou de GNL pour les navires et unités de navigation intérieure. En 2018, les transports routier et maritime pourraient utiliser 98 Mdm3 (BCM) de gaz par rapport à une demande mondiale estimée à 4 000 BCM et une consommation de 3,427 bcm en 2012.
Trois parties du monde concernées
Le rapport de l’AIE consacre un chapitre spécifique au potentiel de croissance du gaz dans le secteur des transports, principalement dans trois parties du monde: États-Unis, Chine et Europe. Dans les deux premières, le GNV et le GNL devraient gagner du terrain dans les poids lourds, autocars, bus et véhicules de particuliers de plus en plus largement adaptés à ces carburants. Pour les pays de l’Union européenne (UE), l’AIE rappelle que Bruxelles a publié en 2013 des textes invitant les États membres à favoriser l’utilisation du GNL en tant que combustible pour le transport de marchandises, routier et maritime. « La Commission européenne veut mettre en place un nombre minimum de stations de ravitaillement en GNL pour le transport maritime et routier d’ici 2020, et a proposé des objectifs nationaux contraignants dans ces deux domaines », explique l’AIE. Bruxelles recommande de construire des stations de ravitaillement en GNL pour les navires dans 139 ports maritimes et intérieurs européens à l’horizon 2025, continue l’AIE. Cette proposition doit être adoptée par le Parlement européen et les États membres avant de s’appliquer, précise l’AIE. Cet organisme note encore que des États membres comme la Belgique, les Pays-Bas, la Suède ou la Finlande sont plutôt favorables au texte de la Commission. De leur côté, l’Allemagne attend des précisions sur les coûts de cette proposition, la France demande des éclaircissements sur les financements possibles au niveau de l’UE, la Grande-Bretagne espère obtenir une politique moins contraignante. L’AIE a aussi constaté au sein de l’UE que « certains gouvernements, ainsi que le secteur privé et les institutions de recherche, déploient des initiatives visant à créer les conditions nécessaires à l’utilisation du GNL comme carburant de transport alternatif ».
Des freins majeurs à lever
Il reste toutefois des freins majeurs au développement du gaz en tant que combustible. Il y a le coût de construction d’une station d’avitaillement de GNL, qui oscille entre 1 M$ et 4 M$, alors que celui d’une station de carburants « classiques » varie entre 50 000 $ et 150 000 $. Il y a la question de la sécurité et des précautions à prendre pour le stockage, ou pendant les opérations de soutage avec un gaz à très haute pression. Enfin, il reste encore à démontrer aux citoyens que le gaz constitue bien une matière première respectueuse de l’environnement et un atout dans la lutte contre le réchauffement climatique.