L’année 2013 démarre comme prévu

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« L’année 2013 sera difficile. » C’est en résumé ce que les principaux opérateurs de vracs secs s’accordent à dire dans leurs rapports trimestriels. Les défis sont nombreux, mais les perspectives sont optimistes. Michael Bodouroglou, président de Paragon Shipping, confirme cet optimisme: « Nous percevons la lumière au bout du tunnel avec la baisse des commandes et le ralentissement des livraisons dans notre secteur. » Optimisme ou méthode Coué pour sortir d’une crise qui depuis cinq ans a ravagé l’économie du transport maritime? Les homologues de Michael Bodouroglou n’affichent pas clairement cet enthousiasme, même si les indicateurs sur certains segments sont au vert.

Globalement, pour les armateurs de vracs secs, le premier trimestre s’affiche en rouge dans les comptes financiers. Ainsi, Norden a vu son chiffre d’affaires perdre 4,8 % à 405,6 M$. Et dans son commentaire, le président du groupe danois souligne que le pétrole a permis d’effacer partiellement les diminutions du vrac sec. L’Ebitda est encore moins à la fête avec une diminution de 97 % à 1 M$. Genco Shipping, qui intègre dans ses comptes Baltic Trading, a perdu au premier trimestre 32,3 % de son chiffre d’affaires à 40,4 M$. Dryships est allé encore plus loin avec une diminution de 40,9 % de son volume d’affaires à 45,4 M$. Les armateurs qui ont réussi à enregistrer une hausse de leur chiffre d’affaires le peuvent par des effets financiers. Le taux d’affrètement par navire à la journée reste inférieur en 2013. Il perd plus ou moins selon le type de navires.

Changement de cap à la hausse

Des résultats qui ne sont pas le reflet des indices publiés par le Baltic Exchange. Dans son rapport trimestriel, Norden indique que cet index a enregistré un changement de cap à la hausse. Il nuance ce premier indice de hausse en précisant qu’il reste malgré tout de 8 % inférieur à ce qu’il a été l’an passé sur les trois premiers mois. Au cours de ces premiers mois de l’année, les indicateurs pour le transport de vracs secs sont au vert. La campagne céréalière en Amérique du Sud a été bonne avec une croissance des exportations de maïs et de soja. Un trafic qui a largement permis au marché des Panamax et Supramax de consolider leur position. Sur le Pacifique, les engrais et le charbon ont dynamisé un marché qui a eu tendance à s’essouffler ces derniers mois. L’analyse que mène le groupe de Genco Shipping montre que cette année encore, la Chine va jouer un rôle moteur dans le trafic maritime des matières premières sèches. La production d’acier en Chine devrait connaître une progression dans les prochains mois. Les stocks portuaires ont enregistré un pic en mars mais le besoin des aciéries pourrait conduire à un regain de la croissance. Le charbon est aussi examiné avec soin. Les importations chinoises devraient croître de 30 % cette année. De plus, China Daiqin Railway, société qui distribue la production chinoise de charbon, est en pleine maintenance. Son absence du marché domestique chinois nécessitera quelque 6 Mt à 7 Mt de charbon supplémentaires à importer dans les prochains mois. De plus, note Genco Shipping, la Bank of Japan a annoncé investir 1,4 Md$ au Japon pour favoriser la reprise économique par des investissements dans des infrastructures. Une aubaine pour le marché, qui voit ici des besoins en acier et donc en matière première conséquents. Parce que si le marché du charbon et des minerais se porte bien en Chine, celui des minerais de fer est plus incertain. Avec un trafic de 67,6 Mt importés sur le premier trimestre, les minerais de fer affichent un score faible. Il retrouve un plancher qu’il a quitté en avril 2010. Ce marché du minerai de fer en Chine n’est pas le seul à avoir connu des déboires au cours des trois premiers mois de l’année. En effet, les Capesize ont souffert en raison de la baisse des exportations de minerais et de charbon depuis le Brésil et l’Australie. Le premier pays a connu une forte congestion de ses installations portuaires qui a ralenti les sorties. En Australie, les fortes pluies intervenues en fin d’année dernière et dans les premières semaines de 2013 ont sérieusement ralenti le trafic de minerai et de charbon vers les ports.

Sur un terme plus lointain, les analystes du marché des matières premières restent optimistes. L’importation de minerais de fer pour la Chine pourrait reprendre. Ils conditionnent cette reprise à un facteur essentiel: quel sera le prix appliqué en domestique des minerais produits? Le prix sera l’arbitre de la quantité de minerais de fer importée entre la production domestique et l’achat à l’international. Globalement, en 2013, le trafic maritime de minerais de fer et de charbon devrait augmenter entre 5 % et 6 %. Il faut regarder du côté de l’Inde pour y attendre une croissance de la production d’acier. La péninsule indienne devrait aussi pousser le marché du charbon thermique. L’Inde a consommé 730 Mt de charbon thermique en 2011/2012. Il est prévu que cette consommation augmente d’un tiers d’ici 2017 pour atteindre 1 Mdt. Si la proportion demeure la même, cela signifie l’importation par voie maritime de 130 Mt. En 2011/2012, l’Inde a importé 100 Mt.

L’offre de transport plus « raisonnable »

Si, du côté de la demande, les indicateurs verdissent, ceux de l’offre de transport reviennent à des conditions plus raisonnables. Le marché des vracs secs, largement excédentaire en capacité, pourrait s’améliorer. Les nouvelles commandes sont en baisse. Phénomène d’autorégulation du marché? La réponse se trouve plutôt du côté des financiers. Avec la surcapacité et les défaillances de grands noms du marché comme Deiu­lemar, Korea Line Company, les institutions financières sont plus exigeantes sur les conditions de financement. Sur ces trois mois, ce sont 30 % de tonnage délivrés en moins que l’an passé. De plus, les armateurs continuent d’envoyer à la démolition leurs navires les plus âgés. Le ferraillage des navires progresse de 2 % en ce début d’année. Pour les responsables du groupe danois Norden, avec l’envoi à la démolition de 4 % de la flotte, un carnet de commandes en diminution et un retour à une demande en croissance, le marché pourrait revenir à la rentabilité en 2014.

Les prévisions financières pour toute l’année demeurent difficiles à établir en raison de nombreux paramètres encore incertains. Pour le groupe Norden, il prévoit une année à l’équilibre. Les autres armateurs sont plus prudents mais restent confiants pour 2014. Il faudra d’abord durer en 2013.

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